Achaacha, chef lieu de daïra sis à 80 km à l'Est de Mostaganem au cœur de la Dahra orientale, éprouve de la peine à avoir la physionomie d'une petite ville moderne abritant les différentes représentations administratives et commerciales. Ce n'est guère l'état qui lésine sur les moyens mais ce sont les responsables locaux, en manque d'imagination et de volonté, qui n'arrivent pas à suivre la cadence des mutations et l'essor du développement. Malgré les milliards dépensés, Achaacha demeure à la traine pour acquérir le statut d'une ville, chef lieu de daïra, par la faute d'un laxisme intolérable de ses responsables. Le phénomène inquiétant, qui soulève tant de questions et d'appréhensions chez la population locale, est cette course effrénée à construire n'importe où et n'importe comment, illicitement bien sûr. La situation relative au phénomène précité, qualifiée de catastrophique par le citoyen, est des plus préoccupantes et semble prendre des proportions alarmantes. L'index est pointé vers la société civile à cause de sa passivité et son indolence devant un phénomène néfaste de cette envergure ainsi que vers l'APC et l'administration locale pour avoir encouragé le phénomène et favorisé son évolution par un mutisme qui ne dit pas son nom, voire par une complaisance criarde, selon certains observateurs. Des constructions illicites sont recensées tous les jours montrant ainsi l'impuissance de l'Etat ou plutôt ceux qui, élus ou commis, ont pour rôle de faire appliquer la loi. Les dispositions réglementaires adoptées par les pouvoirs publics pour combattre l'habitat illicite et précaire sont pourtant claires et fermes. Les dispositions de la loi 04-45 du 14 août 2004, modifiant et complétant la loi 90/29 du 1er décembre 1990 relative à l'aménagement et l'urbanisme sont là et définit clairement les compétences et les responsabilités de chacun. L'article 12 de la loi précitée énonce en substance que « Lorsque la construction est érigée sans la délivrance d'un permis de construire, l'agent légalement ou dûment habilité est tenu de dresser un procès-verbal de constatation de l'infraction et de le transmettre au président de l'Assemblée populaire communale et au wali, compétents, dans un délai n'excédant pas soixante douze (72) heures. Dans ce cas, nonobstant les poursuites pénales, le président de l'Assemblée populaire communale compétent prend un arrêté de démolition dans un délai de huit (8) jours à compter de la date de remise du procès-verbal de constatation de l'infraction… Le refus par le contrevenant de la décision de démolition décidée par l'autorité communale, auprès de la juridiction compétente, n'est pas suspensive de la mesure de démolition prise par la dite autorité administrative ». L'absence totale de respect et d'une application rigoureuse des lois a été exploitée par des citoyens sans foi ni loi. Un laisser-aller qui ne pouvait pourtant qu'à aboutir à des situations compliquées qui influeraient sur le développement convenable de la cité. A moyen et long termes, l'implantation des équipements publics et des projets à utilité publique serait difficile à concrétiser par de tels agissements. Des constructions sont érigées sur des voies projetées, et même existantes, dans l'impunité totale. A titre d'exemples, pas loin du siège de l'APC, une ruelle est étroitement étranglée par des habitations érigées de part et d'autre. A proximité de la nouvelle mosquée, un autre citoyen, très gourmand et bénéficiant du laxisme des autorités, a procédé à l'extension de son habitation, elle-même construite illicitement, en annexant le trottoir et la moitie de la rue avoisinante donnant l'air de narguer tout le monde. La liste est longue et on recense déjà plusieurs dizaines de contrevenants qui ont été verbalisés par la brigade d'urbanisme de la sureté nationale, seul organisme qui fait son travail convenablement dans la limite des prérogatives que lui confère la législation. Pour des raisons diverses, la suite est connue et les contrevenants n'ont jamais été inquiétés. Profitant de l'immobilisme des responsables, recourir au chantage ou bénéficier de largesses douteuses, tous les moyens sont bons afin d'aller au terme de son projet. Durant la nuit, les week-end et les jours fériés, les travaux de constructions se poursuivent avec intensité et en toute impunité jusqu'à ce que l'habitation prenne forme mettant ainsi les pouvoirs publics devant le fait accompli et rendant l'acte de sa démolition plus compliqué. En plus et à ce jour, le nouveau PDAU (Plan Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme), approuvé depuis une année, n'a pas été mis en œuvre par l'ouverture des pistes pour délimiter les espaces et organiser l'urbanisme. Profitant de la confusion, des citoyens construisent n'importe où, même sur des voies projetées. Avec l'approche des échéances électorales, le phénomène prendra davantage d'ampleur dans la mesure où les élus se trouveront concentrés, ils le sont déjà, vers les événements politiques et ne peuvent en aucun cas intervenir pour des raisons qu'ils jugent nuisibles à leurs desseins en matière de politique. Les enjeux sont énormes puisque l'autorité de l'état et l'avenir de la population qui sont en jeu. C'est pourquoi, il est temps d'agir.