Novembre 1954 a toujours été au cœur du Dahra, malheureusement les Dahraouis ne seront point inscrits à titre posthume dans l'histoire, mais il ne faut pas s'y tromper, car tôt ou tard ils forceront les portes de celle-ci pour être révélés quelque soit le temps ou la durée». Certains se sont permis, d'éliminer des pans entiers de l'histoire de la nation, amenuisant l'impact de cette région qui a été à l'avant-garde de ce combat libérateur, dès novembre 1954. Le Dahra a toujours été le théâtre de batailles et ce, depuis des siècles d'où les soulèvements des tribus des Médjahers, des Ouled Souied, de l'Emir Abdelkader, de Boumaza, des Ouleds Sidi Cheikhs, et d'autres encore plus mémorables. Le Dahra c'est les enfumades d'Ouled Riah ou plus d'un millier de personnes, dont les femmes et les enfants furent brulés vifs par le sinistre général Pélisier, au Gharr Sbih où le 15/11/1957, 104 chahids furent gazés par l'armée coloniale française. A l'occasion de ce 57ème anniversaire du 1er novembre 1954, l'évènement est d'autant plus important, pour sortir ces hommes de l'oubli. Appelé nuit de la Toussaint par les coloniaux, nuit de l'espoir pour le peuple Algérien, qui a fait battre le cœur de ces hommes. Premier coup de feu, à 23 heures 45 en cette veille de novembre et pour être précis le 31octobre, sur le nommé Laurent qui se dirigeait vers Khadra (ex Picard située à prés de 80km de Mostaganem). Il sera aussi le mois de la déferlante coloniale, et des arrestations de Belhamiti, Sahraoui Aek, Meziane Boutaiba, Senouci, Hassaine, et ce, dès les premiers jours. Cet interlude historique, sera ponctué par de nombreux crimes perpétrés contre des civils par l'autorité coloniale dans la région de Sidi Ali « ex Cassaigne », Hadjadj « ex Bosquet », Benabdelmalek Ramdane « ex Ouillis », Sidi Lakhdar « ex Lapasset », Douar Esmara, Ouled El Hadj pour ne citer que ceux-là. Dans cette région les coloniaux, tuaient pour le plaisir et c'est ce qui ressort de certains témoignages, surtout concernant le Criminel De Jeanson, propriétaire à l'époque d'une ferme aux abords de Hadjadj plage (ex Bosquet). Il sera l'auteur de nombreux crimes perpétrés contre la population de Hadjadj, commettant des assassinats, et c'est dans la forêt d'Ain Brahim plage, qu'il s'adonnait à son jeu de massacre, à savoir tuer des innocents. La région de Sidi Ali « ex Cassaigne » quant à elle s'illustrait par son camp de la mort où les prisonniers subissaient les pires tortures, disparaissaient ou assassinés sans aucune forme de procès. Connue pour être une zone très sensible, l'armée coloniale y était concentrée, de par le renforcement des unités de spahis et du 2ème bureau réputés pour leurs atrocités. Le choix de ce camp dans la Région, n'était pas fortuite pour ne pas oublier de citer entre autres la prison d'Oued El Kheir située à point zéro aussi réputée pour les tortures et les sévisses. Vu sa situation stratégique, il ne faut pas oublier que la région du Dahra a été le théâtre d'un va et vient incessant de chefs historiques qui se sont succédés dans le cadre de la préparation de la lutte de libération, et de nombreuses réunions se sont tenues à des endroits différents, telles que celle des Hachems en 1953, présidée par Rabah Bitat dans le mausolée de Sidi Ben Mhel, d'avril 1954 à Tijditt par Larbi Ben M'hid à El Maksar dans la maison de Moulay Cherif, et du 28 octobre 1954, présidée toujours par le chahid Larbi Ben M'hidi. Elle aura regroupé les principaux acteurs de la région, à Ghar Sidi Youssef dans la maison de Si Affif Bouziane, dont le chahid Ben Abdelmalek Ramdane, Bordji Amar, Bellahouari, Si Affif Ahmed, Sahraoui Aek, Belhamiti Bendehiba et d'autres venant du Douar d'Ouled Bouziane. . Dès la veille du 1er novembre, le Groupe du Dahra, qui avait pour mission de déclencher les opérations se prépara. Ce groupe sera présidé par Benabdelmalek Ramdane, et était divisé en 3 sections : Celle de Ouiliss dirigée par Bordji Amar et sera composée de :Bordji Kadour, Benziane Mohamed, Benziane Abdelkader, Chaki Mohamed, Bouchareb Abdelkader, Menaouer Hamou, Benjerri Kadour, Dani Youcef dit Zine, Senoussa Mohamed ould Kadour, Senoussa Mohamed ould Djilali, Senoussa Hamou ould Kadour, Senoussa Hamou ould Charef, Serri Youcef, Benkada Hamou, Bordji Miloud, Benarroum Hamou, Hamidat Mohamed, Bentouati Bendehiba. La section de Hadjadj « exBosquet » sera dirigée par Gouad Sba'a Miloud : Sahlelou Afif, Sahlelou