En ce jour du 05 juillet 2011, l'Algérie est indépendante depuis 49 ans. Le défi majeur entre 2011/2020/2025, c'est-à-dire 10/15 ans, est de préparer l'après- hydrocarbures pour les générations futures. En cette ère de la mondialisation impitoyable, où toute nation qui n'avance pas recule. L'Algérie recelant d'importantes potentialités peut relever ces défis sous réserve d'une gouvernance renouvelée et d'une valorisation du savoir, fondement du développement du XXIème siècle. Contrairement à certains discours démagogiques, le printemps arabe avec le risque de contagion a forcé les dirigeants algériens à des consultations politiques notamment de la commission BENSALAH qui ont pris fin dans une atmosphère, selon la majorité des observateurs nationaux et internationaux impartiaux, d'insatisfaction, autant d'ailleurs que la rencontre organisée par le conseil économique et social sur la société civile. Elles se poursuivront avec l'audience qu'accordera le président de la République à certaines personnalités dites nationales durant le mois du Ramadhan. A t –on fait un bilan objectif de la situation socio-économique et politique loin d'idées générales et surtout proposé des solutions réalistes ? La télévision algérienne vivant à l'ère du parti unique fait état comme toujours et sans analyse objective par contre d'un bilan euphorique. Les dirigeants algériens tireront-ils les leçons des expériences historiques en s'attaquant à l'essentiel du blocage qui est le fonctionnement du système et non aux apparences en évitant d'assimiler l'Algérien à un tube digestif, afin de mette le pays sur le bon chemin , éviter une explosion sociale et l'ingérence étrangère qui seraient alors inévitable ? S'il faille éviter la sinistrose car tout ce qui a été entrepris depuis l'indépendance politique n'a pas été totalement négatif, surtout après une décennie sanglante entre 1990/1999 où l'économie a été à l'arrêt, il faut également éviter l'autosatisfaction source de névrose collective. Et ce comme en témoigne les tensions sociales qui touchent tous les secteurs et toutes les wilayas de l'Algérie. Aussi, l'objet de cette modeste contribution est de situer avec objectivité le bilan et les perspectives qui engagent l'avenir de l'Algérie. L'Algérie devrait méditer l'échec récent en ce mois de juin 2011 des négociations pour le report du dégrèvement tarifaire en 2020 I.-L'Algérie ne saurait occulter les mutations mondiales , dont la nouvelle restructuration productive mondiale, la guerre récente des monnaies , aspirant adhérer à l'organisation mondiale du commerce (OMC) et étant liée à un Accord de libre échange avec l'Europe, signé en toute souveraineté par le gouvernement algérien, applicable depuis le 01 septembre 2005 postulant un dégrèvement tarifaire progressif allant vers zéro horizon 2017/2020 qui aura un impact sur le choix des projets futurs, les entreprises algériennes étant les plus fragiles du bassin méditerranéen.. Trois ans suffiront-ils pour créer de véritables entreprises compétitives ? Dans cet Accord, l'Algérie s'est engagée à aller résolument vers une économie de marché qui a ses propres règles de fonctionnement, n'existant pas d'économie de marché spécifique mais des spécificités sociales, d'aller vers la libéralisation de son économie, ce qui saurait signifier ouverture sauvage mais une ouverture maitrisée. Des divergences se sont manifestées depuis la promulgation des lois de finances complémentaire 2009/2011 encadrant et limitant l'investissement étranger. Dialogue de sourd : l'Algérie reproche à l'Europe le manque d'enthousiasme dans l'investissement invoquant que les baisses tarifaires auraient entraîné un manque à gagner de 2 milliards de dollars en 2009 et seraient de 7 milliards de dollars horizon 2017 selon le document présenté par l'Algérie le 15 juin 2010 à Bruxelles lors de l'évaluation de l'Accord et l'Europe reproche à l'Algérie le manque de visibilité dans les réformes micro-économiques et institutionnelles. Les contraintes seront plus dures si l'Algérie adhère à l'organisation mondiale du commerce (OMC). Le nombre de questions posées à l'Algérie lors des négociations ayant certes baissé, pour fin 2009, étant passé de 325, à 96, mais restent les questions fondamentales toujours en suspens posées surtout par l'Europe et les Etats-Unis d'Amérique, comme la dualité des prix du gaz, la libéralisation des services, la libre circulation des biens et des capitaux et une nette volonté politique d'accélérer le processus de privatisation des segments concurrentiels. L'Etat dépense 2 fois plus que la moyenne des pays émergents d'Asie avec des résultats deux fois moindres. II.- La population algérienne était de 35,6 millions d'habitants au 1er janvier 2010 et l'Office des statistiques ((ONS) donne une population de 36,3 millions d'habitants au 1er janvier 2011. Concernant la structure de la population, la répartition par âge fait ressortir que la population âgée de moins de 15 ans constitue 28,2% de la population totale et celle de moins de 5 ans, 10%, ce qui témoigne de l'augmentation récente de la natalité. La population active devrait dépasser les dix (10) millions et la demande d'emplois additionnelle varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an, nombre d'ailleurs sous estimé puisque le calcul de l'ONS applique un taux largement inférieur pour les taux d'activité à la population féminine, représentant pourtant la moitié de la population active et dont la scolarisation est en forte hausse. Pourtant le taux de chômage officiel est estimé à 10,2% en 2009 contre 11,3% en 2008 mais incluant les sureffectifs des administrations, des entreprises