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Les causes réelles de l'inflation
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 10 - 2022

Crise économique oblige, caractérisée par un ralentissement massif des échanges internationaux sur fond de tensions commerciales entre pays, voire militaires ; symbolisée surtout par l'inflation, nous tenterons dans ce cadre restreint inhérent au format journal d'apporter quelques éléments d'explication sur les causes de ce phénomène inflationniste qui rogne actuellement les revenus des ménages et ronge leur moral.
Globalement, pour expliquer le phénomène de l'inflation, il existe schématiquement quatre types d'interprétation. La première postule que c'est l'excédent de la demande sur l'offre qui entraîne une hausse constante des prix. C'est l'explication de l'inflation par la demande. Si cette thèse était fondée, il suffirait logiquement au capitalisme, c'est-à-dire les entreprises, d'ajuster son offre à cette demande excédentaire pour juguler l'inflation, notamment par l'augmentation de la production. Au vrai, le problème fondamental du capitalisme s'explique par le blocage d'élargissement des marchés (l'insuffisance de la demande solvable), et non par quelque obstacle technique d'agrandissement des bâtiments industriels, d'extension des unités de production, ou de démultiplication de l'innovation technologique.
La société capitaliste contemporaine dispose en abondance de sciences, de technologies, d'infrastructures et de forces vives pour nourrir toute l'humanité. L'incapacité du capitalisme à concrétiser cette potentialité économique de satisfaction intégrale des besoins humains s'explique, d'une part, par l'appropriation privée des moyens de production, autrement dit du fait de leur possession par une minorité, les détenteurs de capitaux ; et, d'autre part, par la finalité exclusivement financière de la production visant la valorisation du capital, en d'autres termes le système capitaliste est fondé sur la maximisation des profits. Ainsi, selon cette interprétation de l'inflation par la demande, la flambée actuelle des prix s'expliquerait par l'augmentation exceptionnelle de la demande sur l'ensemble des biens agricoles et des matières premières. Ces hausses impacteraient par effet mécanique les autres produits de consommation courante.
La seconde école avance la théorie selon laquelle l'inflation serait due à la hausse des coûts de production. C'est l'explication de l'inflation par les coûts. Or, comme ces coûts sont en définitive déterminés par un certain niveau de prix des autres facteurs de production, notamment les matières premières, les machines, et autres composants entrant dans la fabrication, cela revient à énoncer, de manière tautologique, «qu'il y a flambée des prix, parce qu'il y hausse des prix... des autres produits».
Au reste, comment expliquer l'actuelle augmentation des coûts de production, c'est-à-dire des prix, dans tous les secteurs économiques (primaires, tertiaires, industriels), à notre époque censément marquée, selon les spécialistes, par l'accroissement extraordinaire de la productivité ?
Rappelons qu'un gain de productivité est une amélioration de l'efficacité des facteurs de production. L'amélioration de la productivité permet à l'entreprise d'accroître ses revenus. Lorsque la productivité augmente, les coûts de production diminuent, entraînant une hausse de la rentabilité du capital. Un gain de productivité permet donc de conserver un certain niveau de production en utilisant moins de moyens ou d'utiliser ces moyens pour produire plus. Cela génère donc des économies. Si les salariés produisent avec le même nombre d'heures de travail une quantité de biens supérieure, l'entreprise réalise un gain, appelé gain de productivité. Ainsi, tout gain de productivité induit normalement baisse du coût des marchandises.
La troisième thèse attribue l'inflation aux «poussées anticipatrices». Autrement dit, la hausse serait provoquée par l'affolement des acheteurs qui, par crainte de l'augmentation des prix, sont «poussés» à anticiper leurs achats, entraînant le renchérissement des produits.
La quatrième interprétation, qu'on pourrait qualifier de réactionnaire, explique l'inflation par l'augmentation des « coûts salariaux », souvent imposée, selon ces détracteurs libéraux, par l'irresponsabilité des actions de grève menées par des syndicats intransigeants et jusqu'au-boutistes, activant au détriment de l'intérêt général (entendre celui de la bourgeoisie, bien évidemment, qui veut continuer à exploiter ses esclaves-salariés dans la paix sociale). Autrement dit, selon cette école libérale, l'augmentation des salaires serait responsable de la hausse des coûts de production et, par voie de conséquence, des prix. De là découle sa fustigation et condamnation du syndicalisme, ses recommandations incessantes à restreindre le droit de grève.
En vrai, au-delà de ces différentes interprétations libérales (inflation par la demande, par les coûts, par l'anticipation des achats et par l'augmentations des salaires), il convient de rechercher les causes fondamentales de l'inflation dans les modalités spécifiques du fonctionnement du mode de production capitaliste depuis longtemps entré dans sa phase de déclin, objectivée par la récurrence des crises et des guerres, responsables de l'explosion des dépenses improductives et de l'inflation.
