De Sidi Rabâine Cheikhs à Garboussa, en passant par Hammam Oued Chorfa, Rouachdia, Ouraya, Sidi Amar, Sidi Mimoune, Haoud El Barouag, ces hauteurs qui dominent Sidi Harrat Benaïssa, un manteau blanc s'est étalé tôt le matin de samedi allant jusqu'aux portes d'Oued Djemaâ et Relizane, les collines de Yellel, Sidi Khettab et Sidi Lazreg. En effet, il est tombé durant la journée de vendredi dernier en fin de matinée et dans l'après-midi une neige molle sans présage de continuité. Et puis une tempête digne des pays nordiques s'est abattue samedi dès l'aube et a duré jusqu'au lendemain dimanche lorsque la température a chuté. Le mercure n'a guère grimpé au dessus d'un degré Celsius durant ces deux journées, mais a dégringolé en dessous de zéro dès la nuit tombée. Le temps maussade entrecoupé par des éclaircis et des soleils radieux, et parfois par des bruines bénéfiques pour les agriculteurs y a régné durant toute la semaine écoulée. Le phénomène, selon les plus âgés, est le cycle naturel et normal qui fut perturbé au cours du dernier tiers du vingtième siècle. De mémoire d'homme, cette bénédiction n'a jamais causé de dégâts, alors que la région, à l'instar des hauteurs de Tiaret, était considérée avec Mendès comme le grenier à blé prolongeant la plaine de Relizane. Samedi, comme ceux qui sont aujourd'hui grands-parents, les tout petits, les adolescents et certains encore plus âgés se lançaient des boules de ce duvet céleste et contrairement à leurs aïeux ils ont droit à la confection de leur bonhomme de neige, chose bannie jadis sous peine de se faire passer pour l'imitateur de l'occupant. Seuls ou en famille, la marmaille en tête, les Zemmoréens ont grimpé les monts avoisinants pour profiter de ces rares moments que la capricieuse nature leur a offerts, eux qui ont toujours manqué de loisirs. Chose étonnante, alors que le site internet de l'Office National de Météorologie, cet organisme de l'état algérien ne répondait pas, samedi dernier, vu l'encombrement ou quelque panne et nous renvoyait sur la météo mondiale de Météo.fr qui n'affiche pas plus de 12 villes algériennes, Dzmétéo, un site privé inscrit à Bordj Bouaréridj, plus perfectionné que celui de l'organisme national, sérieux et rigoureux aussi, affichait quelques rares nuages sur Oran et un temps pluvieux sur Alger. Rien ne filtrait sur les 400 km qui séparent les deux villes, soit le Dahra, les monts de l'Ouarsenis, le Zaccar, les monts blidéens, enfin tout l'ouest de l'Atlas tellien. Par contre Météorama, cet organisme d'outre-Méditerranée prévoyait qu'il neigerait dès 7 heures du matin sur Zemmora et affichait une température d'un degré au dessus de zéro. Une exactitude étonnante. Les Italiens, en avance en matière de météorologie, encore d'autres induits en erreur par leurs prévisionnistes, ont vu du nuageux et du peu couvert. Les isolements des agglomérations situés dans l'axe Relizane-Tissemsilt, Tiaret-Aflou et au-delà vers le sud-est étaient choses imprévisibles et courantes quand manquaient les moyens. Aujourd'hui avec un réseau qui couvre tout le territoire national, les erreurs ne sont plus permises et l'accession aux données doit être facilitée. La radio locale de Relizane, en retard d'une révolution, couvre la météo et les situations climatiques des Hauts Plateaux et autres contrées, et n'en a cure de celle des agglomérations de la wilaya, selon les autochtones. Si au moins, les services météorologiques algériens avaient prévu pour Zemmora de telles conditions pour permettre aux familles de se préparer pour une escalade des 700 mètres d'altitude du massif forestier avec ses chênes et ses pinèdes en ces jours fériés et aux plus frileux de s'approvisionner en bois de chênes pour paresser aux coins de cheminées qui prendraient bien du service. La pratique de la généralisation des données météorologiques devrait être chose courante pour un service public utile pour l'agriculture, la pêche et les services côtiers, la navigation aérienne et maritime, l'industrie, le bâtiment, les travaux publics et les particuliers.