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L'inflation... une autre crise s'installe
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 25 - 08 - 2022

A peine sorti de la crise sanitaire du Covid-19, une autre crise vient de s'installer dans plusieurs pays voire dans le monde entier. L'inflation, cette dernière désigne une hausse générale et cumulative de l'ensemble des prix (1). Donc, l'inflation est la perte de pouvoir d'achat de la monnaie, qui se traduit par une augmentation générale des prix.
L'inflation produit des effets sur le pouvoir d'achat des ménages. Si les prix augmentent plus vite que les salaires, cela entraîne une bais se de la quantité de biens et servi ces qu'un ménage peut acheter. En Algérie, la tendance inflationniste continue de secouer les ménages et toute l'économie de l'Algérie. Le taux d'inflation a marqué un record historique 9,2% en 2021, ce qui signifie que la flambée des prix est très concrète. Les augmentations ont touché notamment les viandes (rouges et blanches), les poissons frais, les œufs, les pâtes alimentaires, les conserves, les légumes frais et secs, etc. Ces augmentations ont grevé le budget des ménages et ont pesé négativement, comme l'ont affirmé les économistes du pays, sur le pouvoir d'achat des Algériens.
L'économiste et universitaire à « Toulouse School of Economics School » (TSE), Nour Meddahi a expliqué les raisons qui ont maintenu la tendance haussière de l'inflation, qui est d'ailleurs le grand thème économique de 2022 en Algérie. Il a évoqué les trois grandes raisons qui ont poussé l'inflation à la hausse (2) :
D'abord, il y a une inflation importée due à « l'augmentation des coûts de production. C'est l'effet de l'importation des intrants à la production. Il y a aussi la baisse de la valeur du dinar ». Sur cette même raison, « on peut avoir des coûts internes qui peuvent créer l'inflation, à l'exemple de l'augmentation du salaire national minimum garanti (SNMG) en 2021 (de 18.000 DA à 20.000 DA), l'augmentation de la TVA en 2018 et l'augmentation des tarifs de l'énergie en 2016 et 2017 ».
La seconde raison est l'augmentation de la demande. Dans ce cas, il a souligné que l'augmentation des salaires et une baisse des impôts sur les salaires les plus bas (IRG) sont des facteurs qui créent l'inflation. Cela veut dire que plus les citoyens ont des revenus plus la consommation augmente.
La troisième raison qui crée de l'inflation en Algérie est la baisse de l'offre. Evidemment pour le cas de l'Algérie il deux raisons importantes qui créent une baisse de l'offre, c'est d'abord les restrictions aux importations, à l'exemple de l'interdiction d'importation des véhicules. En suite, la sécheresse qui fait baisser la production agricole.
Face à cette situation, l'Etat travaille davantage pour répondre aux besoins des citoyens. A cet effet, le président de la République et son gouvernement ont mis en œuvre des mesures pour tenter de remédier à cette situation et faire booster le pouvoir d'achat. Parmi ces mesures on note la réduction de l'impôt sur le revenu global (IRG) pour les bas salaires et la révision du point indiciaire en vue de faire progresser les salaires des fonctionnaires. Mais est-ce que ces mesures sont une solution pour faire face à cette situation d'inflation ? Est-ce que l'Etat peut maintenir cette solution ? Et jusqu'à quand ?
Sans savoir si cette politique ou ces mesures prises par l'Etat sont une bonne solution ou non, la réalité nous montre autre chose, c'est que le pouvoir d'achat est loin d'être équilibré. L'inflation a créé un grand écart entre le pouvoir d'achat et les prix des produits. Et entre ces deux, le citoyen se trouve dans une situation inévitablement critique.
En France aussi, l'inflation est à 5,8%, cette hausse est due principalement à l'augmentation des prix de l'énergie, l'alimentation, les services et les produits manufacturés. Alors que l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) prévoit une inflation à 6,8% sur le mois de décembre 2022. Face à cette situation, l'Etat français vient d'annoncer une aide aux foyers de 100 €. Mais là aussi on se pose la question, est-ce une bonne solution ?
L'inflation et la pauvreté...
Parlons d'une reprise post-Covid, cette reprise économique inégale risque d'aggraver les inégalités de revenus, de richesse et d'opportunités, que la crise du Covid-19 a déjà considérablement creusées (3). Le risque d'inflation à long terme est plus subtil, mais potentiellement plus difficile à contrecarrer. De nombreux individus sont aujourd'hui beaucoup plus sceptiques face à la mondialisation qu'ils l'étaient il y a une trentaine d'années, notamment parce que la réalité semble démontrer que les plus fortunés ont bénéficié de cette mondialisation de manière disproportionnée (4).
Les personnes qui vivent dans l'extrême pauvreté viennent de traverser deux années extraordinairement difficiles. À cause de la pandémie de Covid-19, la réduction de la pauvreté a connu des reculs sans précédent, aggravés par une inflation croissante et par la guerre en Ukraine. Nous estimons que ces crises conjuguées vont augmenter de 75 à 95 millions nos projections établies avant la pandémie sur le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté en 2022. Si le scénario le plus pessimiste se réalise, 2022 pourrait s'avérer l'année de ce siècle où la réduction de l'extrême pauvreté aura le moins progressé, derrière l'année 2020, qui a même vu la pauvreté mondiale s'accroître (5).
Pour de nombreux ménages du monde entier, la hausse de l'inflation est un sérieux problème. L'augmentation des prix peut éroder la valeur des salaires réels et de l'épargne, donc appauvrir les familles. Cependant, ces effets n'ont pas les mêmes conséquences : les ménages à revenu faible et moyen sont en général plus vulnérables à une forte inflation que les plus riches, en raison de la composition respective de leurs revenus, de leurs actifs et de leurs paniers de consommation. L'inflation peut néanmoins affecter moins directement les foyers qui vivent sous le seuil de pauvreté mondial. En effet, ces ménages ont des revenus salariaux ou des actifs minimes et ont tendance à compter sur des ressources non monétaires telles que l'agriculture de subsistance ou le troc, moins sensibles à l'inflation (6). Cette inflation au-dessus de la moyenne pour les aliments a plombé le budget des familles les plus pauvres et ça continue toujours. Finalement, on ne peut dire que l'inflation qui sévit dans un contexte de faible croissance est un fléau que beaucoup auraient souhaité ne pas avoir à subir. Mais malheureusement le monde doit faire face à ce fléau sans compromettre le pouvoir d'achat du citoyen à faible revenu, ce qui est en fait une mission impossible.
*Fonctionnaire d'Etat
1) Frederic Telon, Introduction à l'économie, PUF, 3ème Edition, Paris, France, 1992, page 110.
2) Interview de l'économiste Nour Meddahi dans» Invité du direct» du RadioM, Maghrebemergent.net
3) Mohamed A. El Arian, Assurer une reprise mondiale plus solide et plus équitable, Le Quotidien d'Oran, Avril 2021.
4) Kenneth Rogoff, La peur de l'inflation est elle justifiée ?, Le Quotidien d'Oran, Mars 2021.
5) Banque mondiale, 2021.
6) Worldbank.org


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