Les périodes marquées par l'aggravation de la crise économique et les menaces de guerre favorisent la prolifération des dépenses liées à l'armement et des frais improductifs. Par ailleurs, la période de crise aiguë se caractérise, d'une part, par l'augmentation exponentielle de chômeurs et de travailleurs précaires, nécessitant l'assistance sociale (cette dépense improductive supportée par l'ensemble de la société se répercute mécaniquement sur les coûts de production des marchandises). Et, d'autre part, par la sous-employabilité de l'appareil productif induite par la contraction de la consommation et le ralentissement des échanges commerciaux.
Or, en dépit du ralentissement de l'activité économique, les entreprises doivent supporter l'amortissement de la proportion du capital constant qui, quoiqu' opérationnel, n'est pas utilisé dans la production. Ces frais improductifs se répercutent systématiquement sur les prix. En effet, le coût de production d'une marchandise créée dans des conditions de sous-utilisation des capacités de production incorporera néanmoins, en sus du capital fixe concrètement consommé, la fraction inemployée de ce capital fixe.
Ainsi, la prolifération du chômage, génératrice d'expansion démesurée de dépenses improductives, et la sous-utilisation des capacités productives, vectrice de faux frais, associées à un contexte géopolitique marqué par des conflits armés, constituent les deux facteurs favorisant la récession et, corrélativement, la flambée inflationniste.
Pour juguler la crise, fréquemment les gouvernements, via les banques centrales, augmentent les taux d'intérêt. Or, cette politique de limitation du crédit tend davantage à accentuer et l'inflation et la récession, engendrant le phénomène désigné sous le vocable de stagflation. De surcroît, ces mesures de «crédit cher» entraînent mécaniquement l'augmentation des frais d'amortissement du capital investi, frais qui viennent se répercuter sur le prix des marchandises, provoquant un nouveau cycle (cercle vicieux) d'inflation. En fait, depuis plusieurs années, le capitalisme est entré dans une phase de déclin symbolisée par la chute dans l'inflation galopante et la déchéance dans la récession permanente.
Pour autant, si l'inflation pénalise dramatiquement les ménages et les travailleurs, en revanche elle arrange grandement l'Etat, le gouvernement.
En effet, en période de crise économique aiguë, c'est-à-dire de récession, l'inflation permet aux gouvernements de renflouer les caisses de l'Etat. Autrement dit, l'inflation devient l'unique levier de gouvernance économique des dirigeants. (Le levier de commande sert simultanément à augmenter la vitesse et à modifier le sens de déplacement. Telle est la politique des Etats occidentaux dans cette période de crise, caractérisée par l'augmentation de la vitesse de captation des revenus des ménages par l'arme de l'inflation, et le déplacement des dépenses sociales vers les dépenses militaires).
Par exemple, en Europe, actuellement, le renchérissement du prix des matières énergétiques sert à renflouer les caisses de l'Etat, indirectement par l'encaissement valorisé des taxes, ou directement par l'accaparement intégral des profits du fait de la monopolisation du secteur économique, à l'instar de l'entreprise EDF détenue majoritairement par l'Etat français. En réalité, l'inflation, particulièrement prononcée en période de guerre couplée à une crise économique profonde, est provoquée également par la pression des «politiques captatrices» de l'Etat pour faire face à l'augmentation vertigineuse des dépenses publiques, et par le renchérissement des prix décrété, comme on l'a analysé plus haut, par les entreprises pour sauvegarder leurs niveaux de profits.
Précisément, pour soutenir les dépenses improductives et militaires en constante expansion, l'Etat doit augmenter ses recettes. Or, en période de crise économique aiguë marquée par l'accroissement exponentiel des dépenses, impossible de taxer lourdement les entreprises déjà étranglées par l'amenuisement de leurs marchés et, donc, de leurs profits, sans les précipiter dans la faillite (quoique certains secteurs économiques obsolètes sont délibérément précipités vers la ruine). De surcroît, les gouvernants, placés au pouvoir par les puissants, ne s'aviseront pas à appliquer une politique fiscale défavorable aux intérêts de leurs amis et alliés les patrons et financiers. Aussi, l'inflation, payée par l'ensemble des ménages, représente la seule planche de salut permettant à l'Etat d'accroître son budget. Preuve : grâce à l'inflation, le gouvernement Macron (Maquereau : qui vit de l'argent de ses prostituées) aura en 2022 engrangé, ou plutôt racketté 87 milliards de recettes fiscales supplémentaires aux ménages, pour financer ses préparatifs de guerre et les dépenses improductives, mobilisées pour entretenir un système condamné pourtant par l'Histoire.