publiques, les emplois dans la sphère informelle et les activités temporaires de moins de six (6) mois en majorité des emplois improductifs refaire les trottoirs ou désherber les routes. Or, le taux d'emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. Selon les données statistiques tant de l' ONS que le bilan officiel de la situation socio-économique du Ministère des Finances diffusé lors de l'audience du président de la République le 25 août 2010 , malgré une injection massive de la dépense publique , l'Etat dépense 2 fois plus que la moyenne des pays émergents d'Asie avec des résultats deux fois moindres. Le taux de croissance global de l'économie est relativement faible, sachant qu'un accroissement par rapport à un taux de croissance faible de l'année précédente (ce qui est le cas de l'Algérie) donne toujours en valeur relative un taux de croissance faible même si le taux est supérieur l'année qui suit. Il aurait été de 2% en 2007/2008, 3% en 2009, (contre 5% entre 2005/2006) et selon les estimations internationales à 4 % en 2010, à 3,5% en 2011 et à 3,6% entre 2012 et 2014. Le produit intérieur brut en valeur nominale est de 154,4 milliards de dollars en 2009 et 161,9 milliards de dollars fin 2010 selon le FMI, montant en contradiction avec celui annoncé par le gouverneur de la banque d'Algérie car il faut raisonner à prix constants et non à prix courants de peu de signification (déflaté par la hausse des prix à la production). Hors hydrocarbures, le taux de croissance officiel a été pour 2009/2010 de 9,3% contre 6% en 2008 tiré essentiellement par l'agriculture et le BTPH, la loi de finances 2011 adoptée en conseil des ministres le 28 septembre 2010 donnant une prévision pour 2011 de 4% de taux de croissance du PIB dont 6% hors hydrocarbures. Face à ces données officielles notamment du taux de croissance, l'on peut démontrer aisément à partir du renversement de la matrice du tableau d'échange inter- industriel que la rente des hydrocarbures participe pour plus de 80% directement et indirectement à travers la dépense publique au taux de croissance officiel, ne restant aux seuls créateurs der richesses que moins de 20% dans la création de la valeur. Entre le taux de croissance réel et le taux de chômage officiel, nos calculs donnant un taux de chômage corrigé bien plus important. III.- Pour le gouvernement, le taux d'inflation a été de 1,6 % en 2005, 3% en 2006, à 3,5 % en 2007, 4,5% en 2008, 5,7% en 2009 et paradoxe, 4% en glissement annuel pour 2010. Or, selon un document relatif à une étude sur l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, du centre de recherche américain, Casey Research en date du 6 mars 2008, le taux d'inflation en Algérie serait 12 % pour l'année 2008, contre une moyenne de 7/8% au niveau de la région Mena. Le taux d'inflation officiel repose sur un indice largement dépassé, alors que le besoin est historiquement daté. Un agrégat global comme le revenu national par tête d'habitant peut voiler d'importantes disparités entre les différentes couches sociales. Une analyse pertinente doit lier le processus d'accumulation la répartition du revenu ( 70% percevant moins de 200 euros par mois net), le modèle de consommation par couches sociales, l'évolution des biens de première nécessité dont la hausse entre 2009/2010 est supérieure à Certes, le SNMG a plus que doublé en passant de 6.000 à 15 000 dinars ces dernières années, à prix courants, mais devant déflaté par le taux d'inflation réel pour déterminer le véritable pouvoir d'achat, 10% où les ménages en dessous de 200 euros consacrent 80% de leurs revenus. Aussi, une interrogation s'impose : comment est-ce qu'un Algérien, qui vit au SNMG, (120 euros par mois, soit 4 euros par jour alors que le kilo de viande est depuis les six mois de 2010 de 10 euros) fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation. La cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les transferts sociaux qui atteindront plus de 1.200 milliards DA en 2011, soit 18% du budget général de l'Etat et plus de 10% du PIB (taux identique entre 2009/2010) jouent temporairement comme tampon social ? Comme cela pose la problématique de la dépendance alimentaire croissante où la facture alimentaire dépassera 7 milliards de dollars en 2011 selon les premières données des statistiques douanières algériennes. Tirées par les demi-produits largement importés les exportations hors hydrocarbures ont terminé l'année 2010 à 1,7 milliard de dollars IV- Les exportations pour 97,6% en 2009/2010 représentées par les hydrocarbures libellées en dollars, d'où l'importance d'être attentif aux fluctuations des taux de change au niveau international, ont reculé d'environ 40% en 2009 par rapport à 2008. . Cependant pour le bilan de l'année 2010 selon le gouverneur de la banque d'Algérie, il ya eu un retour de tendance en 2010 et le premier trimestre 2011. La dette publique représente 3,5% du PIB et moyenne annuelle, le prix du baril de pétrole a évolué autour de 80,15 dollars en 2010 contre 62,26 dollars en 2009. Les effets l'évolution des cours du brut se sont matérialisés par une augmentation des exportations des hydrocarbures, une performance de 26,4% en 2010, soit un excédent de 18,81 milliards de dollars contre 7,78 milliards en 2009 ce qui a permis d'établir les réserves de change à environ 157 milliards de dollars. Hormis une légère baisse des quantités exportées (-1,78%), les exportations d'hydrocarbures sont ainsi passées de 44,1 milliards de dollars en 2009 à 56,12 milliards de dollars en 2010. Or pour Sonatrach il faut se demander pourquoi cette baisse du volume physique. Par ailleurs, hormis