«Entre 100 et 120 martyrs», des blessés dans des bombardements mais également des patients de l'hôpital Al-Shifa décédés, ont été enterrés hier dans une «fosse commune», a annoncé le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza. «Nous avons décidé d'enterrer les corps des martyrs du complexe médical d'Al-Shifa dans une fosse commune», a déclaré hier Ashraf Al-Qudra, le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza. Il s'agit, selon la même source, «entre 100 et 120 corps du complexe Al-Shifa». A noter que «34 patients sont décédés (lundi) suite à l'arrêt des respirateurs à l'hôpital Al-Shifa». «Il nous faut 6 heures de travail continu pour enterrer les martyrs», a ajouté Al-Qudra, précisant que «le nombre de martyrs risque d'augmenter en raison de l'incapacité de prodiguer des soins médicaux aux malades et aux blessés», car «les obus continuent de tomber sur le complexe médical d'Al-Shifa, et tous ceux qui s'y trouvent risquent une mort certaine» en raison «du manque de produits de première nécessité tels que l'eau et la nourriture, et l'électricité». Toujours selon la même source, citée par Al Jazeera, «aucune ambulance n'a pu entrer dans le complexe médical d'Al-Shifa depuis vendredi soir (10 novembre)». A noter que la situation des hôpitaux au sud de Ghaza n'est pas différente de ceux du sud de la bande enclavée. Egalement touchés par les bombardements des environs immédiats, les hôpitaux du sud de Ghaza «ne vont pas tarder à être hors service en raison du manque de carburant», a déclaré hier le directeur des hôpitaux. Par ailleurs, le seul générateur de l'hôpital Al-Amal, de la Société palestinienne du Croissant-Rouge (PRCS), à Khan Younes, au sud de la bande de Ghaza, s'est arrêté lundi, menaçant la vie de 90 patients soignés à l'hôpital, dont 25 patients du service de rééducation médicale qui risquent désormais la mort à tout moment, en plus de 9.000 personnes déplacées se réfugiant au siège de l'association et à l'hôpital, a rapporté l'agence de presse palestinienne Wafa. Selon la même source, l'arrêt du générateur électrique a affecté le travail du siège de l'association et de l'hôpital Al-Amal, qui comprend la salle des opérations d'urgence de la bande de Ghaza. Plus de 1.150 massacres depuis le 7 octobre Lundi vers 18h, le directeur du bureau des médias du gouvernement dans la bande de Ghaza a déclaré que l'armée d'occupation sioniste «a commis 1.153 massacres» depuis le début de l'agression. A cette date, les bombardements des civils ont fait plus de 11.500 martyrs, dont 70% sont des enfants et des femmes, et 29.000 blessés, précise la même source. Le nombre de martyrs du personnel médical a atteint 189, entre médecins, infirmières et ambulanciers. «Plus de 41.120 logements ont été détruits complètement» lors des bombardements israéliens, ainsi que «94 sièges d'organismes gouvernementaux, 253 écoles, 71 mosquées et 3 églises», ajoute la même source. «Nous tenons l'occupation et la communauté internationale pleinement responsables des crimes contre les civils», affirme encore le directeur du bureau des médias du gouvernement à Ghaza, exigeant «l'ouverture immédiate et permanente du terminal de Rafah» et «l'approvisionnement des hôpitaux en carburant avant que la catastrophe humanitaire ne s'aggrave davantage», dit-il. Hôpitaux bombardés : les mensonges israéliens Dans un autre communiqué de presse, le bureau des médias du gouvernement dans la bande de Ghaza répond aux «mensonges répandus par l'armée israélienne» pour «justifier le ciblage des hôpitaux» et dans le but de «tuer des blessés et des patients». La même source démonte les prétendues preuves du «porte-parole de l'armée d'occupation lors d'une conférence de presse pleine de mensonges», au cours de laquelle «il a montré des vidéos réalisées de manière contradictoire et peu professionnelle, montrant clairement des scènes fabriquées et trompeuses». La même source estime que les propos du représentant de l'armée sioniste s'inscrivent «dans le cadre de la campagne de désinformation que l'entité mène contre les hôpitaux» afin de «justifier ses crimes commis en bombardant les hôpitaux baptiste, Al-Shifa, indonésien, Rantissi, Al Quds et turc, ainsi que d'autres» faisant «des centaines de martyrs et de blessés civils, d'enfants et de femmes». «Nous soulignons que ces mensonges s'inscrivent dans le cadre d'une campagne de préparation à la destruction des hôpitaux sur la tête des patients, du personnel médical et des personnes déplacées», affirme le document. Le communiqué rappelle «qu'il a été prouvé précédemment par des plans d'ingénierie que l'occupation avait menti en montrant des images qui, selon elle, étaient des ouvertures de tunnels de résistance, et il a été révélé plus tard qu'il s'agissait de lieux de stockage d'eau et de carburant pour les différents services de l'hôpital». UNRWA : famine annoncée à Ghaza «Il y aura une famine à Ghaza et il n'y aura plus d'eau potable», a déclaré hier le porte-parole de l'UNRWA, Adnan Abu Hasna, à Al Jazeera. Selon l'intervenant, «Washington et l'Union européenne exigent l'entrée du carburant, mais la réponse israélienne est négative». «Les Nations Unies devraient bénéficier de l'immunité, mais plus de 60 installations de l'UNRWA ont été infectées», affirme encore Abu Hasna, qui craint une «famine à Ghaza», en raison du «manque drastique d'eau potable et des denrées alimentaires». L'agence onusienne affirme que «101 membres de notre personnel ont été tués». «Nous n'avons jamais enregistré dans l'histoire des Nations Unies un nombre de tués aussi important en un seul mois», ajoute Adnan Abu Hasna. «Personne ne sait ce qui se passerait si l'UNRWA s'effondrait avec des centaines de milliers de personnes dans ses abris», a-t-il prévenu. Combats au sol Depuis le début des «opérations terrestres», les troupes sionistes au sol avancent très doucement et reculent le plus souvent après avoir fait quelques dizaines de mètres dans des périmètres «nettoyés» auparavant par centaines de tonnes de bombes. Les positions des chars et du matériel roulant de l'armée d'occupation dans plusieurs quartiers du nord de Ghaza exposent les soldats à une farouche riposte des combattants des différentes composantes de la résistance palestinienne, rendant les pertes de l'armée sioniste en soldats et en équipements importantes. L'importance de la riposte est telle que les chars sont stationnés encerclant les hôpitaux du nord de Ghaza pour réduire au maximum les attaques de la résistance. Depuis dimanche dernier, les Brigades Al-Qassam (branche armée du Hamas) et les Brigades Al-Quds (branche armée du Jihad Islamique) ont rendu publics plusieurs communiqués et des vidéos montrant des attaques de regroupements de soldats sionistes. Le porte-parole d'Al-Qassam, le désormais célèbre Abou Oubeida, a annoncé lundi soir que «les moudjahidine ont détruit 20 chars et véhicules militaires blindés israéliens en 48 heures» et «détruit ses troupes à coups d'obus de mortier». Dans une opération ciblant des chars sionistes avec des missiles « Al-Yassin 105 » (de fabrication locale), les combattants d'Al-Qassam ont annoncé avoir abattu deux soldats israéliens au nord de Beit Hanoun (nord de Ghaza). De leur côté, les Brigades Al-Quds ont annoncé, hier, avoir «bombardé au mortier les troupes israéliennes pénétrant près du club équestre dans l'axe nord-ouest de Ghaza». Plus au nord de la Palestine occupée, le Hezbollah libanais semble être totalement engagé dans cette bataille puisque depuis quelques jours, plusieurs opérations de lancement de missiles ou d'accrochages ont lieu avec les soldats sionistes. D'ailleurs, lundi, le commandant de l'armée de l'air des Gardiens de la révolution iranienne, Amir Ali Hajizadeh, a déclaré que la guerre menée par Israël contre Ghaza s'était étendue et que «le Hezbollah libanais y était impliqué», ajoutant qu'il «existe une possibilité d'expansion de cette guerre» et affirmant «être prêts à toutes les éventualités».