Au moment où tout était fin prêt pour la redynamisation de l'agriculture avec la réhabilitation des infrastructures hydrauliques du périmètre irrigué (4350 ha), situé sur la plaine de Maghnia, et son extension de 3000 ha, la sécheresse persistante entraîne la baisse du niveau des barrages qui alimentent ce périmètre. La plaine de Maghnia, réputée par la fertilité de ses terres, bute sur la rareté de l'eau suite à la sécheresse que connaît la région extrême Ouest et qui sévit depuis 2018 à l'image de l'année en cours où la pluviométrie a été à son niveau le plus bas durant ces 5 dernières années. En mars déjà, le mercure a affiché des températures inhabituelles qui dépassent largement la moyenne saisonnière. Toutes les ressources en eau connaissent une baisse significative ce qui a entraîné la baisse du niveau bas des barrages et de la nappe phréatique. Les indicateurs sont tous au rouge à commencer par le barrage de Beni Bahdel qui alimentait le périmètre irrigué. Dans les années 70-80, le réseau d'adduction qui drainait l'eau à partir de ce barrage et qui la distribuait aux exploitations agricoles du périmètre, a permis à ce dernier de connaître ses moments de surabondance de produits agricoles avant la sécheresse qu'a connue le pays à la fin des années 80. Actuellement, ce barrage n'est qu'à 12,5% de sa capacité théorique qui est de 56 millions de m3. Le barrage de Hammam Boughrara d'une capacité utile de 177 millions de m3, n'est pas en reste. A cause de la sécheresse, son niveau est au plus bas depuis sa mise en eau en 1998, à savoir 39%. En plus de l'alimentation en eau potable d'une partie des besoins de la daïra de Maghnia avec 17 millions de m3/an et d'Oran avec 33 millions de m3/an, il est destiné à l'irrigation. Ainsi la sécheresse qui tend à s'étaler dans le temps, risque de compromettre le rôle conféré à ce barrage pour la relance du développement de l'agriculture et celle économique dans cette région frontalière. Les puits forés sur la plaine de Maghnia pour l'irrigation constituent une menace qui peut compliquer davantage la situation du périmètre irrigué. La situation de la ressource hydrique souterraine qui connaît déjà une alarmante surexploitation risque de se compliquer par un important nombre de puits est en passe d'être forés. Le tarissement de la première nappe pousse des exploitants agricoles à creuser illicitement plus en profondeur et s'attaquent actuellement à la seconde nappe phréatique qui est à 250 m, ce qui représente une sérieuse menace notamment pour cette nappe dont l'eau puisée n'est pratiquement pas régénérable, un risque irréversible qui favorisera la désertification de la région. Par ailleurs, « la rotation des cultures, élément important pour l'agriculture durable, est de moins en moins pratiquée par les producteurs agricoles», selon un cadre de l'agriculture. Il explique que la culture intensive de pomme de terre, pastèque, melon et tomate, principalement, sans rotation de culture sur le périmètre irrigué, affaiblit la terre dont la fertilité se voit ainsi menacée. Notre interlocuteur reconnaît que ce sont les valeureux fellahs, éleveurs et producteurs de lait, les purs et durs, ceux qui ont le métier et le travail de la terre dans le sang, qui résistent et qui continuent contre vents et marées à se démener et à trimer en espérant des jours meilleurs. «On fait actuellement dans la débrouille pour sauver nos vergers uniquement», dit un exploitant agricole qui à l'image d'autres exploitants recourt à l'irrigation du maximum d'arbres par le minimum d'eau payée à la citerne pour sauver le patrimoine arboricole de la plaine de Maghnia. Un autre agriculteur se désole de la baisse de la production de la pomme de terre qui faisait dans un passé récent la fierté de la région. La rareté de l'eau a fait passer la superficie cultivée en pomme de terre de 3000 ha au tiers actuellement. Quant aux propriétaires d'un nouveau genre qui ont racheté ces terres des plus fertiles, il les ont barricadées à coups de clôtures bétonnées et amputé le périmètre d'une bonne partie pour en faire leurs somptueuses habitations secondaires, secondaires également pour eux est l'exploitation de la terre. Par ailleurs, la disparition des sites de pâturage et les prix élevés des aliments de bétail aidant, ont eu des répercussions sur la production laitière. Les 2 mini-laiteries qui résistent encore et qui sont contraintes de rallonger de plus en plus leur rayon de collecte du lait ont connu une chute substantielle de la production (de 20.000 à 13.000 litres et de 10.000 à 6.000 litres) ce qui a inévitablement entraîné la hausse du prix du lait (95 DA) et du petit lait (100 DA).