Autrefois à Mostaganem, la ghaïta était l'aspect culturel traditionnel qui caractérisait le vécu de tout Mostaganémois, et aucune fête ne pouvait s'en passer de cet instrument musical "magique" qui égayait les soirées et finissait par pousser les invités à l'inégalable danse typiquement mostaganémoise "El djedib". A travers toute la région du Dahra, surtout en milieu citadin, comme Mostaganem ville, Tigditt, Mazagran, et "la vallée des Jardins », la zorna se taillait la part du lion, le t'bal, la ghaïta accompagnés de bendir et des fois de t'bila se partageaient les lieux de la tombée de la nuit à l'aube. La quasi-majorité des mariages, nuits de noces, baptêmes et fêtes familiales ont toujours été célébrés au son du t' bal et de la ghaïta, conformément aux coutumes des Mostaganémois qui régissaient dans le temps la cité de Sidi Saïd. Le son et la musicalité qui en découlaient, étaient uniques en leur genre, et se démarquaient totalement des autres genres de la ghaïta algéroise, constantinoise et tlemcénienne. Le nom prestigieux de cheikh Benaïssa El Ghayatte, issu de la famille des Benazzouz où les fils Abdelkader et Mohamed ont longtemps dominé et pris dignement la relève de ce légendaire maestro de la ghaïta à Mostaganem, qui malheureusement a fini par s'oublier et son riche patrimoine musical ne subsiste qu'en quelques bribes que les mélomanes se repassent. Certes, la prolifération de quelques groupes de zorna d'un coin de la ville à l'autre, surtout à Mazagran et à Tigditt, tient encore du miracle et doit être encouragée pour mettre fin à la médiocrité musicale qui tend à prendre le dessus à Mostaganem. Aujourd'hui, les fêtes à Mostaganem organisées en salles sont dominées par le recours au disc -jockey où le synthétiseur d'Abdou et ses chansonnettes "immorales" se font entendre à fond et à des kilomètres à la ronde en non-stop de la tombée de la nuit à l'appel de la prière du sobh. Ce "vacarme" musical a fini par tuer la joie qui régnait autrefois et surtout les valeurs inestimables d'un certain mode de vie des Mostaganemois, qui distinguaient la place de la véritable culture de "la perle de la Méditerranée" , la ville aux quarante-quatre (44) marabouts ,qui se targuait de s'inscrire dans la lignée des Aïssaouas dont la zaouia aura depuis toujours constitué le point de chute des adeptes d'un rite et d'une tariqua d'une valeur authentique, et malheureusement en déperdition en face de l'invasion d'autres cultures, dont le hip hop , le rap et la danse du "hey hey" !