Il n'y a pas meilleure manière de rendre compte des choses que d'en parler simplement. Il est tout à fait superflu, en effet, d'aligner de longs chiffres et il est tout aussi inutile d'accrocher, au mur de notre quotidien, de prétendues réalisations alors que nous savons bien de quoi est réellement fait ce quotidien. Il ne sert à rien de gaspiller les milliards de dinars au seul but de nous convaincre du contraire de ce que nous voyons, regardons et buvons chaque jour que Dieu fait Le wali de Mascara a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il ne dispose pas du bâton magique (se référer au quotidien El-Khabar du 08/08/2012), enfin notre responsable a reconnu qu'il n'a jamais eu de développement au niveau de la wilaya de Mascara, donc le bilan est nul. Même la distribution de l'eau a connu un échec total alors que dire de la gestion des autres secteurs importants .On peut discuter des années et des années, comme cela a été fait d'ailleurs jusque là, de ce que nos Wali successifs ou, pour être plus clair, de ce que l'Etat a donné au peuple et l'on dira ce qu'on veut, cela n'empêchera pas, pour autant, d'arriver toujours à la même conclusion. Simple mais irréfutable. Des années durant, ces mascaréens ont su patienter et garder haute la tête malgré la hogra qu'ils ont vécu dans leur chair, le mépris dont il ont fait preuve, malgré le «défavoritisme» qui leur frappe depuis que Mascara est une Wilaya, pour servir une caste de parvenus éhontés et sans mérite autres que l'incapacité à faire quoi que ce soit et la soumission aux maîtres du jour. Des années durant, ces braves Mascaréens ont su patienter devant le manque injustifié et répété des denrées les plus ordinaires, ils ont su laisser passer les pénuries provoquées, la dégradation du niveau de vie, la qualité minable du service public, la détérioration des valeurs les plus profondes dans son quotidien. Faites un tour au niveau d'Errakaba et vous réalisez qu'on vit dans une jungle, même les assister sans mot dire à l'arrivée d'un Wali et au départ de l'autre, se contentant, chaque fois de tout refouler à l'intérieur, pour le bien de la wilaya, rien que pour le bien de la Wilaya. Des années durant aussi, ces Mascaréens ont vécu, dans leur quotidien, une incompétence des responsables la plus dure et la plus bizarre de toute l'histoire de la Wilaya, sans jamais comprendre comment ni pourquoi ce triste sort est réservé à cette Wilaya. La population Mascaréenne a su, chaque fois, se hisser à la hauteur des attentes de son pays et de ses enfants. Elle a su regarder au-delà des apparences, au-delà de l'immédiat, pour dépasser les passions et les ressentiments et c'est ce qui a fait qu'elle ait su fermer les yeux devant les exactions de certains, les dérives des autres, l'incapacité et l'inaptitude des uns et des autres Mais en fait rien que du mépris, rien que de la hogra. On peut encore aligner les insultes qu'elle a reçues et le dédain de la part de quelques incapables notoires. Sommes-nous incapables d'assurer l'électricité et l'eau aux citoyens ? Mais cette population-là, ne peut pas être indéfiniment patiente combien même le voulait-elle. Et même si elle le pouvait ce n'est certainement pas devant les bêtises qu'on ne cesse de lui déballer-ici et là. Au niveau d'autres Wilayas ; les émeutes qui se propagent ces jours-ci à cause de l'électricité et l'approvisionnement en eau potable sont, en quelque sorte, le ras-le-bol exprimé face à l'incompétence. Comment est-ce possible que nous en soyons là encore? Etre incapable d'assurer la couverture en électricité et l'approvisionnement en eau potable des citoyens n'est pas une promesse électorale non tenue, ce n'est pas non plus le résultat d'un imprévu qu'on peut comprendre et laisser passer, c'est un manquement grave, très grave même, au devoir d'Etat et en premier lieu aux responsabilités du Wali. Quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse on ne pourra jamais nous convaincre du contraire car il est des choses qui ne peuvent souffrir d'ambiguïté et les coupes répétées en électricité font justement partie de ces choses-là car rien au monde, absolument rien, ne peut justifier un tel comportement de la part de nos responsables et rien non plus ne peut justifier le silence du gouvernement et de l'Etat devant un tel fait qui, pour rappel, sévit chez nous depuis trois éternités sans que jamais quelqu'un ait eu même à s'excuser. Sommes-nous incapables d'approvisionner chaque citoyen en eau et électricité? Cela est tout à fait clair et il ne subsiste aucun doute là-dessus! Depuis des dizaines d'années, les Algériens sont mal approvisionnés en eau, et il n'existe pratiquement pas un endroit où l'eau coule normalement. On doit attendre, là une journée sur deux, là-bas deux journées sur trois, pour ouvrir le robinet. En attendant, ce sont les bidons, les jerricans et les bouteilles d'occasion qui sévissent. La plupart ont opté pour les pompes, à cause de la défaillance de la wilaya et de son incapacité à fournir l'eau à tout le monde. Question eau, nous ne sommes pas sortis de l'auberge. Et la denrée rare et vitale demeure l'obsession de l'Algérien encore au XXIe siècle. Sommes-nous incapables