A une époque non lointaine, le diplôme était le garant d'une réussite certaine dans la vie et dans l'échelle sociale. Il est devenu au fil des années, un indicateur des qualifications professionnelles, exploitées ou non. Mais quel crédit ou considération accorder, aujourd'hui en Algérie, au diplôme délivré par les centres de formation professionnelle et d'apprentissage (CFPA) ? Même les diplômes de l'université n'ont plus la cote. Ces diplômes sont devenus des passages pour nulle part. Cette situation est due, en partie, à l'inflation du diplôme et de la baisse inquiétante du niveau de l'enseignement, certes, mais surtout à l'informel qui permet à des exclus de l'école de se faire une situation. L'informel s'est imposé de toutes ses forces. Le bâtiment est un des secteurs qui absorbe le plus le chômage. Le problème est que la majorité des intervenants font dans l'informel du maçon au manœuvre en passant par les vendeurs de matériaux de construction. Tout ce qui gravite autour du bâtiment a une relation avec l'informel, le transport, le colporteur d'eau, le gardien et même les artisans plâtriers, les carreleurs, les électriciens et autres. Des personnes qui ont appris sur le tas et qui n'ont jamais mis les pieds ni dans un CFPA ni encore, à l'université, alors que les diplômes du CFPA sont tout juste bon à provoquer l'hilarité d'un entrepreneur en quête de main-d'œuvre spécialisée. Des milliards de dinars par an passent sous la barbe des contributions et des services du registre de commerce. Pour preuve, il suffit d'aller visiter les cités en construction pour s'en convaincre. Et alors qu'une opération de recensement économique est annoncée, rares sont les maires, les chefs de daïra ou les walis qui ‘ont pris le taureau par les cornes pour faire profiter l'Etat de cette situation. pourtant, ces pseudos ou faux entrepreneurs continuent à se faire délivrer la fameuse attestation de la CASNOS, pendant que les vrais chômeurs font le parcours du combattant pour tenter de l'obtenir. Sous le prétexte de la démocratisation de l'enseignement, un nivellement par le bas a primé sur toute autre considération. Résultat, l'algérien se retrouve, aujourd'hui, avec une armée de diplômés sur les bras. Des trésors d'imagination sont déployés pour leur offrir, au mieux un emploi éphémère entre 3000 et 12.000 DA/mois pour les plus chanceux. On comprend dès lors pourquoi des dizaines voire des centaines de jeunes tentent la périlleuse traversée. Le marché de la matière grise algérienne bon marché a encore de beaux jours devant lui. Et les efforts des pouvoirs publics pour trouver de l'emploi n'y sont pour rien, car des grains de sable placés à tous les niveaux grippent la marine.