une légère baisse des quantités exportées (-1,78%), les exportations d'hydrocarbures sont ainsi passées de 44,1 milliards de dollars en 2009 à 56,12 milliards de dollars en 2010. Tirées par les demi-produits largement importés les exportations hors hydrocarbures ont terminé l'année 2010 à 1,7 milliard de dollars contre 0,7 milliard en 2009. Il ya lieu toutefois de noter une autre appréciation où selon le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS), courant 2010 les exportations hors- hydrocarbures, demeurent très marginales avec seulement 2,4% des exportations globales, soit l'équivalent de 1,05 milliard de dollars. Les importations dont la valeur approche les 39 milliards de dollars entre 2009/2010 ont accusé une légère baisse de 1,5 pc par rapport à 2008 en raison du recul de l'importation des produits alimentaires (11 pc), les autres produits de consommation (30, 4 pc), les produits semi-finis (7,2 pc) et les biens d'équipement industriels (6,5 pc) montrant que les mesures édictées dans le cadre de la loi des finances complémentaire n'ont qu'un impact plus que limité sur l'évolution da la valeur de nos importations, l'essence de la hausse des importations étant l'envolée de la dépense publique. Tout en devant être attentif pour les exportations à l'évolution du cours du dollar et pour les importations, tant à l'inflation mondiale qu'au cours de l'euro dont 60% environ libellées en euros, toute augmentation de la valeur d'euros gonflant la facture d'importation. V- Le bilan de l'investissement productif est mitigé. Selon les chiffres communiqués par l'Agence de développement des investissements, ANDI, fin juillet 2010, les déclarations d'investissement local, en termes de projets et non de réalisation, sont passées de 11.000 projets en 2007, à 17.000 en 2008, pour atteindre le chiffre symbolique de 20.000 en 2009 mais avec 1% seulement d'IDE. De ces projets, les chiffres avancés par l'ANDI, indiquent que ce sont les projets locaux qui sont dominants avec 99% des déclarations de projets. Pour ce qui est de la répartition des projets par secteur, c'est celui des transports qui attire le plus d'investissements depuis 2009 avec 60% en majorité des micro- projets, suivi par le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (16 %), du secteur de l'industrie (10 %), celui de l'agriculture (2 %). Le nombre de projets étrangers déclarés en intention a été de 694 projets en 2008, dont 387 projets dans le secteur de l'industrie pour un montant en valeurs monétaires dérisoire, estimé à 88 millions dinars (moins de 1 million d'euros). D'une manière générale les investissements directs étrangers significatifs réalisés restent insignifiants en dehors des hydrocarbures, avec un déclin entre 2009/2010 avec une baisse de plus de 40% par rapport aux années antérieures, tout se finançant sur fonds publics. C'est que l'économie se caractérise par un secteur public hypertrophié par rapport au secteur privé et la dominance du secteur informel contrôlant environ 40% de la masse monétaire en circulation moyenne 2008/2009, employant plus de 25% de la population active avec une contribution dans la formation du PIB (produit intérieur brut) hors hydrocarbures de 20 à 25%. Environ 42% des effectifs ne sont pas déclarés et 30% de leur chiffre d'affaires échappent au fisc dépassant 200 milliards de dinars annuellement, soit au cours actuel 2,6 milliards de dollars selon l'UGCAA. Cette organisation précise dans son rapport de 2009 que 80% des transactions commerciales se font sans aucune facturation, 70 à 80% des transactions utilisent le « cash », comme moyen de payement, que près de 900 000 sur les 1,2 million de commerçants inscrits au CNRC ne payent pas leurs cotisations à la Casnos et que l'approvisionnement des 2/3 de la population provient de la sphère informelle. Et selon le rapport du 15 septembre 2010 de l'enquête menée par la Direction générale des impôts (DGI) sur les opérateurs du commerce extérieur environ 11 mille entreprises n'ont pas payé leurs impôts en 2009, sur une liste 29 mille opérateurs interdits de domiciliation bancaire et d'exercer des activités du commerce extérieur. Le montant des réserves de change, signe monétaire dues à des facteurs exogènes et non signe du développement. VI- Le pays est fortement dépendant des biens de capital et des biens de consommation intermédiaires et finaux presque tous importés n'ayant pas jeté les bases d'un appareil productif capable d'affronter la concurrence internationale et les tendances relatives des grands agrégats économiques bien que positives, révèlent une macroéconomie sous contrôle relatif. Les hydrocarbures représentent l'essentiel des exportations et la persistance des déficits publics a produit un système d'éviction sur l'investissement productif et une dette publique intérieure et extérieure épongée artificiellement par la rente des hydrocarbures. Devant être attentif pour toute analyse objective à la balance des paiements et non uniquement à la balance commerciale, le niveau de la dette extérieure à moyen et long terme est estimé à 3,92 milliards de dollars au 01 janvier 2010 (principal et service de la dette) et le montant poste assistance technique étrangère de 4 milliards de dollars en 2004 à 11 milliards de dollars entre 2008/2010. Le montant des réserves de change, signe monétaire dues à des facteurs exogènes et non signe du développement, composée des réserves de change à hauteur de 46% en dollars et à 42% en euros, le reste étant constitué d'autres monnaies étrangères à l'image de la livre sterling et le yen japonais, dont 80% environ placées à l'étranger , notamment en bons de