Il n'est pas assez difficile de se forger une opinion sur le champ de vision environnemental qui s'offre à nous à chaque levée du jour où, en quête d'assouvir le plaisir des yeux, nous ne balayons que des sites muets, des paysages meurtris par la grisaille du ciel, amplifiée par l'ionisation du ciment gris et le noir bitumeux des voies urbaines, ponctuées par des nids de cigognes. Les effets pervers de l'insouciance humaine ont réussi à exclure toute symétrie des repères ou la hiérarchisation des ensembles, au point d'accélérer le processus de dénaturation de nos villes, entravant ainsi, l'harmonieuse répartition des constructions et annihilant tout effort consenti en vue d'un urbanisme rationnel, cohérent et fonctionnel. Après les indus errements dans la création d'un POS nord sacrifiant un patrimoine agricole à haut rendement, l'urbanisation du chef-lieu de wilaya a été réorientée sur le cap sud-est, projetant une extension sur les bas contreforts au pied des massifs de la Mahouna, dont les reliefs y attenants, aspiraient à un reboisement intensif et à haute qualité d'agencement sylvestre. En cela, la variante de création des segments attractifs et les vecteurs multidimensionnels d'une bonne occupation au sol, n'ont abouti qu'à une prolifération des infrastructures non consolidées par des liaisons durables et cohérentes, sans omettre les indues découpes sur des espaces destinés à la dispersion des flux d'échanges et à l'aération des villes. Dans ce charivari environnemental où la chose publique, l'édilité et la participation civique citoyenne sont reléguées au second plan, l'on ne peut que concevoir une urbanisation en perpétuelle refonte et en constante quête d'une hypothétique nuance d'esthétique. Les interprétations erronées des termes de la Loi N°15/08 relative à l'achèvement des constructions entamées, n'ont fait qu'accentuer les tergiversations sur des échanges creux qui ont ralenti l'exécution de l'idée maîtresse qui consiste à aménager l'urbanité de nos villes. En l'état actuel des choses, c'est l'implacable insouciance qui perdure dans le temps. C'est dans cet état d'âme de nos villes que l'on s'apprête à célébrer les journées mondiales de la forêt, de l'eau et de la météorologie. La journée mondiale de l'eau a épousé en 2023 le même thème intitulé «Eau propre et assainissement pour tous en 2030», mettant l'accent sur l'importance de l'eau douce et son impact sur notre survie. La journée mondiale de la météorologie affiche en 2023 le slogan intitulé «L'avenir du Temps, du climat et de l'eau à travers les générations», impliquant les pouvoirs publics dans la coopération internationale sur une ouverture à outrance de la communication qui tend à assurer la diffusion des informations hydro-météorologiques et climatologiques utiles à la prévention des risques et catastrophes naturels. Les grandes conférences onusiennes sur l'environnement, ont toujours favorisé les options de «solutions vertes», pour les fluides de la vie que sont l'air et l'eau, en cataloguant l'arbre comme un «être-ressource», contribuant à la fourniture de bois, la protection contre les dangers naturels, la création des lieux de détente oxygénés et les refuges pour les nombreuses espèces ainsi que les foyers de la biodiversité.» Les forêts, leur apport et la santé « est le thème 2023 qui place une interpellation adjacente de faire de nos villes des lieux plus verts et plus sains, où il fait bon vivre. La mise au vert de nos territoires implique la revitalisation à travers le grand reboisement pour compenser les milliers d'hectares du patrimoine forestier incendié et l'essaimage à outrance des points verts en milieu urbain, sans oublier de replanter les arbres victimes des incivilités, notamment pour l'exemple, les fucus centenaires déracinés et les platanes sciés à la tronçonneuse. D'aucuns diront que les forêts et les arbres, de par leur capacité à stocker le carbone, contribuent à atténuer les effets des changements climatiques dans les zones urbaines en périphérie et parviennent à réduire la consommation énergétique, atténuent la pollution sonore et constituent d'excellents filtres contre les particules fines et les polluants nocifs en suspension dans l'atmosphère. Les perspectives d'urbanisation englobant «les solutions vertes» à instaurer dans nos mœurs avec l'appui de tous les instruments de droit, dessinent clairement un défi que toute la composante de la collectivité doit relever. Ce n'est point une sinécure car il y a lieu de faire converger toutes les synergies sur la plate forme de la solidarité agissante, réceptacle des réflexions, des ingéniosités et des moyens appropriés pour une mise à niveau féconde. Détruire un arbre n'est pas le propre de l'homme car c'est un crime contre la nature, et l'individu citoyen qui croit au renouveau national, ne peut être tenté par l'idée d'aller sciemment polluer l'air ou ses sources d'eau douce.