Tout ce qui fait l'essence de l'homme (et qui est censé le distinguer de l'animal) est en train de disparaître. Des signes inquiétants et symboliques semblent annoncer la fin de cette civilisation et l'exemple américain en est la preuve concrète. La fraude et l'escroquerie systémiques Le rapport, intitulé «Wall Street et la crise financière : Analyse d'un effondrement financier», établit que le krach financier et la récession qui a suivi étaient le résultat de fraude et d'escroquerie systémiques de la part des prêteurs hypothécaires et des banques, de connivence avec les sociétés de notation et avec la complicité du gouvernement et de ses organismes de réglementation des banques. D'après le résumé du rapport, «L'enquête a découvert que la crise n'était pas un désastre naturel, mais le résultat de produits financiers complexe, à haut risque; de conflits d'intérêts maintenus secrets; et du fait que les organismes de contrôle, les agences de notation et le marché lui-même n'aient pas freiné les débordements de Wall Street.» L'agence de notation Moody's a averti le mercredi 13/07/2011 qu'elle envisagerait une dégradation de la note souveraine des Etats-Unis faute d'accord au Congrès sur le relèvement du plafond de la dette. Dans son avertissement, Moody's dit entrevoir «une possibilité de plus en plus grande que le plafond légal de la dette ne soit pas relevé en temps voulu, ce qui donnerait lieu à défaut sur les obligations du Trésor». De son côté, Christine Lagarde (directrice générale du FMI) a affirmé qu'un défaut de paiement des Etats-Unis sur les obligations liées à leur dette aurait des «conséquences déplorables» pour ce pays et le reste du monde. «Si l'on déroule le scénario complet d'un défaut de paiement, oui, évidemment, on obtient […] des hausses de taux d'intérêt, des contrecoups énormes sur les Bourses, et des conséquences véritablement déplorables, pas simplement pour les Etats-Unis, mais aussi pour l'économie mondiale dans son ensemble», a-t-elle estimé. Dégrader la note des Etats-Unis signifierait que toutes les banques centrales se trouveraient obligées de revoir leurs réserves et de trouver un actif plus «sûr» que le dollar, et, par définition, il n'y en a pas. Le dilemme de la Fed Publiées le 13/07/2011, les minutes de la réunion de juin du ‘FOMC' (Federal Open Market Committee) ont révélé que le Comité (de politique monétaire de la Fed) était divisé entre ceux pour qui la conjoncture pourrait nécessiter d'en faire davantage pour l'économie et ceux d'avis que la Fed en a déjà trop fait et qu'elle devrait commencer à reprendre les liquidités qu'elle a injectées en masse dans le circuit financier. M. Bernanke, qui joue un rôle déterminant au sein du FOMC, adopte pour l'instant une position d'attente, refusant d'arbitrer « Si la Fed devait en faire plus pour l'économie américaine, elle pourrait racheter de nouveaux titres financiers sur les marchés, abaisser le taux d'intérêt qu'elle sert sur les réserves des banques placées chez elle ou encore préciser davantage le temps pendant lequel le concours financier qu'elle apporte devrait rester à son niveau actuel, qui est exceptionnel», a indiqué son président M. Bernanke aux élus américains. Néanmoins, «chaque solution à des risques et des coûts», a-t-il souligné. «D'un côté, il est possible que la faiblesse récente de l'économie se révèle plus longue que prévu et que réapparaissent des risques de déflation, ce qui rendrait nécessaire un soutien de politique monétaire supplémentaire en faveur de l'économie», et «d'un autre côté, l'économie peut évoluer dans un sens qui justifierait d'entamer une politique monétaire moins accommodante», a-t-il ajouté. Dans ce cas le (FOMC) entamerait une «normalisation» de la politique extrêmement généreuse (et inflationniste) qu'elle pratique depuis maintenant deux années et demie. Mais ce que M. Bernanke oublie de dire c'est que le transfert des dettes privées vers l'État fédéral afin de sauver les banques et le système financier s'effectue par la Fed, elle-même sollicitée par l'État fédéral en difficulté pour soutenir la dette publique ainsi générée. Et la Fed demande ensuite à l'Etat fédéral d'intervenir pour sa recapitalisation tout en donnant des leçons de rigueur budgétaire ! L'inflation L'inflation est la hausse du niveau général des prix, entraînant une baisse durable du pouvoir d'achat de la monnaie. Elle est généralement évaluée au moyen de l'Indice des prix à la consommation (IPC). D'une manière générale, une forte inflation profite au débiteur, tandis que le créditeur en pâtit. Pour jauger l'inflation, les banques centrales s'intéressent à l'indice des prix à la consommation sous-jacent, c'est-à-dire hors les éléments