trésor américains et européens, ont été estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110 milliards en 2007 et à 138,35 milliards de dollars en 2008 pour 2009 à 147,2 milliards de dollars US et 157 milliards de dollars fin 2010. Face à cette aisance financière, la dépense publique est passée successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars mais faute de bilan on ne sait pas si l'intégralité de ce montant a été dépensé. Quant au programme d'investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements financiers de l'ordre de 21.214 milliards de DA (ou l'équivalent de 286 milliards de dollars) et concerne deux volets, à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009, l'équivalent à 130 milliards de dollars (46%) et l'engagement de projets nouveaux pour un montant de 11.534 milliards de DA soit l'équivalent de près de 156 milliards de dollars. Qu'en sera-t-il des restes à réaliser pour les nouveaux projets inscrits au 31/12/2004 à la fois faute de capacités d'absorption et d'une gestion défectueuse ? L'Algérie utilise un système de classification obsolète avec la lourdeur des procédures qui empêchent la clôture rapide de la période de fin d'exercice VII-Cette tendance lourde de non maitrise de la dépense publique est confirmée par la loi de fiances complémentaire 2011 qui a été établie sur la base de 37 dollars le baril de pétrole et pour le taux de change 74 dinars pour 1 dollar. Cette loi prévoit une forte aggravation du déficit budgétaire à 33,9% du produit intérieur brut. Les dépenses de fonctionnement prévues sont de 4 291 milliards de dinars dont 856,8 milliards de dinars additionnels, en hausse de 24,9% et les dépenses d'équipement de 3 981 milliards de dinars dont 797,26 milliards de dinars additionnels, en hausse de 25%. Quant aux recettes budgétaires elles sont de 3 198 milliards de dinars (en hausse de 6,8%), dont 1669 milliards de dinars de fiscalité ordinaire, en hausse de 11%, et 1 529 milliards de fiscalité pétrolière, en hausse de 3,8% et le Fonds de régulation des recettes (FRR) est évalué à 4842,8 milliards à fin 2010. Cela résulterait des revalorisations salariales , l'extension du soutien aux produits alimentaires subventionnés, des mesures afin de permettre la relance de la PME , les subventions pour préserver le pouvoir d'achat des ménages, une forte réduction des charges patronales relatives aux cotisations à la Sécurité sociale, une imposition progressives aux micro-entreprises et aux activités créées pour résorber l'informel ainsi que des avantages fiscaux et domaniaux pour le développement touristique. En conclusion du document, il est prévu un taux de croissance de 6%, un taux d'inflation 4%, un produit intérieur brut (PIB) : 13 900 milliards de dinars (valeur courante), mais en volume plus significatif une baisse de 3,9% ; des exportations d'hydrocarbures de 67,5 milliards de dollars et des importations de marchandises : 41,3 milliards de dollars. En conclusion le déficit budgétaire s'établirait à 4693 milliards de dinars. Comment dès lors affirmer que le déficit budgétaire réel serait de 10% au lieu de 33,3%, que l'on ne touchera pas aux fonds de régulation des recettes en invoquant des mesures transitoires qui ne se répéteraient pas dans le temps. Quels segments économiques et couches sociales ciblées transitoires ? Excepté les reliquats des salaires avec effet rétroactif depuis le 01 janvier 2008, les autres augmentations se feront dans le temps et ne pas transitoires. Le gouvernement peut-il dans la situation actuelle, au risque d ‘une explosion sociale, supprimer les subventions comme nous assistons chaque jour à des revendications salariales qui sont satisfaites ? Comme si l'Algérie aurait par enchantement et en 2012 /2015 une production hors hydrocarbures afin de créer des emplois durables, permettre des augmentations de salaires grâce à une productivité croissante afin de calmer le front, social qui comblerait la fiscalité pétrolière dont est issu le fonds de régulation des recettes. Le ministre des finances fait un pari hasardeux sur un cours du pétrole supérieur à plus n de 120 dollars à prix constants seuil minimum pour combler l'actuel déficit budgétaire et comprimer artificiellement l'inflation par des subventions. Dans ce cadre de l'efficacité mitigée de la dépense publique, le rapport de la Banque mondiale 2008 remis aux autorités algériennes montre clairement, à partir d'enquêtes précises sur le terrain, la faible efficacité de la dépense publique du programme de soutien à la relance économique. D'où les effets mitigés de la dépense publique et les réévaluations permanentes qui , sans être exhaustif, sont les suivantes : l'existence d'un décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles ; l'absence d'interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d'investissement et le budget de fonctionnement ; des passifs éventuels potentiellement importants ; des écarts considérables entre les budgets d'investissement approuvés et les budgets exécutés ; des longs retards et des surcoûts pendant l'exécution des projets. Pour la formulation, l'Algérie utilise un système de classification obsolète avec la lourdeur des procédures qui empêchent la clôture rapide de la période de fin d'exercice pour l'arrêt du budget du fait que le système de gestion budgétaire du pays est inadapté et a besoin d'être considérablement revu , ces surcoûts de transaction étant amplifiés par les longs circuits d'information, avec le chevauchement des responsabilités entre les diverses autorités et parties prenantes (25 commissions ministérielles et 48 commissions de wilaya dans le cas du