Discordance entre le haut et le bas, entre la vérité du terrain et les vœux de Benbouzid, cartables plus lourds que leur porteur, des chefs de daïras qui ont oublié que les 3.000 dinars de Bouteflika se donnent durant la première semaine, des fournisseurs qui se frottent les mains, des classes saturées ou à la limite, des charrues mises avant les bœufs en certains endroits, des toilettes qui n'existent pas en d'autres, des enceintes d'établissements scolaires qui servent d'urinoirs à ciel ouvert, des maires qui ignorent si la rentrée a eu lieu ou pas ... Comme partout, selon le vocable en vogue que sa génération a substitué au oui et au non, c'était une rentrée 2011 ‘'normale'' car, en rien, elle n'a distingué une nouvelle année Benbouzid standard qui commence. Les instits se sont ‘'détalibanisés'', abandonnant toges et ‘'claquettes''. Les vacances finis, donc, à vos lourds cartables, les bambins ! Entrez et rentrez inaugurer la 14ème et peut être dernière rentrée de papa Boubkeur, avant que les réformes promises par Bouteflika ne l'emportent. Une année standard de par ses perturbations, ses grèves, ses promesses, ses marches et ‘'sit-in'' de personnels mécontents, ses menaces de grèves, ses taux d'élections fraudées au Bac, et ses réformes réformées à n'en plus finir. Louange à Dieu, et gloire à Boubkeur Abouréforme de l'école algérienne sinistrée, et à Bouteflika sans lequel il n'y aurait eu ni réformes, ni bled. Si Abdelkader grâce auquel ce bled est redevenu bled, ce peuple, et les gosses du peuple des génies aux épreuves du dernier Baccalauréat ! C'était la rentrée, mais c'était aussi le retour à la case départ de tout le monde. Tous dans l'attente d'une nouvelle année qu'ils espèrent meilleure, mais qui, finalement, ne ressemblera qu'aux précédentes. La nouveauté a été réservée au primaire. Outre les horaires et le programme allégés, et selon les moyens de la ‘'baladiya'', les bambins disposeront du temps suffisant pour jouer au scrabble, aux jeux d'échecs, au pitchak, au jeu de dames, ou autre objet rond pouvant faire office de ballon, comme suggéré par certains ‘'moufatichine'' qui attendent, impatients, le soulagement par la mise à la retraite. Ah la belle époque à jamais révolue ! Quand la rentrée rimait avec la joie et l'enthousiasme des élèves, et non l'inquiétude et la grogne des parents ! Quand Boubkeur était encore élève en son collège. Quand l'instituteur était Le Maître, chez-lui, en classe et dans la rue. Quand son élève n'était pas ‘'chrikeh'', et n'osait pas lui ‘'biper'', ni lui demander les allumettes. Quand on ne faisait pas de politique avec l'école. Quand le savoir et les connaissances étaient prodigués sans desseins occultes, ni idées ou idéologie derrière les oreilles. Quand les notes n'étaient ni négociables, ni négociées. Seulement méritées, jamais distribuées au prorata du faciès des élèves, ou du statut des parents. Quand les élèves n'étranglaient pas leur prof à la sortie de l'établissement, et n'allaient pas en classe avec des coutelas. Au fil des quinquennats, la pauvre école est passée du sérieux et du seul mérite, à la ‘'djez-ara'' massive et forcée, au fatalisme populaire de ‘'li kra, kra bekri !'' et de ‘'l'essentiel étant de participer'', avant de distraire des générations entières par la démocratisation des diplômes du wi-ème pour tous et sans rachat.