d'avoir de l'eau potable dans le robinet comme le reste du monde? Sans doute! L'autre aspect de notre quotidien est notre environnement. Que des déchets qui passent des jours pour être ramassés. Rien de mieux pour détruire la santé des gens et Dieu seul sait ce que certains ont dû œuvrer pour l'avoir cette santé. Sommes-nous incapables d'avoir des plans de ramassages comme le reste du monde? Oui, cela ne fait pas de doute! C'est ce genre d'incapacités réunies et accumulées qui ont fait les émeutes de ces derniers jours et qui risquent d'en faire encore. Avec l'arrivée du mois de Ramadhan, avec la forte chaleur de cette année et avec le niveau de vie qui ne cesse de se dégrader, il est à craindre que les choses ne tournent mal. Tout cela à cause de l'incompétence, rien d'autre! Le fait aggravant est que les responsables ne semblent pas conscients de ce qui arrive aux Mascaréens. Ils pensent au contraire que tout va bien en «ici-bas». Une autre preuve d'incompétence si besoin est. Continuer à acheter la paix par n'importe quel moyen, le cas de nos trottoirs et l'informel qui active partout même en bafouant les lois de la république est la preuve de l'absence complète de l'Etat. Les structures élaborées par les pouvoirs publics conduisent parfois ceux-ci à développer de l'incompétence en les figeant dans des cadres bannissant initiative et faculté d'adaptation. Cependant, des instruments de gouvernance ont réussi à faire que rationalité et stabilité permettent d'éviter les comportements erratiques d'un pouvoir qui se personnalise. C'est pourquoi les institutions sont érigées pour évaluer la gouvernance. Mais dans un régime qui privilégie médiocrité et incompétence comme mode de gestion et gouvernance, pourvu qu'elles soient dociles, il ne résulte que servilité et clientélisme. Un système qui accroît les disparités sociales et aggrave la précarité, débouche sur l'échec de sa gestion. Des gouvernants qui refusent le partage du pouvoir produisent laxisme et impunité, corruption, compromission et incivisme. Qui contrôle un gouvernement et comment s'évalue son action ? Qui remet en cause les bilans présentés. Le wali a son mot à dire sur ces incompétences ! Monsieur le wali, vous n'avez pas le bâton magique, personne ne vous a demandé de faire les miracles de Moise, mais seulement: coordonner, orienter, animer une équipe. Alors Monsieur le Wali, les Mascaréens n'ont rien à vous dire que ce que les Tunisiens ont dit à leur président. Si l'ordre est régi par la règle, il ne peut sombrer dans la dictature des routines administratives qui constituent le virus d'inertie de la bureaucratie. Qu'est-ce qu'une routine administrative ? Lorsqu'on regarde les pratiques de l'administration, on est frappé par les routines incongrues qu'elle s'ingénie à mettre en place pour reproduire l'inertie. L'incompétence érigée en règle ! Ayant perdu sa principale vertu, respect de la norme et de la procédure, ou l'ayant pervertie, a contrario, par l'anarchie, elle entame sa régression vers l'incohérence et bloque le fonctionnement institutionnel, freinant toute stratégie de développement (il suffit de voir le mal que fait la bureaucratie aux projets d'investissement). La gouvernance exige la rémunération équilibrée et négociée de chaque partie responsable afin de maintenir son adhésion au système. Cette pratique incohérente de la rémunération, dans une économie rentière, constitue le principal facteur du génome de la corruption. Et ce ne sont ni les appels à la morale ni la création d'observatoires de la corruption qui stériliseront cette fécondation engendrée par un système qui refuse la question « qui doit gagner quoi ? ». Pour éviter la prolifération de simulacres d'institutions, coquilles vides et sans lien social, il y a lieu de mettre en œuvre une gouvernance qui implique accessibilité, contrôle et transparence. La gouvernance n'est pas uniquement affaire de règles, elle s'instaure avec un contrôle évoluant dans la transparence. Elle est avant tout déterminée par la confiance, la concertation, la limitation des responsabilités et la réduction du pouvoir d'une poignée de « décideurs », en lieu et place d'institutions habilitées. Lorsque la confiance déserte l'esprit d'une société se sentant « marginalisée et méprisée », le pouvoir doit s'attendre à toutes les formes de révolte possibles. Elle peut être passive par l'inertie, le désengagement et la démobilisation. Mais elle peut prendre aussi des formes violentes, pour l'instant localisées. Tout peut arriver si n'est pas prise en compte la désaffection des populations à l'égard d'un Etat qui n'écoute pas, ne va pas à leur rencontre et surtout ne partage pas avec eux les grandes décisions, ne les consulte pas, ne se concerte qu'avec lui-même ... l'omniscient n'est pas humain ! Il y a lieu d'aller vers une mobilisation accrue des compétences qui existent, contrairement à un certain discours gratifiant l'expertise étrangère, mais demeurent marginalisées et jamais écoutées par les gouvernants. Savoir écouter et être accessible constituent les fondements d'un pouvoir populaire. Mais pour y arriver, il faudra extraire les gouvernants de leur bulle démagogique, populiste et autiste.