Les paroles s'envolent, les écrits restent ? Ce n'est pas vrai ! Peut être ailleurs sous des cieux qui se respectent. Mais chez-nous personne ne respecte rien. On respecte et on vénère les décideurs, ‘shab chkara' qui donnent les pourboires en contre partie de marchés et les commis de l'Etat qui signent des écrits de faux et usage de faux. Là, ces faux-écrits tout de même écrits, n'attirent pas l'attention pour voir les faussaires inquiétés, sauf s'il y a un intérêt d'un apparatchik remis en cause ou d'un règlement de compte. Ça fonctionne ainsi. Combien de responsables, d'élus et de commis ont été dénoncés sur nos colonnes et bien avant nous, par un petit éventail de journaux qui ne fait pas dans le sens du poil ? Faut-il encore que ce sont ces gens qui se voient l'ascenseur rendu pour échelonner mieux les postes de la responsabilité. D'ailleurs en parlant de grandes obligations, moi je crois que c'est l'écrit qu'il ne faut pas surtout mettre en exergue. Avez-vous un règlement de compte ou une affaire d'Etat commandés par écrit ? Donne-t-on ordre par télex pour truquer une consultation ? Ca ne sera pas sérieux. C'est la consigne verbale et rien que la parole qui est engagée, comme au bon vieux temps quand leurs aïeuls avaient parole sur les grandes affaires et leur femmes. Or, le temps faisant son travail de travestissement sur la société et ses repères, la parole est devenue ‘hadra'. Parlez, jasez, et moi ‘rab-el-makla' je fais ce qui me plait. Je suis l'intelligent, l'irremplaçable et l'indispensable, jette le chef dans les meilleurs des cas à toute gueule voulant philosopher. Comme dans une entreprise. Avez-vous quelqu'un remettre en question une décision de rab-el-makla ? L'autre petit peuple qui autant que la parole a changé pour devenir ‘ghachi', pour tout commentaire se contentent de ‘hamdou lilah'. L'hypocrisie s'est tellement ancrée dans le subconscient collectif qu'il est devenu normal de mentir au bon Dieu que de mentir à l'autre. C'est devenu une règle de tout un pays. Et delà, peu importe le contenu du canard qui fête aujourd'hui son premier anniversaire et qui chaque jour que fait Dieu vous apporte les scandales de ceux qui gèrent nos affaires et qui sont rarement soumis à des décisions coercitives ; ce n'est pas un journal qui va changer la donne. La volonté est celle de la force que le collectif doit soulever haut et fort. Mais ce temps là n'est pas encore venu. Pour l'instant, l'on ne fait tous autant que nous sommes, que jaser puisque ‘l'hadra batal'.