Pendant les quatre premiers jours de trêve, les organisations internationales ont pu constater de près que la situation du système de santé à Ghaza et particulièrement au plus grand hôpital (Al-Shifa) est catastrophique en raison des bombardements intenses et continus de l'armée sionistes durant 48 jours. Le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza, Ashraf Al-Qudra, a appelé hier les patients de la ville de Ghaza et du nord de la bande, atteints de maladies rénales, à se rendre dès aujourd'hui au complexe d'Al-Shifa pour recevoir leur traitement. Selon la même source, citée par Al Jazeera, le «redémarrage du service de dialyse a été possible grâce à des efforts exceptionnels». Par ailleurs, le même intervenant a indiqué que «seuls trois hôpitaux fonctionnent dans le nord de la bande de Ghaza». Et ces hôpitaux «ne sont pas en mesure de répondre aux besoins urgents», a-t-il ajouté, appelant au transfert des blessés «hors de Ghaza, pour recevoir les soins médicaux nécessaires». «Nous appelons toutes les institutions internationales à prendre des mesures efficaces pour protéger le système de santé», ajoute Al-Qudra, estimant «les dommages causés au secteur, suite aux bombardements de l'occupation, à plusieurs millions de dollars». Ashraf Al-Qudra a également demandé que des «pressions soient exercées sur l'occupation pour permettre l'entrée d'une aide médicale vers le nord de la bande de Ghaza». «Nous avons besoin de médicaments respiratoires spéciaux pour les bébés prématurés», dit-il. De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré hier que «la détérioration de l'hôpital Al-Shifa, est une tragédie», ajoutant qu'elle espère que le «service reviendra à la normale». L'OMS a exprimé son inquiétude concernant les employés de l'hôpital détenus par l'armée d'occupation depuis la veille de l'entrée en vigueur de la trêve. Parmi ces détenus, tous des médecins, figure le directeur de l'hôpital, le Dr Mohamed Abu Salmiya qui a été interrogé par le Shin Beth après son arrestation le 23 novembre 2023 par les soldats de l'armée sioniste qui ont envahi l'hôpital, et qui vient de voir la durée de son arrestation prolongée de 45 jours. Le Conseil média de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), Adnan Abu Hasna, a décrit également des «conditions humanitaires très mauvaises» à Ghaza. «Les conditions à Ghaza sont très mauvaises et l'aide reçue ne reflète pas l'ampleur des besoins. Hier (lundi, ndlr), nous avons réussi à acheminer du carburant vers le nord de la bande pour exploiter les puits d'eau de Jabalia. Le manque d'eau potable peut entraîner la propagation de maladies, notamment le choléra», a-t-il déclaré hier. Ajoutant que «les maladies intestinales dans la bande de Ghaza ont été multipliées par 4 et les maladies cutanées par 3». Abu Hasna précise qu'il y a 1,1 million de personnes déplacées dans la bande de Ghaza (du nord vers le sud), ce qui provoque une «surpopulation sans précédent dans les centres d'hébergement». Selon le même intervenant, «la moyenne quotidienne des camions entrant dans la bande de Ghaza n'est que de 50 camions», estimant le nombre de camions nécessaires à «200 par jour pendant deux mois consécutifs» pour assurer le minimum des besoins. A noter qu'une délégation turque est arrivée à Ghaza «dans le but de mettre en place au plus vite un hôpital de campagne», selon des sources diplomatiques turques citées par CNN. L'équipe «réalisera les études de faisabilité de l'hôpital de campagne que la Turquie prévoit d'établir à Ghaza», et elle est arrivée à Ghaza via l'Egypte, selon un communiqué de sources diplomatiques. «En fonction des conclusions de notre commission, nous prévoyons de remettre l'hôpital en service dans les plus brefs délais», ajoute la même source. CNN a ajouté que la Turquie envisage également de construire des logements constitués de conteneurs maritimes pour les personnes déplacées à Ghaza, dont le nombre est estimé, par l'ONU, à environ 1,7 million