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La gestion des risques environnementaux fait son chemin en Afrique Les spécialistes se penchent sur la question et travaillent à la création d'un pool d'assurances
Le traitement et la maîtrise des catastrophes naturelles sont l'un des sujets phares qui ont animé durant trois jours les travaux de la 35ème conférence de l'Organisation des assurances africaines (OAA) organisée à Alger du 25 au 28 mai dernier. Les participants, dont le nombre a dépassé les 800, ont abordé plusieurs sujets à travers lesquels ils ont essayé de cerner les problèmes relatifs aux «risques environnementaux : l'apport de la prévention et de l'assurance». Ainsi, les travaux des journées constituées en plusieurs sessions ont développé les aspects suivants : présentation de la thématique, modélisation des risques environnementaux, prévention et allégement de la détérioration de l'environnement, et solutions de l'assurance pour les risques environnementaux. Lors d'une séance consacrée à la prévention et l'allègement de la détérioration de l'environnement, les spécialistes de la question ont été unanimes sur l'importance du rôle des pouvoirs publics dans la sensibilisation des populations. Surtout en ce qui concerne la nécessité de l'assurance contre les risques environnementaux, notamment les sinistres climatiques et sismiques auxquels le continent africain est exposé. A ce sujet, M. Lahsen Aït Brahim, professeur à l'université de Rabat (Maroc), a déploré, dans une communication sur l'apport des études de vulnérabilité des villes, «l'inconscience des populations africaines de l'importance de s'assurer contre les sinistres environnementaux qui ont coûté à l'Afrique la vie de près de 88 000 personnes en plus de pertes matérielles chiffrées à quelque 220 milliards de dollars en 2005». Afin de mettre fin à de telles situations, l'universitaire a estimé que l'action des pouvoirs publics, et particulièrement des collectivités locales, doit porter sur la sensibilisation des populations sur les risques potentiels de ces aléas, à savoir séismes, inondations, cyclones… Dans ce sillage, le spécialiste a mis l'accent sur l'importance du respect des critères de construction, notamment les normes parasismiques dans la construction des différentes infrastructures et, d'une manière plus globale, établir des plans de gestion fiables des risques environnementaux. Intervenant à cette occasion, M. Cliff Warman, économiste canadien, a axé son intervention sur la responsabilité civile du secteur des assurances dans la prévention des risques environnementaux. Il a insisté sur un autre champ d'intervention des pouvoirs publics, notamment dans les pays qui n'ont pas de culture d'assurance, celui de «la réglementation du marché et [de] l'encouragement de la diversification du nombre des sociétés opérant dans ce marché afin de protéger les intérêts des populations et d'assurer un service concurrentiel». C'est le cas de l'Algérie qui mise sur l'ouverture du marché. A ce sujet, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a annoncé que «plusieurs demandes d'accréditation des compagnies d'assurances étrangères sont actuellement en cours d'étude». Avant d'expliquer que la privatisation des compagnies nationales d'assurances est écartée, ouvrant grand la porte aux compagnies étrangères d'assurances. Les interventions se sont succédé et les intervenants notamment européens n'ont pas manqué cette occasion de proposer aux Africains leurs produits destinés, entre autres, à la prévention contre les risques agricoles et climatiques. Développement des assurances algériennes L'Algérie est l'un des pays africains qui ont le plus souffert des catastrophes naturelles ; séisme, inondation, sécheresse, ces mauvaises expériences lui ont permis d'acquérir une expérience assez considérable. S'exprimant dans une communication, le directeur général de la Compagnie centrale de réassurance (CCR), M. Hadj Mohamed Sbaa, a fait savoir aux professionnels africains du métier que les autorités algériennes avaient institué la police d'assurance contre les catastrophes naturelles depuis quatre ans, soit au lendemain du séisme qui avait frappé la région du centre du pays en mai 2003. Le bilan des inscriptions à l'assurance catastrophes naturelles, qui était de l'ordre d'un milliard de dinars en 2007, reste «faible malgré les efforts déployés par les autorités et les compagnies d'assurances». M. Sbaa a proposé aux participants de créer un «pool des assurances contre les risques environnementaux» au sein de l'Organisation des assurances africaines (OAA). L'intervenant a précisé que la mise en place d'une telle structure a pour objectif de «créer un espace de concertation et d'échange d'informations et d'expériences entre les membres de l'OAA en matière de gestion des risques liés aux catastrophes naturelles». Cette proposition vise, en outre, à la prise en charge du volet relatif à l'indemnisation des sinistrés et au développement de produits d'assurances adaptés aux besoins des populations africaines. Il est utile de souligner que l'OAA dispose déjà de deux pools opérationnels depuis plus de trois ans, à savoir celui de l'aviation civile et celui des risques pétroliers et énergétiques. Dans cette optique, le ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et du Tourisme, M. Cherif Rahmani, est longuement revenu sur l'expérience algérienne dans le domaine des assurances. Il a déclaré que «les inondations de Bab El Oued et le séisme de Boumerdès ont catalysé la volonté des pouvoirs publics pour maîtriser des risques naturels». Cette volonté repose notamment sur la prévention à travers des actions qui ont été menées et qui ont concerné le cadastre industriel et le micro-zonage des zones sismiques, a-t-il précisé à cette occasion.Il a consacré le deuxième volet de son intervention à la gestion des risques au moment de la catastrophe, tandis que le troisième a trait à l'aménagement du territoire, dont les actions visent à développer un système de veille et d'anticipation permanente. Le ministre a précisé que la prise en charge contre les risques liés à l'environnement doit être menée dans le cadre d'une nouvelle stratégie tendant à préserver tout le cadre environnemental. «La prise en charge contre les risques environnementaux qui touchent le système écologique nécessite l'utilisation de nouveaux outils, une culture nouvelle afin d'ancrer les réflexes de prévention dans la mentalité des citoyens», notera-t-il. Le ministre a proposé l'élaboration d'un programme d'information et de vulgarisation contre les catastrophes naturelles et technologiques. Les initiatives menées en vue d'atténuer les retombées négatives des catastrophes naturelles devraient faire l'objet d'une prise de conscience, en premier lieu de la part des citoyens de chaque pays africain, a-t-il poursuivi, affirmant que les efforts doivent se focaliser sur «la garantie de la durabilité des ressources naturelles que recèle le continent africain». Abdelkrim Djaafri, P-DG de la CAAT, à la tête de l'OAA Les travaux de la 35ème conférence et de l'assemblée générale de l'OAA ont pris fin mercredi dernier à Alger par la désignation du P-DG de la Compagnie algérienne des assurances (CAAT), M. Abdelkrim Djaafri, à la présidence de cette organisation panafricaine. Ainsi, il succédera au Gabonais Léon-Paul N'Goulakia,et assurera la présidence de l'OAA pour un mandat d'une année, soit jusqu'à la tenue en 2009 de la prochaine conférence de cette organisation. R. D.