Au moment où Ghaza se vide de ses maisons détruites et de ses habitants dans le drame et le désespoir, et dès l'instant où l'armée israélienne est décidée à raser ce qui reste des écoles et des hôpitaux, la dernière déclaration du président américain apparaît comme une plaisanterie. Son ridicule gag suggère que le peuple palestinien soit regroupé dans «une future réunification de Ghaza et de la Cisjordanie sous une même structure de gouvernance revitalisée». Il donne l'air de confirmer que le ridicule est lui aussi capable de tuer. La légèreté de sa logique pousse à croire que la déconsidération qu'il porte à ceux qui l'écoutent n'a pas de limite. On retrouve là une constante chez les suprématistes qui manipulent à leur guise les faits et leurs contraires. A moins qu'il ne taise un large plan en préparation, il pousse la légèreté de son verbe jusqu'à menacer «de sanctions les colons extrémistes qui attaquent les Palestiniens». Venant du chef de l'Etat le plus puissant du monde et chef de file des soutiens inconditionnels d'Israël, la troublante recommandation américaine n'a pas une assise de bonne foi. On ne peut soutenir en armes et en argent, les yeux fermés, le va-t-en-guerre démoniaque israélien et en même temps réclamer que le feu cesse. S'en tenir aux faits et ne retenir que l'errance des millions de Palestiniens forcés de quitter Ghaza en ruine n'indique que l'aboutissement d'une nouvelle expansion et l'élargissement territorial de l'Etat d'Israël. Dans l'esprit des responsables de Tel-Aviv, la nouvelle recommandation du président américain ne peut rentrer que dans ce cadre. Pour lui faire écho, Netannyahou s'est tout de suite évertué à affirmer sans détour que Ghaza n'était pas viable. Après la tragédie que vivent les Ghazaouis, il n'avait pas besoin d'en dire plus.