Trois semaines après le début de l'intervention de l'armée française au Mali pour en chasser les groupes islamistes armés, le président français François Hollande va se rendre samedi au Mali, accompagné de trois ministres. Cette visite survient alors que de nouvelles accusations d'exactions et violations des droits de l'homme ont été portées vendredi contre les parties en conflit au Mali, où les armées française et malienne ont pris en quelques jours les trois grandes villes du nord: Gao, Tombouctou et Kidal. Les choses se sont accélérées le week-end dernier avec la reprise de Gao et Tombouctou et l'arrivée mardi soir de soldats français à l'aéroport de Kidal, ville tenue par des rebelles touareg et des islamistes dissidents s'affirmant « modérés ».Cette offensive des armées française et malienne s'est accompagnée de graves atteintes aux droits de l'homme, en particulier de la part de soldats maliens et des islamistes, selon Amnesty International. L'armée malienne a exécuté plus d'une vingtaine de civils L'armée malienne a arrêté et exécuté plus d'une vingtaine de civils dans le nord du pays, selon un rapport publié vendredi par Amnesty, qui réclame par ailleurs une enquête sur un raid aérien qui a tué des civils dans le centre du Mali au premier jour de l'intervention française. Amnesty International affirme par ailleurs avoir recueilli des témoignages indiquant que, le 10 janvier 2013, veille du début de l'intervention française, « l'armée malienne a arrêté et exécuté de manière extrajudiciaire plus d'une vingtaine de civils », principalement dans la ville de Sévaré. Là encore, « les autorités doivent ouvrir immédiatement une enquête indépendante et impartiale sur tous les cas d'exécutions extrajudiciaires par les forces armées, et suspendre tout membre du personnel de sécurité soupçonné d'implication dans des violations des droits humains », estime l'ONG, qui s'inquiète également de « disparition forcées » dues à l'armée malienne. « Rumeurs nuisibles ».Amnesty, dont le rapport a été rédigé à l'issue d'une enquête de dix jours dans les villes de Ségou, Sévaré, Niono, Konna et Diabali, fait également état « d'allégations d'homicides arbitraires et délibérés » de la part de groupes islamistes armés, notamment d'exécutions de soldats capturés et de civils. L'ONG dénonce en outre le recrutement d'enfants soldats par ces groupes. La situation est plus compliquée à Kidal, ville longtemps tenue par le groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et passée, avant l'arrivée des soldats français, sous le contrôle du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA, dissident d'Ansar Dine) et du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg).Kidal et sa région, le massif des Ifoghas, près de la frontière algérienne, sont le berceau des indépendantistes touareg et, selon Paris, le lieu de détention « probable » de sept otages français.