L'opération de délogement des marchands informels du marché populaire de « Ain-Sefra » qui s'est déroulée dans des conditions tendues jusqu'à une heure tardive du mercredi, n'a pas été du gout des marchands. Jeudi matin, ceux là, en colère, sont retournés une ultime fois sur le lieu de leur gagne pain métamorphosé en décombres à l'issue du passage des bulldozers, pour traduire leur inquiétude maintenant qu'ils ne sont sans travail. Protestation qui s'est marquée par un léger affrontement entre policiers et manifestants, avant qu'un musclé déploiement n'intervienne pour arrêter leur avancée et delà préserver le calme de la ville. Sur la ruelle principale du souk jonchée d'un tas d'immondices et de détritus à l'issue du passage du bull, les manifestants armés de pierres et d'objets hétéroclites convergeaient notamment des quartiers d'El-Arsa, d'El-Houria et de Radar entre autres pauvres faubourgs, pour la tentative d'avancer vers le centre-ville dans l'espoir évident d'élargir le champ d'hostilité. Mais la forte et impressionnante mobilisation de policiers munis pour leur part de matraques, n'était pas pour se faire piétinée en ces temps critiques. D'où la formelle intervention policière qui progressait en parallèle avec l'autre opération d'appel au calme par ces mêmes officiers de police alors qu'elle devait incomber aux autorités communales. En fait, cette protestation était pressentie depuis la veille, à savoir mercredi, lorsque ces commerçants qui longent l'Oued d'Ain-Sefra se sont vus délogés par les services de la commune de Mostaganem dans le cadre de l'opération de la lutte contre l'informel. Contraints de quitter les lieux, les jeunes vendeurs informels dans état de choc, regardaient de loin avec des yeux hagards, leurs baraques et leurs étals défoncés par le bulldozer. De quoi soulever l'abattement des uns et le courroux des autres. Ainsi, la mort dans l'âme, nombreux qui n'ont pas attendu longtemps pour exprimer leur exaspération vis-à-vis des services de la commune, pour les accuser d'avoir ignoré leurs revendications. Car de ces commerçants originaires de la commune, certains qui besognaient dans ce souk depuis des lustres, prétendent avoir été écartés et exclus des listes des bénéficiaires.
Les non bénéficiaires seront pris en charge bientôt ! Parmi les commerçants qui exerçaient dans un cadre informel au niveau d'Ain-Sefra, 314 commerçants ont bénéficié de nouveaux stands dans le nouveau marché réalisé sur les lieux pour absorber l'informel. Pour ce qui reste, les autorités les ont assuré qu'ils seront prochainement rétablis dans leurs nouveaux locaux dans le deuxième marché qui est en voie de réalisation. Seulement, il faut patienter disent-ils. Or, estimant que la période d'attente est très longue, selon les commerçants qui est de six mois, les protestataires, qui sont aussi des pères de familles, disent qu'ils doivent nourrir leurs enfants. D'après l'un d'eux : « On ne peut pas patienter six mois sans travail, il y a parmi nous des gens qui ont plusieurs enfants à nourrir ». Quant aux jeunes du quartier El-Houri, les responsables ont décidé de les affecter vers un terrain situé au niveau de leur quartier. Mais ces jeunes commerçants se posent également une question de taille : « C'est un terrain trop éloigné, à la lisière d'une forêt, donc c'est une zone pas du tout commode pour être un centre d'activité commerciale. Vous imaginez que des consommateurs qui se déplacent jusqu'à cet endroit éloigné et isolé pour acheter leurs victuailles ?
Nos élus manquent de diplomatie Pour conclure, il est utile de revenir au rôle des élus qu'ils ne jouent aucunement à bon escient. Car il y a lieu de dire que la colère vécue au marché d'Ain-Sefra mercredi et jeudi, incombe à ces agents qui sont allés proférés d'incendiaires « mises en demeure ». Car, bon nombre de commerçants rencontrés sur les lieux ont dénoncé l'absence du dialogue entre les responsables de l'APC et les délégués du comité du souk Ain-Sefra. Selon eux, « Plusieurs entretiens avec les responsables de l'APC nous ont été interdites, au total sept visites. Et pour le comble, certains de ces responsables censés nous trouver des solutions sont venus pour nous lancer des propos choquants en nous menaçant : si vous n'évacuez pas les lieux, on va mettre le feu dans vos baraques ». Mais où sont la diplomatie et la finesse avec le citoyen qui veut juste des propos rassurants ?