volatils que sont l'énergie et l'alimentation. On parle alors d'indice des prix à la consommation «core». La Fed privilégie l'indice PCE «core» qui mesure l'évolution des prix liés à la consommation des ménages. Plus l'inflation créée par les politiques d'assouplissement quantitatif et de taux zéro enfle, plus la situation empire. Car cela se traduit en fait par un taux d'intérêt réel négatif. Ces politiques ont évidemment des conséquences néfastes. Premièrement, elle favorise l'inflation. Or, les Etats ne peuvent ou ne veulent lutter contre elle en remontant les taux. Deuxièmement, l'or a tendance à grimper quand les taux d'intérêt réels sont en dessous de zéro. Tout simplement parce que cela signifie que la valeur «réelle» des monnaies fiduciaires est détruite progressivement. Le rendement des bons du Trésor à 10 ans, actuellement à 3,01%, est inférieur au taux d'inflation de l'IPC de 3,6% en mai. Les rendements réels sont donc devenus négatifs. Un investisseur en obligations américaines ne voit même pas les intérêts annuels qu'il reçoit compenser l'inflation. Et puisqu'en mai, les prix à l'importation ont augmenté de 12,5% et les prix de la production industrielle de 7,3% par rapport à l'année précédente, les prix à la consommation sont susceptibles d'atteindre, dans les prochains mois, la zone des 4 à 4,5%. Le taux d'intérêt réel négatif sera donc encore plus important. Les investisseurs privés ne poursuivront pas plus longtemps leurs achats de bons du Trésor. La Fed (investisseur institutionnel) avec un portefeuille de 1 300 milliards de dollars de bons du Trésor, soit 14% de la dette publique totale, est le plus gros créancier de l'Etat. Avec l'expiration de la deuxième tranche de l'assouplissement quantitatif (QE2), la Fed envisage de mettre fin à l'achat de bons du Trésor, car s'endetter à court terme pour investir sur le long terme dans le but d'encaisser le différentiel de taux devient un jeu extrêmement risqué. Une solution alternative et interaméricaine au problème structurel d'endettement consisterait à couper dans les dépenses publiques et à réduire aussi bien le déficit budgétaire (estimé à 1 600 milliards de dollars) que le déficit financier fédéral (estimé quant à lui à 1 800 milliards de dollars) ou à augmenter les impôts : les démocrates sont contre la première solution…les républicains ne veulent pas de la deuxième. Tous les opérateurs semblent vouloir se cantonner à une «politique de l'autruche», espérant un miracle ou une action décisive de la Fed. Cependant, dans le cas où rien de cela n'arrive, les taux peuvent très vite augmenter de deux points de pourcentage. Dans ce cas, avec une dette nationale de 14 000 milliards de dollars ce serait, pour le service de la dette, une charge supplémentaire de 280 milliards de dollars par an. Le marché obligataire américain est donc face à un cruel dilemme : ou bien les taux vont monter ou, en cas d'un QE3, c'est le TWEX (Dollar's Trade Weighted Exchange Index ou index du dollar évalué par son poids dans les échanges commerciaux) qui va, de nouveau, chuter. Si une menace pèse actuellement sur la première économie mondiale, c'est bien celle de la hausse des taux d'intérêt. Elle déclenchera certainement l'insolvabilité américaine. En effet, une augmentation des taux d'intérêt se traduit généralement par une régression du P.I.B., elle-même résultant d'une détérioration du ratio ‘dettes / P.I.B'. Comment ignorer cette inéluctable bombe à retardement constituée par une dette en augmentation de 87%, en quatre ans, édulcorée simplement par un service de la dette, lui, néanmoins inférieur de 11% par rapport à ce qu'il était à l'époque ? Et comment les Etats-Unis espèrent-ils financer en 2015 leur dette publique qui sera de l'ordre de 15.000 milliards de dollars avec un contexte de taux d'intérêt qui, lui, sera assurément moins favorable ? En fait, des taux US qui retrouveraient simplement leurs niveaux de croisière se traduiraient déjà par un service de cette dette avoisinant 1000 milliards de dollars ou près de la moitié de l'intégralité des revenus fiscaux de l'Etat fédéral américain. Il est important de mentionner que le PIB US de 14 575 milliards ne produit qu'environ 2 200 milliards de revenus annuels et est donc insuffisant à assumer ne serait-ce que le financement de cette dette! Il est vrai que les implications potentielles des dettes publiques américaines – qui excèdent 400% de l'ensemble des revenus fiscaux annuels du pays – sont étourdissantes tant il est clair que le gouvernement des Etats-Unis n'est nullement en mesure d'honorer les seuls intérêts sur l'ensemble des Bons émis par sa Trésorerie. C'est donc dans cette conjoncture de cataclysme annoncé