PSRE). Le guide de management des grands projets d'infrastructures économiques et sociales élaboré en 2010 par la caisse nationale d'équipement pour le développement (CNED) sur le contrôle financier et la dépense d'équipement, stipulant que toutes les études de maturation des projets devront être validées par la CNED, avant le lancement des projets, et la soumission de toute réévaluation des projets au delà de 15%, à l'aval du Conseil des ministres, contribueront ils à affiner l'action des pouvoirs publics en matière d'efficience des dépenses publiques ? Ces mesures mettront- elles fin au gaspillage des ressources eu égard au surcoût caractérisant la majorité des mégaprojets et surtout de la léthargie du système financier lieu de distribution de la rente (enjeux des réformes futures et donc du pouvoir) expliquant que les réformes annoncées depuis 1990 n'ont jamais été réalisées. Les banques algériennes n'arrivent pas à concurrencer sérieusement leurs consœurs marocaines et égyptiennes, selon « d'African Business », de septembre 2010, dans son dossier « Africa's Top 100 Banks 2010. Le système financier algérien est dans l'incapacité d'autonomiser la sphère financière de la sphère publique, cette dernière étant totalement articulée à la sphère publique dont l'Etat est actionnaire à 100%, le privé local ou international étant marginal, et les dernières mesures contenues dans la loi de finances 2010 devraient encore le restreindre. Après plus de 10 années d'ouverture, le marché bancaire algérien selon le rapport de la banque d'Algérie, de 2009 se compose de six banques publiques et de quatorze banques privées, mais ne devant pas confondre l'importance du nombre de banques privées actives en Algérie, puisque 90% du financement de l'économie algérienne dont 100% secteur public et plus de 77% secteur privé, se fait par les banques publiques avec une concentration au niveau des actifs de plus de 39% au niveau d'une seule banque, la BEA, communément appelé la banque de la Sonatrach. Seulement 10% du financement de l'économie sont pris en charge par les banques privées, (moins de 6000 personnes sur un total d'emplois de plus de 35.000) avec une concentration de plus de 52% toujours pour les actifs pour trois banques. De ce fait, le passage du Remdoc au crédit documentaire Crédoc, introduit par les lois de finances 2009/2010 comme seul mode de financement, outre qu'il ne garantit pas la traçabilité existante déjà au niveau du Remdoc, procédure normale sous d'autres cieux, peut devenir d' une efficacité limitée pénalisant bon nombre de PMI/PMI majoritaires en Algérie qui n'ont pas de couvertures financières suffisantes, et obligeant bon nombre de grandes entreprises publiques faute de management stratégique, à des surstocks coûteux. La raison fondamentale est que le système financier algérien bureaucratisé (guichets administratifs) est déconnecté des réseaux internationaux expliquant d'ailleurs le peu d'impact de la crise financière mondiale sur l'Algérie, démontrant une économie sous perfusion de la rente des hydrocarbures, les banques prenant peu de risques dans l'accompagnement des investisseurs potentiels. La Coface indique avoir observé depuis juillet 2009, une dégradation du climat des affaires que des dispositions plus récentes n'ont fait que confirmer. VIII- Nous assistons de ce fait à un environnement des affaires contraignant. Dans son rapport du 9 septembre 2010, le World Economic Forum (WEF-Forum économique mondial), classe l'Algérie la 86ème place avec un score de 3,96 pour sa compétitivité. La Deutsche Bank à partir de critères dont la stabilité macroéconomique et socio- politique , la diversité et la solidité du secteur bancaire et financier, le climat des affaires, l'ouverture économique, le cadrage juridique des investissements étrangers qui après avoir estimé dans son rapport de 2007 que l'Algérie est en passe de devenir une puissance émergente au sein de la région du Maghreb, revoit sa position dans son rapport de 2010 et déclassera l'Algérie qui occupe dorénavant le dernier du classement des pays de l'Afrique du Nord, juste devant la Libye. La Compagnie française d'assurance spécialisée dans l'assurance-crédit à l'exportation (Coface), a mis sous surveillance négative de la note B, environnement des affaires de l'Algérie dans son rapport de fin juillet 2010, précisant que « les politiques restrictives à l'égard des importations et des Investissements Directs Etrangers justifient, la mise sous surveillance négative de la note B environnement des affaire ». La Coface indique avoir observé depuis juillet 2009, une dégradation du climat des affaires que des dispositions plus récentes n'ont fait que confirmer. «Les mesures prises pour limiter les importations et les sorties de capitaux, pénalisent les opérateurs, en renchérissant et en retardant leurs approvisionnements. Elles ont, en outre, accru le poids d'une bureaucratie déjà trop importante. Le climat des affaires pâtit également et des restrictions s'appliquant aux investissements étrangers, qui rend le pays de moins en moins attractif, alors que l'économie en a le plus grand besoin pour créer des emplois et de la croissance», souligne la Coface. Ces diagnostics vont dans le même sens que le rapport établi par le groupe de la Banque mondiale (BM) « Investing Across Borders 2010 », soulignant que des lois trop restrictives ou encore désuètes sont des obstacles aux investissements, soulignant que leur mise en œuvre peut engendrer des coûts additionnels pour les investisseurs et celui de Doing Business dans son édition 2010 qui apprécie encore une fois assez négativement l'économie algérienne, notamment