Y a-t-il une augmentation des salaires à partir de janvier 2022 ? Par le truchement de quelques leviers, les salaires vont bien augmenter au début de l'année prochaine, mais attention, personne n'a parlé jusque-là d'augmentation des salaires d'une manière franche. Le projet de loi de finances 2022, examiné dimanche dernier lors du Conseil des ministres, comporte au moins deux mécanismes qui visent, normalement, à renforcer le pouvoir d'achat des citoyens et la sauvegarde de la classe moyenne. Le premier a trait au point indiciaire, qui connaîtra une hausse en 2022, selon le communiqué de la présidence rendu public à l'issue du Conseil des ministres. Peut-il satisfaire les syndicats, dont certains l'ont inscrit parmi les points essentiels de leur plateforme de revendication ? Le Snapap, qui a appelé récemment à une grève nationale dans tous les secteurs de la Fonction publique en ce mois d'octobre, a revendiqué dans ce cadre une « révision » de la politique salariale nationale par le biais d'une augmentation du point indiciaire (de 45 à 90 dinars), ne reste donc qu'à connaître le détail de cette augmentation en question. Pour précision, la valeur d'indice qui s'élève actuellement à 45 dinars bruts par mois, n'a pas bougé depuis une certaine tripartite tenue en 2007, qui a vu cette valeur passer de 25 à 45 dinars et stagner à ce niveau durant 14 ans, provoquant une érosion continue du pouvoir d'achat que ne compense qu'en partie le régime indemnitaire des fonctionnaires, en sus du fait que les primes ne sont pas prises en compte dans le calcul de pension de retraite. On comprend mieux, ainsi, pourquoi cette nouvelle ne peut que retenir en haleine les fonctionnaires et également les travailleurs d'autres secteurs, puisque la rémunération des fonctionnaires est réputée locomotive pour les salaires en général. En somme, d'un point de vue technique, l'augmentation du point d'indice est une clé qui permet à l'Etat d'augmenter sensiblement le salaire des fonctionnaires. La hausse des salaires est donc proportionnellement liée à la hausse du point d'indice (à 90 dinars, on devrait avoir un SNMG plus de deux fois supérieur à celui qui est appliqué actuellement). Le deuxième mécanisme concerne la baisse de l'impôt sur le revenu global (IRG), ordonnée par le président de la République. Une baisse qui serait versée automatiquement dans le salaire brut des travailleurs. Et, sa valeur varie d'une catégorie à une autre, selon un barème afférent aux revenus imposables. Rappelons que le Premier ministre Aïmen Benabderrahmane avait révélé au mois de mars 2021, du temps où il occupait le poste de ministre des Finances, que l'IRG sur salaires représente 43 à 45% des revenus de la fiscalité ordinaire de l'Etat, considérant que ce taux est « énorme » et « handicapant » pour la masse de population fonctionnaire et employée. Mais, toujours est-il, cette réduction de l'IRG reste abstraite pour le moment. Aussi, il est à rappeler que c'est la deuxième année consécutive qu'on touche à l'IRG pour améliorer la situation salariale des travailleurs (la loi de finances 2021 avait exonéré les salaires de moins de 30.000 dinars). Est-ce suffisant pour améliorer le pouvoir d'achat des citoyens ? La réponse est liée aux taux de la hausse du point indiciaire et de la réduction de l'IRG, qui restent pour le moment inconnus. Et, il faut compter également avec ce contrôle maximal sur les produits agricoles, les légumineuses et les pâtes alimentaires, tel que le préconisé par les recommandations du président de la République, qui a également annoncé une amélioration des indicateurs de la performance de l'économie nationale en 2022.