que, tout naturellement, il espère émettre de nouveaux Bons (après un énième relèvement du plafond de la dette fixé actuellement à 14 294 milliards de dollars) afin de s'acquitter des intérêts échus grâce aux nouveaux fonds levés. Ce faisant, il monétisera encore et toujours plus sa dette, payant ses créanciers avec l'argent emprunté auprès d'autres, le tout dans une monnaie qui ne tient plus que par la grâce de la Fed et des nations excédentaires trop engagées aujourd'hui aux Etats-Unis pour pouvoir seulement oser se permettre de faire machine arrière… La situation est pourtant limpide : le défaut de paiement américain – c'est-à-dire la faillite – est aujourd'hui suspendu à l'évolution des taux d'intérêt. En d'autres termes, l'incapacité de l'Etat fédéral US à honorer ses dettes est actuellement provisoirement masquée par le service modique de ces dettes du fait de taux d'intérêt très bas dont il doit s'acquitter auprès de ses créanciers. Une hausse de 3 à 6 % par exemple ferait augmenter de 100 % le paiement de la dette. Si les marchés cessaient brutalement de prêter à l'État américain, celui-ci serait dans l'impossibilité de faire fasse à ces engagements, puisque : • il touche 2 200 Md$ d'impôts ; • il doit financer 3 800 Md$ de dépenses courantes ; • il doit rembourser environ 6 500 Md$ d'emprunts arrivant à échéance. Autant dire qu'un tel État est évidemment totalement insolvable. Il ne tient que par l'emprunt. Le dollar conserve le statut de monnaie de réserve, ce qui permet aux Etats-Unis de financer quasiment sans limite leurs déficits colossaux par de la création monétaire depuis 1945. Le dollar correspond à une créance sur la banque centrale américaine (Fed). Cette dernière garantit sa valeur par celle d'un actif. A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, 35 dollars américains valaient une once d'or. Les autres monnaies étaient gagées sur le dollar américain. En 1971, les États-Unis suspendent la convertibilité du dollar en or et en 1976, l'or perd tout rôle monétaire officiel. Aujourd'hui lorsque la banque centrale imprime un dollar et l'injecte sur le marché financier, ce dollar est garanti par l'hypothèque ou créance, de valeur équivalente, qu'elle acquiert en échange. La valeur d'une monnaie est donc liée à la valeur de la créance acquise en échange. Plus une banque centrale devient laxiste dans le choix des contreparties, plus elle crée de la monnaie de mauvaise qualité. L'utilisation excessive de la planche à billets (1700 milliards de dollars US pour le QE1 et 600 milliards de dollars US pour le QE2) a eu pour conséquence de baisser artificiellement le rendement des bons du Trésor. Explication : la Fed s'est donnée pour mission d'acheter tous les titres émis par le Trésor, ce qui a diminué mécaniquement son rendement puisque plus une obligation est en demande, plus elle vaut et plus son taux de rentabilité baisse. Une facette moins brillante de cette «politique monétaire non conventionnelle», est que rien n'empêche les dollars sortant de la planche à billets, dont la contrepartie, rappelons-le, est de faible valeur, d'être utilisé pour acheter de vrais actifs à l'étranger, des matières premières, des entreprises et des actions. Les Etats-Unis sont donc au cœur d'un phénomène inflationniste potentiellement dévastateur pour l'économie planétaire. Actuellement, ce phénomène a déjà entraîné une chute de pas moins de 96% du pouvoir d'achat du dollar ! En d'autres termes, le dollar ne vaut plus que quelques centimes par rapport à ce qu'il valait il y a un siècle de ça. Ou même par rapport à ce qu'il valait la dernière fois que l'or a connu un boom, dans les années 70. C'est tout ce qui reste de marge de manœuvre avant que la planète n'assiste à la destruction complète du dollar, ce qui entraînerait l'implosion du système monétaire international (SMI), dont le dollar est le pivot. Cependant, ces derniers temps, ce rôle fait de plus en plus débat. Car derrière une monnaie de référence, on doit trouver une économie construite sur des fondamentaux solides. Or l'économie américaine est dans une phase de stagnation, et c'est le pays le plus endetté au monde où les dettes augmentent plus vite que le PIB. La course à la dévaluation Cette «course à la dévaluation» est plutôt une course pour éviter la réévaluation de sa propre monnaie. Les mesures visant à empêcher l'appréciation d'une monnaie sont principalement justifiées par la volonté de ne pas désavantager ses propres produits à l'exportation sur les marchés mondiaux pour soutenir la conjoncture intérieure. Les avantages qu'une réévaluation apporte à l'économie sont généralement passés sous silence, comme étant «oubliés». La réévaluation d'une