L'affaire Khalifa Bank rebondit de nouveau. La chambre d'accusation près la Cour suprême d'Alger rouvre une nouvelle fois le dossier ce jeudi 16 juin. Certainement de nouveaux éléments susceptibles d'éclairer la justice sont venus renforcer le dossier de l'accusation. Plus de 90 accusés seront appelés devant la barre pour répondre des chefs d'accusations dont ils sont poursuivis. C'est une nouvelle bataille pour la défense pour innocenter leurs clients et les extraire de ce scandale financier unique en son genre dans les annales du pays. Parmi ces clients impliqués, on retrouve d'anciens responsables de banques, qui ont été déjà condamnés à des peines de prison allant de 15 de réclusion criminelle à des emprisonnements de 5 ans avec sursis. Les accusés qui seront appelés à la barre ce jeudi, devront répondre devant le juge des dépassements constatés en matière de dilapidation des deniers publics. D'autant plus que la justice algérienne veut mettre toute la lumière sur la manière dont Khalifa a pu s'emparer de 15 millions d'euros avant qu'il ne prenne la fuite vers l'étranger. Comment Khalifa a pu s'emparer des 15 millions d'euros avant sa fuite à Londres Ces dizaines d'accusés auront à répondre devant le juge sur les dépassements qui se sont produits à Khalifa Bank et la dilapidation des deniers publics, et surtout sur les grosses sommes transférées illégalement à l'étranger. En effet, avant sa fuite, en 2002 vers l'Angleterre, l'ex-Golden Boy algérien, Rafik Khalifa a pu s'évader avec une somme estimée par des enquêteurs à près de 15 millions d'euros, et ce, en bénéficiant de l'aide de certains de ses bras droits. Une fois sur le sol anglais, les 15 millions d'euros ont servi d'acheter une luxueuse villa dans la banlieue londonienne. Toutefois, l'homme sera arrêté, quelques années après par Scotland Yard, et sa maison est aujourd'hui sous scellés. Avant son évasion, le milliardaire en cavale, Rafik Khalifa, avait signé un contrat mirobolant de 15 millions d'euros pour se payer un «ticket d'entrée» dans l'Hexagone et mis à la disposition du club phocéen, l'Olympique de Marseille, un Airbus pour une durée de 5 ans. Plusieurs cadres de Khalifa, dont G.D., ancien clerc de notaire O.R., devenu, par la suite, directeur général de Khalifa Airways en France et directeur général de Khalifa TV et M.T., directeur général adjoint (DGA), chargé de la comptabilité, à Khalifa Bank, ont été interrogés par la présidente du tribunal criminel près la cour de Blida, Mme F.B. et le procureur général, représentant le ministère public, sur le montant du sponsoring par le groupe Khalifa du club français de football l'Olympique de Marseille. La réponse à cette époque a été : «Je ne sais pas». La question a été posée et la réponse n'a pas été donnée, du moins jusqu'à présent. Cette réponse est venue, bizarrement, d'un site Internet français lu par abonnement, dénommé «confidentiel». C'est en 2001 que Khalifa Rafik Abdelmoumen est devenu, selon ce site, «sponsor de l'Olympique de Marseille, l'un des plus prestigieux clubs de football français, en lui promettant quinze millions d'euros sur cinq ans. Cerise sur le gâteau, un Airbus spécial pour transporter les joueurs...» En ce qui concerne les stars du cinéma et du show-business, on peut lire sur ce site français que le 28 février 2002, suite aux terribles inondations qui ont endeuillé Bab El Oued et plusieurs autres quartiers Rafik Khalifa amène sur place et «à ses frais une cinquantaine de célébrités du paysage audiovisuel français et du cinéma, dont Gérard Depardieu et Catherine Deneuve». Dans les mois qui suivent, tout le gotha médiatique et artistique français est sollicité pour s'afficher en compagnie de Rafik Khalifa : Jacques Chancel, Mario (de «Star Academy»), Josiane Balasko, Carole Bouquet, Claude Brasseur ou Paul Belmondo ; des célébrités du paysage audiovisuel français (PAF) comme Marine Jacquemin, Daniela Lumbroso, Michel Chevalet, Muriel Robin, Karl Zéro, Benjamin Castaldi, Flavie Flament, Christine Deviers-Joncours, ils seront plusieurs dizaines de stars à prêter complaisamment leur image aux opérations de communication du nouveau golden boy algérien, est-il dit sur ce site. «En avril 2002, plusieurs stars du film Astérix et Obélix, dont Alain Chabat et Djamel Debbouze, s'envolent pour Alger à bord d'un Airbus de Khalifa Airways spécialement affrété pour eux. Reçus dans une luxueuse résidence, ils sont accueillis par Gérard Depardieu qui les attend en compagnie de Rafik Khalifa et des plus hautes autorités algériennes, notamment le Premier ministre Ali Benflis». C'était pour célébrer la projection gratuite d'«Astérix et Obélix» durant une semaine en Algérie. Il est à noter que lors du procès de la caisse principale de Khalifa Bank, Guellimi Djamel avait souligné à la présidente de ce tribunal que l'argent du sponsoring de l'Olympique de Marseille ne venait pas de Khalifa Airways, en France. Ce qui fait dire à la magistrate que «nous savons maintenant comment cet argent sortait de l'Algérie vers la France». C'est cette magistrate qui avait jugé l'affaire de la découverte d'une mallette bourrée d'euros à l'aéroport international Houari-Boumediene, en possession de trois cadres de Khalifa.