dans ses deux chapitres liés au climat des affaires en Algérie soustrayant même deux points à l'Algérie par rapport à 2009, la reléguant à la 136ème place sur les 183 évalués dans le cadre du classement des meilleurs élèves dans le domaine des facilités accordées à l'investissement. De plus, il est à noter que le classement 2010 ne prend pas en considération les mesures prises dans le cadre de la LFC 2009 intervenues alors que les données du Doing Business étaient déjà collectées, ce qui laisse présager que le classement de 2011 favorisera encore moins l'Algérie. Selon ce rapport, l'Algérie doit d'améliorer sa compétitivité du point de vue de la sophistication des affaires (128ème place), de l'efficience du marché du travail (127ème place), de l'efficience du marché des biens (126ème place), du développement technologique (123ème place), du point de vue des institutions (115ème place) , de l'innovation (114ème place) et de l'enseignement supérieur et de la formation (102ème place). Le rapport note une détérioration du climat des affaires en 2009 où l'Etat algérien émet des signaux contradictoires particulièrement en matière de la promotion de l'investissement privé national et étranger. A part le secteur des hydrocarbures, celui des télécommunications, certains segments des services à rentabilité immédiate, l'Algérie ne semble guère intéresser les investisseurs étrangers. L'Algérie et l'Egypte sur un même pied d'égalité comme les pays connaissant un haut degré de corruption avec un score déplorable de 2,8 sur 10 IX-. Pour l'indice du développement humain(IDH), l'Algérie avait perdu 4 places, passant de la 100e place, en 2008, à la 104e en 2009 et selon le 20ème rapport 2010 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publié le 05 novembre 2010 , l'Algérie, est à la 84ème, avec un indice de 0,677 améliorant son classement de 20 places .La Libye est le pays maghrébin le mieux classé mondialement (53ème position), avec un indice de 0,755, suivie de la Tunisie, 81ème, avec un indice de 0,683. Le Maroc est à la 114ème place avec un indice de 0,567 et la Mauritanie est en 136ème position, avec un indice 0,433. Le rapport a classé les pays en quatre groupes: les pays à développement humain très élevé (42 pays), les pays à développement humain élevé (43 dont l'Algérie), ceux à développement humain moyen (42) et faible (42). Le meilleur IDH au monde en 2010 a été réalisé par la Norvège avec un indice de 0,938. Le PNUD indique que l'Algérie consacre 4,3 % de son PIB à l'éducation, 3,6 % à la santé, 0,1 % à la Recherche et Développement, que l'espérance de vie est passée à 73 ans, le taux de mortalité des enfants ayant baissé et la population sans électricité est de 0,6 %. S'il faille se féliciter de cette amélioration, éviter la sinistrose gratuite et les dénigrements, il faut également éviter l'autosatisfaction source de névrose collective. Cet indice du développement humain mitigé est corroboré officiellement par une enquête réalisée par l'Office national des statistiques en 2009, qui précise qu'au quatrième trimestre de l'année 2009, plus de la moitié de la population en activité était dépourvue de couverture sociale, et 50,4% de l'ensemble des travailleurs n'étaient pas déclarés à la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas). Sur les 9.472.000 occupés, enregistrés au 4e trimestre de l'année 2009, 4778.000 personnes ne sont pas affiliées au régime de la sécurité sociale, soit un occupé sur deux. L'enquête fait apparaître que près de cinq millions d'Algériens sont en situation de précarité, ne pouvant ni se faire rembourser leurs frais médicaux et encore moins de pouvoir bénéficier d'une retraite décente puisque les entreprises qui les emploient ne s'acquittent pas de leurs frais de cotisations. L'ONS montre que le phénomène touche en priorité le monde rural dont la proportion a atteint les 60% tandis qu'en zones urbaines les travailleurs non affiliés à la caisse de sécurité sociale représentent 46, % de la population activant au noir, avec 89% dans le secteur de l'agriculture et 79,8% dans celui du bâtiment et des travaux publics. Cette situation, si elle venait à persister, fragiliserait la situation des finances de la Caisse nationale des assurances sociales(CNAS) et mettrait indiscutablement en danger l'existence même du système de régime des retraites en cas de chute des recettes des hydrocarbures. Tout cela renvoie à la bonne gouvernance. Justement, dans le cadre, de la bonne gouvernance, l'organisation internationale Transparency International dans son indice de perception de la corruption dans son rapport annuel paru le 17 novembre 2009, classe, ironie de l'histoire, l'Algérie et l'Egypte sur un même pied d'égalité comme les pays connaissant un haut degré de corruption avec un score déplorable de 2,8 sur 10, tous les deux se retrouvant à la 111ème place sur 180 pays. L'on sait que les auteurs de l'IPC considèrent qu'une note inférieure à 3 signifie l'existence d'un « haut niveau de corruption au sein des institutions de l'Etat » et que des affaires saines à même d'induire un développement durable ne peuvent avoir lieu, cette corruption favorisant surtout les activités spéculatives. Ainsi, l'Algérie par rapport à 2008, chute de 3,2 à 2,8 sur 10 allant de la 92ème place en 2008 à la 111ème en 2009, perdant 20 places, ce qui la ramène à l'année 2005 où elle avait obtenu une note de 2,8 sur 10. Toujours au niveau des rapports internationaux, une récente étude datant de mars 2010 réalisée par la Global Financial Integrity (GFI) et publiée à Washington DC (USA), a classé l'Algérie au troisième rang au niveau continental, des