Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger continuait hier jusqu'à dans l'après-midi à recevoir ses homologues des Etats membres de la Ligue arabe en prévision de la tenue d'une réunion dont la mission principale est de construire un consensus autour de l'ensemble des documents et projets de décisions devant être entérinés par les dirigeants arabes dont le Sommet débutera ce mardi. Déjà dans la journée du vendredi, Ramtane Lamamra avait reçu en premier le MAE de Koweït, le premier à être arrivé à Alger, suivi de celui de la Libye, de la Palestine, des Iles Comores, du Liban, du vice-ministre saoudien, du ministre d'Etat auprès des Affaires étrangères du Qatar. D'autres comme le MAE mauritanien et marocain sont arrivés dans la journée d'hier, quelques heures avant l'ouverture de la réunion des MAE arabes. Réunion où le ministre tunisien en remettra la présidence à Lamamra au nom du principe d'une organisation tournante du Sommet des chefs d'Etats membres de la Ligue arabe. Beaucoup de questions ont été débattues lors des réunions préparatoires dont l'inaugurale a été tenue le mercredi dernier sous la présidence algérienne après la traditionnelle passation à charge du dernier pays organisateur du Sommet à savoir la Tunisie qui l'a fait en mars 2019. Lamamra a eu des entretiens bilatéraux avec l'ensemble des MAE au fur et à mesure de leur arrivée au CIC Abdelatif Rahal. Il est évident que certaines questions politiques ont obligé le plus souvent l'Algérie à gérer des humeurs, des susceptibilités, de l'entêtement, des réactions de protection de leadership, une volonté de faire durer le statu quo dans certains domaines, l'insistance de certains à aligner les positions des autres membres sur les leurs. Difficile mission pour Lamamra d'unifier des vues qui, parfois en raison de leur contradiction, risquent de provoquer l'affrontement ou le boycott des arènes arabes. Son éloquence et sa stature de diplomate racé devraient, en principe, y arriver à bout. Divergences autour de «la déclaration d'Alger» (Re)placée au centre des préoccupations arabes, la cause palestinienne est directement concernée notamment depuis que l'Algérie a déployé de grands efforts pour réunir ses factions et les réconcilier entre elles. 14 d'entre elles, les plus importantes sur le terrain dans les territoires occupés, ont scellé le 13 octobre dernier à Alger un document contenant 9 principes devant être mis en œuvre pour rendre effective l'unification des rangs politiques palestiniens sur le terrain. C'est ce que l'histoire retiendra sous l'intitulé «la déclaration d'Alger» qui a été approuvée par plusieurs Etats arabes mais d'autres refusent à ce jour d'en prendre acte comme c'est le cas de l'Arabie Saoudite. D'autres comme l'Egypte ont conditionné son accord par une dénonciation commune écrite de la Turquie «pour ses ingérences dans le monde arabe». Ce que l'Algérie refuse Ce sont là des échos qui provenaient des réunions préparatoires qu'a présidées Nadir Larbaoui, le représentant permanent de l'Algérie auprès de Nations Unies pendant deux jours. Mais l'Egypte est, dit-on hier, revenue à de meilleurs sentiments en acceptant «la déclaration d'Alger sans modification». Le consensus sur cette déclaration est primordial pour l'Algérie. Lamamra a la lourde tâche de lui arracher le consensus nécessaire à propos duquel on avance que les entretiens bilatéraux qu'il a eus au CIC avec ces homologues ont certes été intenses mais fructueux... Ce n'est pas le seul point dont l'examen suscite de l'appréhension ou des inquiétudes. Il y a la question de la réforme de la Ligue arabe sur laquelle Alger insiste depuis 2002 mais au sujet de laquelle Le Caire n'a pas fait aucune concession la plus infime soit-elle. L'on craint en outre que la délégation égyptienne que dirige Samah Choukri quitte la salle de conférence si son homologue libyenne Najla El Mangouch prend la parole Sans oublier, bien sûr, l'insistance d'Alger de mettre sur la table des «négociations» la réactivation de l'initiative de paix proposée en 2002 par le roi saoudien lors du Sommet arabe de Beyrouth. Un accord dont la mise en œuvre de son contenu est lourdement menacée par «les accords d'Abraham» signés par plusieurs pays arabes mais aussi par la construction effrénée depuis de longues années par l'entité sioniste d'habitations pour les colons juifs sur les terres palestiniennes qui ont été spoliées si l'on s'en tient à son slogan «la terre contre la paix». «Une information d'autant plus saugrenue» Par ailleurs, l'Algérie n'a eu de cesse depuis de longs mois de démentir les allégations propagées par le Maroc au sujet de la tenue du Sommet arabe à Alger. La toute dernière, Nadir Larbaoui s'en est chargé vendredi pour démonter son aspect fallacieux. »Nous sommes habitués à de telles informations fallacieuses et tendancieuses, mais cette information relayée par les médias marocains, (est) d'autant plus saugrenue que la République arabe sahraouie n'est pas membre de la Ligue arabe», a déclaré à la presse le représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations Unies, habitué depuis sa nomination en tant que tel à contrecarrer les coups bas de son homologue marocain, Omar Filali. «Je réfute cette information de manière catégorique, et le président de la République sahraouie n'est pas concerné par ce Sommet, ni de près ni de loin», a-t-il affirmé. Larbaoui estime que «de telles informations fallacieuses et tendancieuses sont relayées dans une tentative de détourner l'attention sur le Sommet arabe, voire tenter d'entamer sa crédibilité au moment où les prémices de son succès se dessinent à l'horizon, notamment après les réunions exploratoires tenues au niveau des délégués permanents et du Conseil économique et social de la Ligue arabe». Dans notre édition du 4 octobre dernier, nous écrivions que la question sahraouie n'est pas inscrite dans l'agenda arabe algérois d'autant que la RASD n'est pas membre de la Ligue arabe tout en notant que l'Algérie a invité le monarque marocain dans le cadre de la Ligue arabe. «Rien de bilatéral ne sera mis sur la table, le Sommet est multilatéral, à moins d'un coup fourré, un autre parmi ceux distillés depuis des années par le Royaume, il est question que quel que soit le représentant du Maroc, il viendra à ce titre uniquement», estiment des observateurs. Notons qu'à l'heure où nous mettions sous presse, les MAE n'avaient pas encore rejoint la salle de conférence où ils devaient tenir leur conclave à huis clos après les discours de passation de la présidence de la réunion et de son ouverture respectivement par le MAE tunisien et le MAE algérien.