Les fortes averses qui se sont abattues ces derniers jours dans le centre et l'est du pays ont provoqué une série de dégâts, faisant rappeler la vulnérabilité des villes algériennes face aux différents risques, notamment naturels. Mais aussi la nécessité de revoir le système ou le modèle de l'assurance contre les effets des catastrophes naturelles (Cat-Nat), qui, après 20 ans de son adoption, n'a pas eu les résultats escomptés, en dépit de son caractère obligatoire. C'est d'ailleurs ce qu'a révélé hier, Youcef Benmicia, président de l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance (UAR), lors d'une conférence de presse, sur la tenue de la 49e Conférence de l'organisation africaine des assurances (l'OAA), prévue aujourd'hui et demain (29 et 30 mai), à l'Hôtel Aurassi, sous le haut patronage du Premier ministre, M. Aïmene Benabderrahmane. Cette 49e conférence est organisée par l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance (UAR) en partenariat avec l'Organisation des assurances africaines (OAA), dont le thème porte sur l'industrie de l'assurance en Afrique et son développement. Ainsi que le rôle essentiel du secteur de l'assurance dans la sécurité alimentaire et la promotion de la coopération interafricaine dans les domaines de l'assurance et de la réassurance. Le président de l'UAR a précisé, en réponse aux questions des journalistes, qu'en dépit des séries de catastrophes naturelles vécues depuis 20 ans, la souscription à l'assurance contre ce genre de catastrophes demeure très faible. Pourtant, dit-il, ce genre d'assurance permet d'indemniser les personnes victimes d'une catastrophe, d'accompagner les investisseurs dans différents domaines, mais aussi d'assurer la prévention à travers des conseils donnés par des experts dans le secteur des assurances. Pour M. Benmicia, la révision du système d'assurance contre les catastrophes ou la conception de nouveaux modes d'assurance s'imposent, et ce, pour, dit-il, trouver des solutions ou des mécanismes d'adaptation notamment face aux risques émergents. Et d'affirmer qu'aujourd'hui, l'apport de l'Etat est nécessaire, notamment lors des catastrophes extrêmes ou par exemple lors des pandémies. Il dira que certes, les compagnies d'assurance sont les premières garantes en cas de sinistres, mais l'intervention de l'Etat est vivement sollicitée à travers, par exemple, des partenariats public-privé dans le cas des catastrophes qui entraînent de grandes pertes économiques. Il plaide en fait pour un système d'assurance spécifique face à des risques majeurs de grande ampleur. Des recommandations et des solutions sur le système des assurances contre les catastrophes, notamment émergentes seront débattues, lors de cette 49e conférence de l'OAA et qui devrait, selon ses initiateurs, regrouper à Alger même, plus de 1.700 participants, dont 1.100 étrangers représentant plus de 70 pays. Il sera aussi question de débattre de plusieurs thèmes, notamment ceux relatifs à l'assurance dans le secteur alimentaire et des solutions adaptées face aux défis du continent africain. Il sera ainsi question des changements climatiques. « Nous avons commencé à nous préparer pour faire face aux incendies, nous nous sommes retrouvés face à des inondations vers la fin du mois de mai », dira M. Benmicia qui a mis l'accent sur la nécessité de trouver des mécanismes de prévention et des solutions d'assurance face aux risques émergents. La question de l'inflation, la crise énergétique, les ruptures dans la chaîne d'approvisionnement des produits essentiels seront aussi à l'ordre du jour. Ainsi que des débats sur l'activité agroalimentaire. Les initiateurs de cette conférence vont exposer des solutions capables de booster l'industrie des assurances en Afrique, qui reste timide en dépit des potentialités. Cette dernière génère un chiffre d'affaires de 70 milliards de dollars, représentant seulement 1% du total du taux d'assurance mondial. Citant le cas de l'Algérie, M. Hassan Khelifati, vice-président de l'UAR, a regretté le fait que la part de l'assurance agricole ne dépasse pas les 2%, pourtant le secteur est vulnérable et fait face à plusieurs risques causés principalement par le réchauffement climatique, notamment la sécheresse. M. Benmicia a indiqué que l'Afrique présente des potentiels de croissance de l'assurance dans le secteur agricole qui méritent d'être consolidés. La branche agricole représente moins de 4% du marché africain des assurances, évalué à 62 milliards de dollars. Face à l'ampleur des catastrophes naturelles, les propositions mettront l'accent sur l'impératif de mettre en place de nouveaux dispositifs d'assurance adaptés pour assurer la sécurité alimentaire des pays du continent, en tenant compte de l'ampleur des calamités agricoles accentuée par les changements climatiques. Cet important évènement se penchera, selon le président de l'UAR, sur la proposition de solutions novatrices pour répondre aux défis du secteur agricole, mais aussi contribuer à façonner un avenir plus résilient et prospère pour l'assurance agricole en Afrique. Il affirme que les solutions existent, en citant à titre d'exemple, la micro-assurance. Une assurance adaptée aux couches défavorisées. Ainsi que d'autres solutions techniques qui seront formulées sous forme de recommandations. Elles seront soumises, à l'issue de cette conférence, aux autorités des différents pays. Cette 49e conférence sera aussi l'occasion d'échanger les expériences en matière d'assurance agricole et de textes de loi, et de nouer des relations d'affaires et des partenariats entre les pays africains dans le domaine des assurances et réassurance, notamment dans le domaine agricole.