On n'apprend qu'avec les erreurs ! Et les erreurs sont souvent les déceptions qu'on moissonne tout au long de notre parcours en une pile d'expériences. Et l'expérience, ça compte pour affronter son quotidien et la vie en général. «La seule chose qui sauve, m'avait dit une ancienne amie non sans éprouver du dégoût, c'est d'éviter d'être victime de sa propre générosité !» Générosité, oui, mais l'opulence de générosité brûle le cœur à petit feu. De surcroît, elle nous amoindrit parfois aux yeux de certains énergumènes qui croient qu'en adoptant une telle attitude, on est en faiblesse. Etre très généreux nous expose à des ennuis et nous jette dans des contradictions difficilement supportables. L'égoïsme est, pensé-je, par moments source de quiétude spirituelle et de repos moral. Cela nous éloigne des tourments et des vagues houleuses de sentiments en rapport avec les soucis d'autrui. En un mot, cela nous rend rigides et déterminés à nous sauver nous-mêmes de la noyade, quitte à laisser tout le monde derrière nous, dans la mélasse ! Autant se sauver seul, dirait n'importe quel égoïste, que de nous noyer tous ! Quoiqu'on en pense, seules les solutions individuelles sont à même de briser l'élan stupide de la mentalité moutonnière de la foule ! Certes, c'est immoral, mais cela nous épargne le destin d'éponge, c'est-à-dire de cette éponge qui, à force d'absorber l'eau de toute part, finit noyée, pesante, et incapable de se mouvoir. Donc, sans que l'on fasse l'éloge de l'égoïste, la posture de ce dernier n'est pas tout de même totalement négative. Cela est d'autant plus sensible qu'elle donne la part belle à la subjectivité. La subjectivité, c'est quand la rationalité du «je» parvient à contredire l'irrationalité de «nous». Le «Nous» ne sera jamais créateur, inventif, innovateur, si l'ensemble de ses «Je» ne sont pas subjectifs, individualistes et égoïstes. Bien sûr que l'égoïsme ne devrait pas être pris ici comme la volonté de nuire à l'autre ni de ne lui être d'aucune utilité, mais comme la capacité de retour à soi, et surtout de ressourcement en soi. Autrement dit, l'égoïsme comme volonté de se corriger ou se redresser soi-même, compter sur soi-même et n'être un fardeau pour personne. De même, l'égoïsme, dans ce cas-là, trace des frontières entre nous-mêmes et les autres. Ainsi évitera-t-on d'absorber leurs soucis (des autres), au détriment des nôtres. Cela dit, il nous mettra à l'abri de cette «générosité excessive» qui, bien que réconfortante au début, finit généralement par laisser derrière elle, d'ingérables regrets!