Les enjeux de l'offensive du 20 Août 1955, conduite par Zighoud Youcef, est le thème de la 3e soirée des Mille et Une News. La portée stratégique de la grande offensive du 20 Août 1955 et son rôle dans la relance du processus insurrectionnel, déclenché le 1er Novembre 1954, a été au coeur du débat de la troisième soirée des Mille et Une News qui a eu lieu, jeudi dernier, à la Librairie Socrate. Organisée à l'occasion du 55e anniversaire du 20 Août 1955, cette rencontre se voulait, selon Abdelmadjid Merdaci, bien plus qu'une simple commémoration sans âme et sans perspectives, une occasion pour débattre des enjeux d'un grand événement historique. C'est en compagnie du recteur de l'université Emir Abdel-kader de Constantine, Abdellah Boukhalkhal que cet historien et sociologue avait animé le débat. «L'insurrection du 20 Août 1955 est la seconde séquence fondatrice de la guerre d'Indépendance algérienne», c'est ainsi que Abdelmadjid Merdaçi définit l'offensive du 20 Août 1955, conduite dans le Nord-Constantinois et qui a donné lieu à une violente répression faisant quelque 12.000 victimes. M.Merdaci a expliqué au cours de son intervention que cette opération est intervenue à un moment où «le processus insurrectionnel, déclenché le 1er Novembre 1954 s'est éteint avec l'arrestation et la disparition des membres fondateurs du Front de libération nationale (FLN)», d'où la nécessité de le faire renaître. «Des militants organiques au sein du PPA, du Mtld ou de l'OS, ont vu apparaître de nouveaux acteurs du nationalisme. Ce que j'appelle le nationalisme de capillarité. Il s'agit de personnes qui sont à proximité d'un événement porteur: des arrestations, des opérations, de la répression. Ces derniers se sont forgés une conscience nationale au contact direct de l'événement et non à la suite d'un processus d'accumulation politique», a-t-il fait savoir. Abdellah Boukhalkhal est revenu, quant à lui, sur le parcours exceptionnel du principal acteur de l'opération du 20 Août 1955, Zighoud Youcef, avant de faire le récit de la journée du 20 Août 1955. En effet, Zighoud Youcef, appelé Si Ahmed, était le concepteur de cette opération stratégique de grande envergure. Un retour au contexte dans lequel a eu lieu cette insurrection de grande ampleur est indispensable pour comprendre et avoir conscience des nombreux et grands enjeux de cet événement historique. M.Merdaci évoque entre autres, la politique mise en place par le nouveau gouverneur général d'Algérie, Jacques Soustelle, installé en janvier 1955, la grande pression que subissait alors la Zone I, la région des Aurès, l'arrestation et l'élimination des dirigeants du Front de libération nationale. Il s'agit également d'une réponse quant au renforcement de la présence militaire française en Algérie. Chef de la Zone II (la région du Nord-Constantinois), Zighoud Youcef, remplaçant Si Abdelkader, Mourad Didouche, mort le 18 janvier 1955, à la bataille d'Oued Boukerker, avait une conscience aiguë de l'importance de l'offensive. Cet insurgé «savait pertinemment que si l'offensive allait échouer, la révolution allait s'éteindre. Il disait: ´´J'ai conscience que le sort de la Révolution repose sur mes épaules´´...», précise M.Merdaci. Même si l'offensive du 20 Août 1955 était inscrite territorialement dans le Nord-Constantinois, celle-ci marque le premier grand tournant de la guerre de Libération. De nombreux spécialistes s'accordent à dire qu'il s'agit du véritable coup d'envoi de la Révolution algérienne. Plusieurs historiens, dont Benjamin Stora emploient la même expression en évoquant l'offensive du 20 Août 1955, «20 Août 1955, la France entre en guerre...». Pour Abdelmadjid Merdaci, la censure ou la falsification de l'Histoire n'est pas uniquement liée à la nature du régime, il fait observer dans ce sens que «les Algériens, dans leur diversité, ont accepté le mensonge. Ils ont bien vécu avec le mensonge et quelque part, ils ont trouvé leur compte».