de personnes, soit près de 80% de la population. «Cessez-le-feu» : vers un accord élargi Hier, 5e jour de la trêve, le Hamas et l'entité sioniste ont annoncé en fin de matinée, qu'ils se préparent à la libération davantage de prisonniers et de détenus. L'occupation avait annoncé plus tôt dans la journée avoir reçu «la liste du cinquième groupe de détenus» qui seront libérés mardi par le Mouvement de la résistance islamique (Hamas). Lundi soir, Khalil Al-Hayya, le chef du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), a déclaré à Al Jazeera, que le mouvement espère «pouvoir prolonger la trêve pour une période plus longue», expliquant avoir «réussi à atteindre le nombre requis (selon les termes de l'accord) de détenus pour prolonger la trêve de deux jours». Mais, a-t-il ajouté, d'autres initiatives en cours tendent à chercher à «conclure un nouvel accord qui va au-delà des femmes et des enfants». Selon le même responsable, le mécanisme d'échange de prisonniers «se poursuivra au cours des deux prochains jours avec la remise de 10 Israéliens en échange de 30 Palestiniens». Al-Hayya fait état implicitement de discussions sur une «nouvelle trêve» concernant d'autres groupes détenus par la Résistance palestinienne, qui pourrait être conclue «une fois l'échange de femmes et d'enfants terminé». Par ailleurs, en annonçant lundi l'accord pour deux jours supplémentaires, le Premier ministre qatari et ministre des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed bin Abdul Rahman Al Thani, a dit espérer que l'accord de trêve «mènera à un cessez-le-feu permanent à Ghaza». Même son de cloche chez le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, qui a déclaré que le dialogue qui a conduit à la « trêve humanitaire » actuelle doit se poursuivre et se transformer en un cessez-le-feu « humanitaire complet». Et c'est pour parvenir à un «accord élargi» que le directeur de la CIA, William Burns, s'est envolé hier au Qatar. Selon le Washington Post, qui cite des sources «bien informées», la visite de Burns à Doha, c'est «pour tenir des réunions dans le but de parvenir à un accord élargi entre Israël et le Mouvement de la résistance islamique (Hamas)» et discuter «d'autres aspects du conflit à Ghaza». Il s'agit, précise le journal, de «faire pression» sur le Hamas et Israël «pour qu'ils étendent leurs négociations concernant les détenus afin d'inclure la libération d'hommes et de soldats». Explosion d'une bombe : 2 soldats israéliens blessés Mardi, deux soldats israéliens ont été blessés dans l'explosion d'une bombe au nord de Ghaza. L'opération a été revendiquée par la résistance palestinienne. L'armée israélienne a déclaré que «trois engins explosifs ont été activés à proximité de nos forces, blessant plusieurs soldats». Les Brigades al-Qassam ont déclaré, dans un communiqué publié sur Telegram, qu'«à la suite d'une violation flagrante par l'ennemi de l'accord de trêve, des frictions se sont produites sur le terrain au nord de Ghaza, et nos moudjahidine ont fait face à cette violation». Dans la matinée de mardi, quelques heures après l'entrée en vigueur du prolongement de la trêve, des chars israéliens ont ouvert le feu sur la périphérie du quartier de Sheikh Radwan et du Camp Achati, au nord-ouest de la ville de Ghaza. Le chef du Hamas, Oussama Hamdan, avait déclaré samedi dernier que les violations israéliennes de l'accord de trêve humanitaire mettaient cet accord en danger, précisant que «les médiateurs ont été informés afin qu'ils assument leurs responsabilités». Rappelons que plusieurs Palestiniens ont été tués par l'armée sioniste au nord de Ghaza, depuis l'entrée en vigueur de la trêve, le 24 novembre dernier. Les violations de l'occupation n'ont pas cessé depuis. Par ailleurs, selon le journal Haaretz, cité par un correspondant d'Al Jazeera, l'armée israélienne reconnaît qu'un millier d'officiers et de soldats «ont été blessés depuis le début de la guerre contre Ghaza, dont 202 ont été grièvement blessés».