pays ayant un haut débit de sortie financière illicite. Intitulée « les flux financiers illicites en provenance d'Afrique: ressource cachée pour le développement », l'étude s'est concentrée davantage sur les sorties financières illicites d'une seule source » mauvaise évaluation des prix du commerce ». Réalisée sur la période s'étalant de 1970 à 2008, cette étude a relevé que l'Afrique a perdu plus de 1,8 billions de dollars de sorties financières illicites en plaçant le Nigeria au sommet de l'échelle avec 89,5 milliards de dollars, suivi de d'Egypte (70,5), l'Algérie (25,7), le Maroc (25), et l'Afrique du Sud (24,9). Ainsi, le flux massif de capitaux illicites hors de l'Afrique dont l'Algérie est facilité par un système d'ombre financier mondial, comprenant les paradis fiscaux, territoires à secret, les sociétés déguisées, les comptes anonymes et des fondations fictives Selon la même étude, cette sortie de fonds épuise les réserves en devises, accroît l'inflation, réduit les rentrées fiscales, annule l'investissement, et compromet le libre-échange. Son plus grand impact a été relevé, notamment, sur ceux qui sont au bas des barèmes de revenus dans leurs pays, la suppression des ressources qui pourraient être utilisées pour réduire la pauvreté et la croissance économique. Ce rapport insiste sur la nécessaire transparence pour restreindre la tendance de cette sortie de fonds et également la concertation internationale autour de ce phénomène, car, s'il y a des pays corrompus il y a forcément des pays plus corrupteurs que d'autres. Doit-on continuer toujours d'assainir ou n'est-il pas préférable de projeter des investissements nouveaux pouvant tenir tête à la concurrence internationale ? X- Face à cette situation, nous assistons tant à une instabilité juridique perpétuelle qu'à un changement de politique économique, facteurs liés, qui limitent les secteurs dynamiques et découragent les entrepreneurs publics et privés dans le cadre de l'allocation sectorielle d'investissement, les orientant vers les activités spéculatives. Du point de vue organisationnel, après les sociétés publiques (1965/1997), en 1988, l'Etat crée 8 fonds de participation qui étaient chargés de gérer les portefeuilles de l'Etat et en 1996, 11 holdings en plus des 5 régionaux avec un Conseil national des privatisations. En 2000, nous assistons à leurs fusions en 5 méga holdings et la suppression du Conseil national des privatisations. En 2001, l'Etat algérien dissout les holdings et met en place des sociétés de gestion des participations (SGP) chargées à la fois de la privatisation et les capitaux marchands de l'Etat, dont 11 établissements financiers relativement autonomes. Lors de différents Conseils de gouvernements tenus durant toute l'année 2007, une nouvelle organisation est proposée par le ministère de la Promotion de l'Investissement, ( les deux grandes sociétés hydrocarbures Sonatrach et Sonelgaz, régies par des lois spécifiques n'étant pas concernées), articulée autour de quatre grands segments : des sociétés de développement économique qui relèvent de la gestion exclusive de l'Etat gestionnaire ; des sociétés de promotion et de développement en favorisant le partenariat avec le secteur privé international et national ; des sociétés de participation de l'Etat appelées à être privatisées à terme; et enfin, une société chargée de la liquidation des entreprises structurellement déficitaires. Courant février 2008, cette proposition d'organisation, qui n'a pas fait l'unanimité au sein du gouvernement et certainement au niveau de différentes sphères du pouvoir, est abandonnée. Aussi, après la feuille de route que s'était tracée l'ex ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI), n'ayant pas recueilli le consentement, annonce officiellement fin 2009, la dissolution prochaine des SGP devant revenir à l'ancienne tutelle des Ministères. Parallèlement, l'on assiste au gel des privatisations, dont d'ailleurs, le bilan est dérisoire faute d'un non consensus au niveau des différentes sphères du pouvoir, puisque 477 sociétés ont été privatisées depuis 2003 sur plus de 1200 jusqu'au premier trimestre de l'année 2008 concernant des unités marginales, ayant permis au trésor public seulement 140 milliard de dinars (1,8 milliard de dollars). Cette évolution organisationnelle des capitaux marchands de l'Etat, ne peut être séparée des différentes politiques économiques entre 1963/2010. Ainsi face à cette situation le gouvernement algérien depuis 2009 entreprend une nouvelle réorientation de sa politique économique. Ces nouvelles mesures projectionnistes permettront-elles de relancer l'outil de production et les entreprises nationales, pourront-elles répondre aux défis liés à la réalisation du programme de développement national 2010/2014 de 286 milliards de dollars analysé précédemment ? Doit-on continuer toujours d'assainir ou n'est-il pas préférable de projeter des investissements nouveaux pouvant tenir tête à la concurrence internationale ? Les entreprises locales profiteront-elles de cette situation de rente pour pousser à une meilleure intégration et combien d'entreprises publiques et privées locales ont-elles des laboratoires de recherche appliquée digne de ce nom y compris Sonatrach ? Aussi, de plus en plus d'experts algériens recommandent qu'au lieu de cette vision juridique peu opérante des 49/51% lui soient substitués la balance devises excédentaire et l'apport technologique et manageriel pour tout investissement étranger. A cela s'ajoute la nécessaire cohérence et visibilité qui sont les principes cardinaux du monde des affaires. Faute de quoi, ces mesures auront un impact