monnaie handicape surtout les exportations sur le seul court terme. Sur le long terme, elle les favorise, car cela oblige le pays exportateur à prendre des mesures, certes douloureuses sur le coup, mais qui, au final, lui assurent le succès (voir l'exemple de l'Allemagne). Une monnaie plus forte réduit les frais à l'importation, et contribue ainsi à la stabilité des prix. Le pétrole brut et autres matières premières deviennent moins chers. Les producteurs de biens sont contraints d'augmenter leur productivité pour rester compétitifs. L'amélioration des processus de fabrication par l'automatisation des tâches et l'utilisation des technologies de pointe donne, sur le long terme, de bien meilleurs résultats que le recours à une main-d'œuvre bon marché. Une monnaie forte attire les capitaux étrangers et favorise l'épargne. Comme les ménages détiennent leur épargne principalement dans leur devise nationale, ils deviennent relativement plus pauvres lors d'une dévaluation et, à l'inverse, relativement plus riche lors d'une réévaluation. D'un point de vue économique, la fixation des parités monétaires, ou ce qui revient au même, l'accrochage à une autre monnaie, par le gouvernement et la banque centrale est aussi absurde que faire tourner la planche à billets pour stimuler l'économie. Il faut savoir que toute économie est basée sur une dualité : -1. Les investisseurs ont besoin de compétences humaines qui valorisent leurs capitaux. -2. Les dirigeants et employés ont besoin de capitaux pour exprimer leurs compétences. L'entreprise est le fruit de l'union entre les capitaux des investisseurs et les compétences des dirigeants et employés. L'entreprise naît donc d'un contrat de partenariat. Ce contrat est un mandat. L'objet du mandat est la gestion de l'épargne des mandants-investisseurs par les mandataires-dirigeants et employés. L'objectif assigné par les premiers aux seconds est la maximisation de la valeur de l'épargne confiée. Cette maximisation doit se faire sous la contrainte de la maximisation concomitante de la satisfaction des autres parties prenantes de l'entreprise : clients, fournisseurs, dirigeants et employés, créanciers, Société dans l'acception la plus large possible. Cette relation de mandat entraîne évidemment l'obligation de rechercher a priori l'approbation des décisions les plus importantes (stratégie) et a posteriori de rendre compte du résultat de la gestion effectuée (information). Le G20 persiste dans l'idée que les marchés financiers sont le bon mécanisme d'allocation du capital. La primauté et l'intégrité des marchés financiers demeurent les objectifs finaux que poursuit sa nouvelle régulation financière. La crise est interprétée non pas comme un résultat inévitable de la logique des marchés dérégulés, mais comme l'effet de la malhonnêteté et de l'irresponsabilité de certains acteurs financiers mal encadrés par les pouvoirs publics. Cependant, la crise s'est chargée de démontrer que les marchés ne sont pas efficients, et qu'ils ne permettent pas une allocation efficace du capital. Les conséquences de ce fait en matière de régulation et de politique économique sont immenses. La théorie de l'efficience repose sur l'idée que les investisseurs recherchent et trouvent l'information la plus fiable possible sur la valeur des projets qui sont en concurrence pour trouver un financement. A en croire cette théorie, le prix qui se forme sur un marché reflète les jugements des investisseurs et synthétise l'ensemble de l'information disponible : il constitue donc une bonne estimation de la vraie valeur des titres. Or, cette valeur est supposée résumer toute l'information nécessaire pour orienter l'activité économique et ainsi la vie sociale. Ainsi, le capital s'investit dans les projets les plus rentables et délaisse les projets les moins efficaces. Telle est l'idée centrale de cette théorie : la concurrence financière produit des prix justes qui constituent des signaux fiables pour les investisseurs et orientent efficacement le développement économique. La concurrence financière ne produit pas nécessairement des prix justes. Pire : la concurrence financière est souvent déstabilisante et conduit à des évolutions de prix excessives et irrationnelles, les bulles financières. L'erreur majeure de la théorie de l'efficience des marchés financiers consiste à transposer aux produits financiers la théorie habituelle des marchés de biens ordinaires. Sur ces derniers, la concurrence est pour partie autorégulatrice en vertu de ce qu'on nomme la « loi » de l'offre et de la demande : lorsque le prix d'un bien augmente, alors les producteurs vont augmenter leur offre et les acheteurs réduire leur demande ; le prix va donc baisser et