Dans le cadre de sa politique visant à imposer le fait accompli et leurrer l'opinion publique internationale, la France envoya une délégation gouvernementale conduite par Max Lejeune, ministre du Sahara, en vue de se rapprocher des notables de la région et les faire pencher en sa faveur. Ayant eu vent de cela et afin de marquer son opposition, le Front de Libération Nationale, donna l'ordre aux habitants des Oasis, à travers une lettre adressée aux chouyoukhs des 14 communes par le responsable de la zone 4- Wilaya VI, leur demandant d'organiser des manifestations grandioses, opposées à la visite de la délégation française à Ouargla et exprimant dans le même temps l'attachement des habitants du Sahara et leur unité autour de la direction du FLN et de l'Armée de Libération. Deroulement des manifestations: Cette manifestation pour laquelle les foules furent mobilisées coïncida avec la visite de la délégation française le 27 février 1962. Ce jour-là, les chefs des 14 assemblées à Ouargla transmirent les instructions ; toutes les mesures nécessaires furent prises pour mobiliser le peuple en vue d'une participation massive et des contacts intenses eurent lieu entre les militants organisateurs et les masses à travers tous les villages. Il fut décidé que les manifestants partiraient des villages à six heures du matin dans le calme absolu pour se retrouver à Souk El Had , au centre de Ouargla. Avant l'heure fixée pour le départ des manifestations une information arriva selon laquelle l'arrivée du responsable français et la délégation qui l'accompagne était reportée à treize heures le même jour. Immédiatement, des ordres furent donnés aux militants d'en informer les citoyens et leur demander de garder leur calme et d'exécuter les orientations et ordres qui leur seront donnés par les militants organisateurs. Les commerçants reçurent l'ordre d'ouvrir les magasins et cafés, de reprendre provisoirement l'activité au marché afin que le colonialisme et ses séides ne s'aperçoivent pas de l'existence de mouvements populaires qui lui sont opposés ainsi qu'à la mission de la délégation française officielle. En effet, l'activité reprit instantanément de façon normale au marché et dans l'ensemble de la ville pour s'arrêter définitivement à treize heures pour les manifestations populaires. Dès que la nouvelle de l'atterrissage à l'aéroport de Ouargla de l'avion transportant la délégation officielle française fut connue, le peuple se rassembla derrière les militants chargés de la gestion de l'opération, portant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire des slogans dénonçant la politique de la France en Algérie et revendiquant l'indépendance nationale pour l'ensemble du territoire algérien , scandant "Allahou Akbar" (Dieu est grand), criant les noms du FLN et de l'ALN et le GPRA , unique représentant du peuple algérien , le Sahara est algérien et demeure partie intégrante de la nation algérienne. Les manifestants se mirent également à scander des chants patriotiques tels que "Chaabou al jazairi musulman" (le peuple algérien est musulman) ou bien "Kassaman" (hymne national algérien) Quelques instants plus tard, une force imposante d'unités de l'armée française, renforcée par des chars , des blindés, des fantassins de la légion étrangère et des gendarmes , est intervenue avec une extrême violence et férocité , tentant de stopper l'avance des manifestants qui se dirigeaient vers le siège de la préfecture où se trouvait la délégation française.Lorsque les gendarmes réalisèrent la détermination des manifestants sur lesquels furent lancées des grenades lacrymogènes dont ils ne firent pas cas, vint le tour des mercenaires et des gendarmes ensemble qui se regroupèrent derrière les remparts des jardins donnant sur le marché, entourant le vieux palais puis se mirent à tirer à coups de mitraillettes sur les foules de citoyens et à les pourchasser à travers les rues et les places publiques. Les manifestants s'accrochèrent aux troupes de l'ennemi en utilisant des armes blanches tels que les poignards, les bâtons, les barres de fer ou les pierres..etc. Il en fut ainsi jusqu'à une heure tardive de la soirée de ce jour-là. Resultats des manifestations: - Mort de nombreux citoyens - Ces manifestations constituèrent un soutien aux négociateurs algériens à la veille de la dernière étape des négociations. - Echec de toutes les manœuvres du colonialisme français, à l'intérieur et à l'extérieur car ces manifestations furent une démonstration pour l'opinion publique du degré d'attachement des habitants du Sahara à l'unité du territoire algérien.