Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan Depuis 50 ans, on s'est entendu, le plus normalement du monde, la complaisance est érigée en code de conduite. Un code national qui fait d'un peuple un tiers-peuple dans l'attente, d'un trois quart président un Président ligoté, d'un vizir d'Etat un vacataire Sans portefeuille mais avec un gros sac arabe de chez-nous, et d'un wali walou un empereur pour les sujets assis au bas de son trône. Par la complaisance, la chance inattendue demeure capable d'ériger un planton de mairie en maire tout puissant, et un quelconque article de Bakhta, ou une simple tasse de Meriem, en affaire d'Etat. A l'instar de Lalla Batata, qui de temps en temps, asservit la gentille et généreuse Maman l'Etat, incapable de tirer les oreilles aux spéculateurs sans foi, ou du moins arbitrer le manège du souk de l'anarchie nationale. Côté Histoire, c'est depuis la préhistoire de l'Algérie indépendante qu'on se nourrit de plus en plus de complaisance, et de moins en moins de compétence. Ainsi s'est-on mis à complaire, plaire et déplaire. A s'attirer ou à comploter contre. A hisser et à abattre, ou jeter en pâture à la presse et au peuple complice du désastre. A faire des affaires, sinon étouffer ou fomenter d'autres. A brosser aux ‘'vivants'' du moment, ou à montrer la bosse de son ex-bienfaiteur propulseur. Le passage du flambeau et de la fiche communale étant réciproque. Entre patriotes opportunistes et clans réputés, entre haut commanditaire et bas applaudisseur, entre peuple assis et heureux, et sa Maman Etat très affectueux, ou entre Maman Etat et certains coins choisis de son bled. Et c'est dans cette débandade nationale qu'on s'est mis à l'œuvre. A attribuer ou distribuer, de haut en bas, et de gauche à droite, des résidences d'ex colons par effraction ou au dinar symbolique, des postes d'emploi en restant chez-soi, des licences de bars et de taxis héréditaires, des diplômes et des agréments par-ci, des grades, des galons, et des promotions par-là, des logements ou des expulsions par là-bas, des notes, des envois ou des renvois à l'université, un permis de quelque chose par ailleurs, des projets réévalués en tel endroit, des passeports spéciaux pour que Haj Bouabdallah aille à la Mecque comme à Zouia, et zid, ô toi Tonton Benbouzid ! La répression étant bannie par les Droits de l'Homme, et beaucoup plus par l'avènement d'un printemps arabe, la complaisance demeure toujours l'alternative unique, permettant le maintien de l'équilibre précaire, séant au meilleur développement à reculons. Et c'est pour ce défaut précis, que son usage reste aussi populaire que le code de la route. C'est l'autre code passe-partout de la conduite ! Normal, non ?