Globalement, l'augmentation des dépenses improductives - armement, bureaucratie étatique, financière et commerciale, police, prestations sociales, indemnisation du chômage, diverses subventions allouées aux entreprises en difficulté - se répercute inéluctablement sur l'ensemble de la société et, par voie de conséquence, sur les coûts de production des marchandises. C'est par l'inflation, autrement dit le racket fiscal, que l'Etat capte les revenus des ménages et allège la dette publique. Actuellement, en Europe, servis par une propagande philanthropique et écologique outrancièrement écœurante, c'est-à-dire la soi-disant solidarité avec le peuple ukrainien et la prétendue protection du climat, les gouvernements européens, par le racket et la captation, renflouent abondamment les caisses de leur Etat pour financer le réarmement, les grandes entreprises et les banques défaillantes, le remboursement de la dette. L'inflation est du pain béni pour l'Etat des riches. Plus les prix augmentent (doublent, triplent, quadruplent), plus les rentrées fiscales augmentent (doublent, triplent, quadruplent). Aussi, pourrait-on avancer que les gouvernements occidentaux suscitent et attisent l'inflation, comme ils suscitent et attisent les guerres, notamment la guerre d'Ukraine.
Qui plus est, l'inflation permet d'alléger le poids de la dette. Grâce à l'inflation, la dette contractée tend à valoir moins chère. L'inflation a donc le pouvoir de réduire la dette. Elle profite à l'Etat. A titre d'exemple, en France, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la très forte inflation, oscillant autour de 30%, aurait favorisé la résorption de la dette publique rapportée au PIB. En effet, de 1944 à 1952, c'est-à-dire en moins de 8 ans, la dette publique est passée de 280% du PIB à moins de 35%. Aujourd'hui, le gouvernement Macron escompte renouveler l'opération d'apurement de la dette publique par l'inflation. La dette publique française actuelle, fixée en euros, s'établit à 2900 Md euro, soit 114,5% du PIB. Si on la divise par le PIB dont la valeur ne cesse d'augmenter, le rapport dette/PIB aura diminué. Par conséquent, il devient plus aisé de rembourser cette dette qui, elle, n'a pas bougé. Assurément, l'inflation permet d'alléger le poids de la dette. Ainsi, l'inflation est favorable aux finances publiques. Effectivement, la hausse des prix des biens à la consommation entraîne mécaniquement un relèvement des recettes de TVA. De même, une hausse des salaires (soutenue par tous les gouvernants et puissants occidentaux, et pour cause) élève mécaniquement les cotisations sociales versées. (La hausse des salaires, défendue par les grandes entreprises et les gouvernements, vise à procéder à l'écrémage des entreprises, autrement dit à l'élimination de certaines entreprises obsolètes, vouées à disparaître du fait de leur impossibilité à augmenter les salaires de leurs employés, à soutenir la concurrence.)
De même, en période de récession, caractérisée par la baisse des échanges commerciaux et la contraction de la consommation des ménages, les deux seuls ultimes moyens employés par les entreprises pour assurer, sinon la hausse, au moins le maintien de leurs profits, ce sont le gonflement des prix et la compression salariale. En vérité, comme on l'a démontré ci-dessus, l'inflation actuelle ne constitue pas une anomalie inexpliquée ou un accident fortuit, elle est constitutive du mode de production capitaliste contemporain confronté à une crise économique inextricable.
L'inflation constitue la seule voie de salut économique du capital occidental en déclin. Plus la crise s'aggrave, objectivée actuellement par la baisse de la consommation relevée dans l'ensemble des pays occidentaux, plus les entreprises renchérissent leurs prix pour sauvegarder leurs niveaux de profits. Et plus les prix augmentent, plus les ménages réduisent leur consommation, aggravant corrélativement la crise, aboutissant elle-même à la phase de récession, puis de dépression économique. Ce phénomène économique est désigné sous le vocable de stagflation.
Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), «le ralentissement de l'activité économique mondiale affecte toutes les régions mais est particulièrement alarmant pour les pays en développement», c'est-à-dire les pays occidentaux, notamment européens. Ce constat, tout un chacun peut le constater : les pays occidentaux sont entrés dans la phase de récession économique, voire d'implosion.
Fondamentalement, l'inflation est l'expression de la crise historique du mode de production capitaliste. Cette crise vient rappeler à l'humble humanité, le prolétariat mondial, l'aberration de ce système générateur de malheurs et de guerres. La crise actuelle est sans issue. Seule la transformation révolutionnaire de la société, en rupture avec le capitalisme, pourrait définitivement enrayer les récurrentes crises économiques, symbolisées notamment par l'inflation.


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