Discordance de ton et de sons entre le haut et le bas, entre la vérité du terrain et les vœux de Benbouzid, cartables plus lourds que leur porteur, des chefs de daïras qui ne se pressent pas de lâcher les 3.000 dinars de Bouteflika, des fournisseurs qui se frottent les mains, des classes surchargées ou à la limite, des charrues mises avant les bœufs en certains endroits, des toilettes qui n'existent pas en d'autres, des enceintes d'établissements scolaires qui servent d'urinoirs à ciel ouvert, des maires qui ignorent quand la rentrée scolaire aura lieu ... les éléments du puzzle se réuniront pour une quinzième rentrée ordinaire de Cheikh Boubkeur. Le revoilà, septembre, le mois des retours ! Des attentes et des promesses ! À sa façon, chacun fera sa rentrée, si ce n'est sa sortie ! Comme celle de Dame Batata qui n'a pas attendu votre rentrée pour surfer au prix fort des 50 dinars sur les étals. Ce n'est que des prémices et mazel ! Mazel ! D'ici les prochaines récoltes, il y aura de la purée à vomir, c'est promis ! La pluie, elle aussi, n'a pas attendu la rentrée officielle pour mettre à nu ce dont n'est pas capable Maman l'Etat toujours en vacances. Entre deux coupures par des fermeurs en colère pour un rien ou pour un droit vraiment sérieux, c'est Lalla Pluie qui s'est mise à couper les routes ou à déloger les malheureux baraquiers, sans le souci de les reloger, ni les caser ou recaser. Du haut du toit de la République, jusqu'aux caves du bled, au gré de l'humeur et des préoccupations, chacun usera de son droit de comment rentrer. Le petit sachetier du coin du marché va déposer ses sachets pour s'emparer du cartable, sans la gaieté de cœur d'un enfant heureux. Ses parents recevront peut-être un couffin de la solidarité de Barkat, si leur maire Kaddour-la-misère, dans la tourmente de la course à son fauteuil municipal, a bien voulu qu'ils figurent sur la liste des heureux nécessiteux. Très frais, les heureux applaudisseurs en vacances depuis leur élection reviendront demain en pleine forme pour combler la vacance de leur chambre inutile mais combien budgétivore. Les attentistes pressées de voir la couleur de leur nouvelle bande de vizirs vont finir par la voir venir, et pourquoi pas, reconduire. Elus ou recyclés, le beau monde d'en haut reviendra sans rouspéter comme ces syndicalistes qui grognent déjà et qui promettent que la rentrée sera chaude. La flambée des prix en cette rentrée qui donne le tournis à leurs soi-disant concitoyens n'est pas pour décourager le zèle des sbires et autres baltaguias acquis à la cause, pour l'heure préoccupés par le vote et la course aux assemblées locales. Après la rentrée de Benbouzid, les sélections locales seront la grande attraction de la rentrée avec des dizaines de milliers de coursiers dans la course. Dans la débandade populaire, l'ascenseur social est devenu politique sinon mercantile dans l'informel. Le travail seul et honnête, ne suffit plus de mettre le beurre dans les épinards qui coûtent de plus en plus chers. La rentrée se fera avec l'espoir des gogos de voir les lois appliquées, dans toute leur rigueur, et à tous et à toutes, afin que la vie aille mieux, sans le piston, les épaules, les connaissances, les cousins du douar, le café, la bienveillance et le beurre pour que vos affaires glissent bien, et avant celles des autres. Et de ne percevoir que le rire tendre et innocent des chérubins devant les portails des écoles discontinuer le chant des oiseaux. Quel beau rêve !