Le ministère public a requis jeudi la peine de mort à l'encontre de l'ancien président égyptien Hosni Moubarak, pour le meurtre de quelque 850 manifestants lors de l'insurrection populaire début 2011. Mustafa Khater, un des cinq procureurs, a également réclamé la même peine pour l'ancien ministre de l'Intérieur et chef de la sécurité de Moubarak, Habib el-Adli, et quatre ex-hauts responsables de la police jugés en même tant que lui. "Le châtiment" suprême, la pendaison en Egypte, "est la solution. Tout juge, s'il est juste, doit prononcer la peine de mort contre ces accusés", a déclaré Mustafa Khater au terme des réquisitions. Le procureur général Moustafa Suleiman avait auparavant déclaré qu'il tenait Hosni Moubarak "légalement et politiquement responsable" de la mort des manifestants lors des 18 jours de soulèvement qui ont abouti à la démission du raïs le 11 février 2011. Habib el-Adli, a expliqué le procureur général, a ordonné de faire tirer sur les manifestants sur instructions de Moubarak. L'ancien chef d'Etat, a fait valoir le magistrat, était "parfaitement" informé par ses conseillers et services de renseignement de la situation dans le pays, où les manifestations avaient débuté le 25 janvier. L'ancien président, en définitive, ne peut "pas affirmer qu'il ne savait pas ce qui se passait". Il est "légalement et politiquement responsable de ce qui est arrivé. Il est illogique, irrationnel de penser qu'il ne savait pas que des manifestants étaient visés", selon le procureur général. Moubarak "savait parfaitement ce qui se passait, mais n'a rien fait", a-t-il insisté. Il s'est ensuite adressé directement à Hosni Moubarak. En détention préventive dans un hôpital militaire de la banlieue du Caire, l'ancien chef d'Etat âgé de 83 ans comparaît sur une civière depuis le début du procès le 3 août. "Si vous n'avez vous même pas donné ces ordres, alors pourquoi n'avez vous pas éclaté de colère" devant le meurtre des manifestants, lui a demandé le procureur. Deux ministres de l'Intérieur qui ont succédé à Habib à el-Adli ont témoigné que celui-ci n'aurait pas pu donner l'ordre de tirer sur les manifestants sans le feu vert personnel de Moubarak, a rappelé M. Suleiman. Hosni Moubarak, dont le procès a repris lundi, a toujours plaidé non coupable des chefs de complicité de meurtres de quelque 850 manifestants commis pendant le soulèvement, ainsi que corruption et détournement de fonds publics. Le président du tribunal, Ahmed Rifaat, a ajourné l'audience jusqu'au 9 janvier. La cour entendra alors pendant deux jours les avocats des parties civiles. Shadi Ghazali Harb, figure en vue de l'opposition, ne pense pas que Moubarak et ses co-accusés seront exécutés. "Ce sera une condamnation politique, qui sera sans doute annulée en appel", a-t-il estimé. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis la chute de Moubarak, peut de son côté opposer son véto si la sentence est confirmée en appel.