très mitigé sur l'accumulation c'est-à-dire le développement futur du pays. Après une période d'ouverture 2000/2007, depuis 2008/2010, l'Etat algérien affiche nettement une volonté de retourner au tout Etat gestionnaire en restreignant les libertés économiques. Le pouvoir d'Etat veut tout régenter, limiter l'autonomie des entreprises publiques, soumette le secteur privé local à sa propre logique et également limiter le secteur privé international avec une logique essentiellement administrative juridique- (participation majoritaire dans le capital) invoquant le contrôle des secteurs stratégiques sans délimitations précises. Toutes les actions depuis 2009, semblent aller dans ce sens, comme en témoigne le gel de l'autonomie des entreprises publiques avec une gestion administré, les gestionnaires publics attendant les ordres d'en haut et de surcroît sans planification stratégique des autorités de tutelle. De nombreuses sociétés à capitaux publics sont retournées depuis 2009 dans le giron des ministères de tutelle, mettant fin de fait à leur autonomie. Ce retour au dirigisme inquiète les gestionnaires du secteur public. D'ailleurs l'assainissement des entreprises publiques a couté au trésor plus de 50 milliards de dollars entre 1971/2010 sans résultats probants , 70% des entreprises étant revenues à la case de départ et le gouvernement vient de débloquer encore 16 milliards de dollars pour l'année 2011 au nom d'une paix sociale fictive et transitoire , qui combinée à l'injection d'une masse monétaire sans précédent risquant de conduire le pays à une hyperinflation que l'on essaie de comprimer transitoirement par des subventions. Selon nos enquêtes auprès des gestionnaires publics, les réponses fréquentes sont les suivantes : « nos clients sont nos chefs. Ils nous donnent du travail et des ordres. On ne peut pas les contredire, contester une décision, ou refuser un projet parce qu'il n'est pas rentable. On ne peut pas traiter avec eux sur une base économique ; le dirigisme signifie que le politique va primer sur l'économique. Plus inquiétant, des informations font état de la volonté du gouvernement de réduire au maximum les prérogatives des gestionnaires publics au profit des ministres. Cette politique fait peur aux gestionnaires publics qui prennent le moins possible d'initiatives pour éviter de se retrouver en prison. Or la définition de l'entreprise et du manager c'est la prise de risque et sans cela l'on ne peut aller à l'innovation et conquérir des marchés où la concurrence internationale est vivace. Que deviendra l'Algérie avec la baisse de ses recettes ? XI- En conclusion, l'économie algérienne est une économie totalement rentière. Malgré des discours depuis des décennies, pour stimuler les exportations hors hydrocarbures marginales, le nombre d'exportateurs étant passés de 280 entreprises algériennes exportatrices dans les années 80 à 40 seulement en 2010. Il s'ensuit que les résultats demeurent mitigés le pétrole (49% des recettes) et le gaz (49% des recettes) représentent toujours et encore, à eux seuls, 77 % des recettes fiscales et 98% des exportations, la logique entière avec pour corolaire la facilité des dépenses monétaires sans se préoccuper de la bonne gestion et la corruption étant en plein syndrome hollandais. Or pour le gaz qui devrait dans la part des exportations aller en croissant l'étude récente du FMI de juin 2011 prévoit une bulle gazière en raison de la révolution du gaz non conventionnel pendant au moins la période 2011/2020. Que deviendra l'Algérie avec la baisse de ses recettes ? Il s'agira donc à l'avenir d'éviter les graves dérives et dangers de l'économie prédatrice et mafieuse afin qu'entre 2011/ 2020, l'Algérie puisse tripler le produit intérieur brut, dominance des segments hors rente, soit 500 milliards de dollars à prix constants 2011,pour une population dépassant 40 millions, 50 millions horizon sans hydrocarbures en 2030, si elle veut éviter de graves dérives sociales et politiques. Pour cela la bonne gouvernance à tous les niveaux sera déterminante. Les réformes impliquent donc une société où domine un Etat de droit, où c'est la norme du droit qui devrait reprendre sa place pour légitimer le véritable statut de la citoyenneté. Le passage de l'Etat de « soutien » à l'Etat de droit est de mon point de vue un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social et politique entre la Nation et l'Etat. La présentation du bilan socio-économique montre clairement le manque de visibilité et de cohérence, fruit de rapports de forces contradictoires pour le partage de la rente des hydrocarbures avec une concentration excessive pour une minorité rentière et un paradoxe , une aisance financière et des inquiétudes pour l'avenir résumé par cette phrase lapidaire : un Etat riche mais une population de plus en plus pauvre. Face à cette situation d'incertitudes, tout le monde veut avoir sa part de la rente. La majorité de la population algérienne, avec à leur tête ses dirigeants, vit à crédit dans la mesure où les bons hydrocarbures ont épuisables et que la richesse fictive ne provient pas de l'intelligence et du travail, hypothéquant l'avenir des générations futures. La distribution récente de salaires sans contreparties productives, sous la pression des évènements en est le témoignage vivant. Le danger qui guette donc l'Algérie est d'aller vers un suicide collectif. Un ébat national sans exclusive, le blocage étant d‘ordre systémique, devient urgent afin de réaliser un développement harmonieux et une transition démocratique pacifique s'adaptant tant aux mutations sociales internes qu'aux nouvelles mutations mondiales.