L'Afrique assiste à une avalanche de coups d'Etat dans un temps assez court. Après le Mali (2020 et 2021), la Guinée (2021), le Burkina-Faso (2022) et le Niger (2023), voilà le tour du Gabon qui voit, aujourd'hui, l'effondrement de la dynastie des Bongo, au pouvoir dans le pays, du père à son fils depuis 1967. Il est, toutefois, raisonnable de s'interroger sur la récurrence multipliée de ce phénomène de renversements d'autorité qui se produisent presque simultanément, alors que le monde vit un bouillonnement politique invraisemblable. Sachant que les pays africains, en question, sont tous des anciennes colonies françaises et que les régimes qui dirigent leur indépendance, jusque-là, sont toujours soumis à la propriété coloniale grâce au rachat des gouvernances illégitimes par procuration imposée et des chantages économiques perpétuels. L'éviction des présidents africains, un à un, de leurs postes peut être considérée comme un détachement progressif de l'Afrique de la suprématie coloniale, à savoir de la France. Les raisons qui ont abouti à ces mutineries sont communes dans ces pays, les commanditaires des putschs, appartenant tous aux gardes présidentielles, accusent leurs présidents de traîtrise envers les peuples et de partenariat avec le « néo-colonisateur ». Est-ce là une véritable révolution populaire qui vise à recouvrir à la totale autonomie du continent ? Peut-on prendre ces coups de force pour l'éveil des consciences africaines qui n'admettent plus que les richesses de leurs pays soient exploitées par la France, alors que leurs sociétés croupissent dans un état de sous-développement incurable ? Peut-on penser que ces mutations brusques soient une phase du plan mondial qui prétend au changement des commandes de l'ordre politique et économique du monde ? La France ne veut pas et ne peut pas lâcher ces pays « rebelles » qui demeurent officieusement sous son protectorat, malgré les protestations populaires qui réclament son expulsion du sol africain. L'économie de la France est étroitement conditionnée par la matière première abondante fournie par le sous-sol africain. L'engagement de l'industrie extractive française est astronomique du point de vue financier, l'impact de la rupture avec l'Afrique aura des effets imparables pour la société française et pour ses camarades économiques en Europe et dans le monde. Il est fort probable que la France engage une guerre pour garder sa mainmise sur « son » Afrique et sur les Africains qu'elle a toujours considérés comme ses sujets. Suite à la persistance des Français à demeurer sur place, quand bien même leur présence soit indésirable en Afrique, peut-on supposer que ces renversements de présidents soient une manœuvre de l'intelligentsia française qui tente de faire la pluie avant un véritable orage populaire ? S'agit-il de la simulation de coups d'Etat ? Ces insurrections successives, sont-elles des manigances politiques qui feignent de changer les fidèles présidents africains - classiques, devenus archaïques, répugnants et indésirables par leurs propres populations- contre de nouveaux serviteurs dans le but de maintenir l'emprise ordinaire sur les lieux pour encore plus de temps ? Est-ce un simple changement de vitrine de l'action néocoloniale française en Afrique ? L'implication de la Russie dans les derniers retournements de situations en Afrique est également une supposition à prendre en considération. Le rapport de la tension du clan des Russes avec les Occidentaux fait bien mèche avec les coups d'Etat africains. Le président russe, Vladimir Poutine, a bien déclaré au cours d'une sortie médiatique qu'il « n'a pas besoin d'attaquer la France avec des armes. Pour en venir à bout, il suffit de lui couper les liens avec ses anciennes colonies ». D'ailleurs, les Russes, comme les Chinois, sont bien présents dans plusieurs régions d'Afrique, dans le cadre d'accords de coopérations établis avec nombreux pays africains (implantation d'usines, grands travaux d'urbanisation, construction d'infrastructures, échanges commerciaux, ...). Apparemment, les Russes n'ont pas l'intention de coloniser l'Afrique en soutenant l'entreprise des soldats putschistes. A priori, leur objectif premier est d'affaiblir la France en sectionnant les nerfs satellitaires africains qui l'approvisionnent en énergie. Sinon, l'or du Mali, l'uranium du Niger ou le pétrole du Gabon ne sont pas de refus par l'appétence des Russes et des autres. Voilà que l'Afrique devient, d'un coup, un sujet central dans l'équation du tiraillement qui sévit entre les puissances de l'Est et de l'Ouest, l'objet convoité par toutes les forces à cause de sa richesse naturelle qui fait fonctionner l'économie du monde. La situation politique s'exacerbe, chaque jour de plus en plus en Afrique. Le continent devient l'espace de troubles complexes qui risquent de déboucher vers une véritable guerre généralisée. Ce qui est le plus à craindre c'est la régénérescence des anciens conflits internes entre les tribus africaines adverses, chose qui va sérieusement accentuer la crise et démolir tout espoir pour une possible paix.