Abdelkader, Sakhi Khaled, Sallay Afiif, Douair Miloud, Benadjar Ahmed, Nadjari Charef, Faiz Mohamed, Bey Mohamed, Yazid Mohamed, Benabou M'hamed, Belghachem Ahmed, Zakrout Mohamed, Zitoun Hamou, Fahim Hamou, Khdim Hamou, Benzekara Lakhdar, Hamiti Afif, Mahrez Djelloul, Boukhorssa Mohamed, Derrar Belhachmi, Bouagada Afif. Quant à la section de Sidi Ali « ex Cassaigne » elle sera dirigée par Belhamiti Mohamed dit Bendehiba et et Sahraoui Abdelkader dit Mihoub : Boumehdi Zerrouki, Ali Moussa, Belalia Abdelkader, Zergani Ahmed, Boukniene Tayeb, Boukniene Mohamed,Boukniene Hamia, Guerraoui Abdelkader dit Belabass, Farhi Djilali, Abouss Afif, Boucena Afif, Touahria Abdelkader, Benama abdelkader, Derar Miloud, Assar Abdelkader, Tahri Ahmed, Hamcherif Miloud, Belkacemi Belkacem, Yamani Ahmed, Belazrag Djilali, Guerraoui Benabdelah, Chouarfia Abdelkader, Chouarfia Hamou, Sadji Habib, Belghoul Charef, Aziria Belhadj, Sadek Mekki, Sadji Abdellah. . Novembre au cœur du Dahra, est un rappel à la mémoire et au souvenir de ces hommes tombés au nom de la liberté, tels que Ben Abdelmalek Ramdane, premier martyr de la révolution de cette région le 4 Novembre 1954 suivi, le 21 décembre 1954 par Bordji Amar qui tombera lui aussi sous les balles de l'armée coloniale, 48 jours seulement après Ben Abdelmalek Ramdane suivi de Bordji Kaddour du chahid Bouhassoun Boubekeur qui sera guillotiné le 05/12/1957 à la prison d'Oran, le chahid Belghazi Abdelkader dit Kouider, Belouikrif Afif, Belghit Said, Boukhrissa Abdelkader, Bouhassoun Djelloul, Belghachem Abdelkader, Toumi du douar Touares, Zénaini Mokhtar, Benadjar de douar Djebabra, Benchehida Aissa belhachmi, ainsi que d'autres. A l'occasion de ce 57ème anniversaire de novembre 1954, il y a lieu de se rappeler les nombreuses batailles qui se sont déroulées dans cette région, dont celle du mois d'aout 1956 à Sidi Zeggai et qui aura duré 3 jours et celle de 1958 dans la localité de Hadjadj « ex Bosquet » et qui sera le théâtre d'un combat acharné entre quelques combattants et les forces armées qui avaient déployé toute une armada autour de la ferme de Macary où ils s'étaient refugiés, Chars, blindés, artillerie lourde seront employés pour déloger les combattants . Celle-ci durera toute une journée, et ce, du matin au soir et qui se soldera par un échec pour l'armée française avec la fuite des combattants qui réussirent à tromper la vigilance de l'ennemi, l'on comptera la mort d'un officier au grade de lieutenant ainsi que de nombreux soldats blessés. Cette région sera durant la lutte de libération toujours au cœur de l'action et présente à chaque étape de la marche pour la liberté. En janvier 1957, lors de la grève des 8 jours tous les commerçants de cette région, suivront le mot d'ordre et plusieurs seront arrêtés et internés dans le camp de sidi Ali, ils seront condamnés pour atteinte à la sureté de l'état, et subiront les affres de la torture. Ces quelques exemples, ne suffiront certainement pas à l'écriture de l'histoire de cette région et à nommer tous les hommes qui se sont sacrifiés, car il faudrait des pages et des pages du fait des témoignages recueillis et des vestiges qui témoignent de la barbarie coloniale durant cette période pour y revenir à une autre occasion, car nombreux parmi ceux qui ont été au cœur des premières actions en ce mois de novembre 1954, sont tombés au champ d'honneur, aussi doit-on se les rappeler. Leur combat éclairé, doit être le miroir de nos constances pour ne pas les oublier, car ils auront transcendé le temps et l'espace. Le devoir de mémoire, nous impose le respect envers eux, aussi devons nous relever le défit pour écrire l'histoire de ces hommes afin d'éveiller les consciences engourdies par l'amnésie collective. Cette région est en droit de revendiquer son héritage historique comme toutes les autres régions et ce au nom de ces hommes qui l'on écrite avec leur sang. Je reprendrais une phrase que j'ai déjà employée dans un de mes écrits. « Toute période révolutionnaire ne peut être altérée ou minimisée, par la peur d'un historique qui ne peut que servir l'Algérie dans son ensemble. Il est utile de se ressourcer dans le temps par une pensée significative, pour qu'elle puisse refléter la vérité en essayant de dépasser les thèses préconçues ou toute doctrine contraire à l'étique, et que la clairvoyance des hommes doit animer par la réalité qui aura donné aux hommes de novembre, ce souffle de liberté.