revenir près de son niveau d'équilibre. Autrement dit, quand le prix d'un bien augmente, des forces de rappel tendent à freiner puis inverser cette hausse. La concurrence produit ce qu'on appelle des «feedbacks négatifs», des forces de rappel qui vont dans le sens contraire du choc initial. L'idée d'efficience naît d'une transposition directe de ce mécanisme à la finance de marché. Or, pour cette dernière, la situation est très différente. Quand le prix augmente, il est fréquent d'observer, non pas une baisse, mais une hausse de la demande ! En effet, la hausse du prix signifie un rendement accru pour ceux qui possèdent le titre, du fait de la plus-value réalisée. La hausse du prix attire donc de nouveaux acheteurs, ce qui renforce encore la hausse initiale jusqu'à l'incident qui provoque l'inversion des anticipations et le krach. Les promesses de bonus poussent les traders à amplifier encore le mouvement. Ce phénomène digne des moutons de Panurge est un processus à «feedbacks positifs», qui aggrave les déséquilibres. C'est la bulle spéculative : une hausse cumulative des prix qui se nourrit elle-même. Ce type de processus ne produit pas des prix justes, mais au contraire des prix inadéquats. La place prépondérante occupée par les marchés financiers ne peut donc conduire à une quelconque efficacité. Plus même, elle est une source permanente d'instabilité, comme le montre clairement la série ininterrompue de bulles que le monde a connue depuis 20 ans : (Japon, Asie du Sud-est, Internet, Marchés émergents, Immobilier, Titrisation). L'instabilité financière se traduit ainsi par de fortes fluctuations des taux de change et de la Bourse, manifestement sans rapport avec les fondamentaux de l'économie. Cette instabilité, née du secteur financier, se propage à l'économie réelle par de nombreux mécanismes. Wall Street est donc, par la force des choses, un facteur d'instabilité de l'édifice économique américain ! La création d'argent virtuel Les marchés financiers eux-mêmes constituent un système de création d'argent virtuel, de profit non basé sur une création de richesses réelles. Grâce au jeu des marchés financiers (qui permet de transformer en bénéfices les oscillations des cours), les investisseurs avisés peuvent être déclarés plus riches, par une simple circulation d'électrons dans des ordinateurs. Cette création d'argent sans création de richesses économiques correspondantes est la définition même de la création artificielle de monnaie. Ce que la loi interdit aux faux-monnayeurs, et ce que l'orthodoxie économique libérale interdit aux Etats, est donc possible et légal pour un nombre restreint de bénéficiaires. Malheureusement, ce phénomène s'accélère. Les grandes banques s'adonnent sans réserve au HFT (High Frequency Trading) : chaque millième de seconde compte pour faire de l'argent, manipuler les cours, berner les investisseurs… Conclusion La crise a changé de nature. Avec les subprimes, elle laminait la valeur des actifs des banques. Désormais, ce sont leur passif, leurs ressources, qui sont en danger. Avec la crise des subprimes, ce n'est pas un pan de l'économie US qui a été touché (comme ce qui a pu se passer lors de la bulle internet), c'est le fondement même du modèle économique occidental – la consommation à crédit – qui a été mis à bas, car la dette n'est tout simplement plus remboursable, vu le niveau atteint, et par conséquent les États-Unis ne peuvent plus continuer à s'endetter. A partir du 2 août prochain, le plafond de la dette fixé par le Congrès sera atteint. Les Etats-Unis ne pourront donc plus émettre de dette pour rembourser leur dette (procédé dit de cavalerie), même si la Fed rachète cette même dette (procédé dit de la planche à billets). La croissance anémique (+1,8%), l'inflation montante (3,2% en avril, soit un plus-haut depuis octobre 2008), la rechute de l'immobilier et les chiffres du chômage (9,2 %) ne présagent rien de bon. Sur le plan social aux Etats-Unis, c'est tout simplement dramatique. En 2010, les 1% les plus riches détiennent 70% des actifs financiers et 400 personnes possèdent au total une fortune estimée à 1570 milliards de dollars, dépassant celle de 155 millions d'Américains les plus pauvres. L'explication pertinente aux problèmes économiques des Etats-Unis d'aujourd'hui n'est autre que le vol caractérisé à grande échelle ! La richesse nationale est volée, car les gens travaillent comme des dingues pour des cacahuètes. C'est l'élite qui capte la majeure partie de la richesse et est responsable des 50 millions d'Américains mal nourris. Les Etats-Unis, lentement mais sûrement, glissent vers des déséquilibres qui provoqueront une catastrophe planétaire si rien n'est fait rapidement.