La saisie d'un avion d'Air Algérie, à l'aéroport de Bruxelles sur fond d'un soi-disant litige entre une société néerlandaise et la compagnie algérienne vient relancer une polémique qui dure depuis deux semaines, quand une délégation est venue de Bruxelles pour rencontrer les leaders de la CNLTD, le groupe de partis politiques d'opposition, un acte qui a été condamné par Alger et pris comme une ingérence de Bruxelles dans les affaires internes du pays. Les autorités algériennes n'ont guère apprécié que des représentants de l'Union européenne aient rencontré, il y a trois semaines, l'opposition algérienne. Alger y voit une provocation. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a accusé l'Union européenne d'ingérence. Cette déclaration coïncide avec la saisie d'un avion d'Air Algérie sur fond d'un litige devant la justice. L'avion algérien saisi à Bruxelles et les explications d'Air Algérie Un avion d'Air Algérie a été saisi par la justice belge vendredi soir, à l'aéroport de Bruxelles Zaventem à la suite d'une plainte déposée par une société appartenant à un responsable algéro-hollandais contre une décision d'Air Algérie de suspendre unilatéralement un contrat les liant ,selon la version Belge. Le différend, selon la même source, porterait sur deux millions de dollars de dédommagements réclamés par ce responsable algéro-hollandais, une affaire qu'Air Algérie a souhaité délocaliser en Algérie, sans succès. Coté officiel, la compagnie nationale Air Algérie, au sujet de la saisie de son avion, a indiqué, samedi, que la saisie en question a été faire suite « à un litige avec la société néerlandaise K'AIR BV, malgré la procédure légale engagée par la compagnie aérienne algérienne ». Selon la compagnie algérienne, le litige opposant la compagnie nationale à la société néerlandaise K'AIR BV concerne un contrat de vente d'appareils réformés signé le 6 juillet 2008 par les deux parties » et que « K'AIR BV n'est pas parvenue à mettre en place le financement tel que prévu en dépit des facilités qui lui ont été accordées ». Après mise en demeure pour faute d'exécution, Air Algérie a procédé le 29 décembre 2009 à la résiliation de ce contrat de vente. Ce qui a poussé par la suite, la société néerlandaise à engager, le 17 mars 2011, une procédure d'arbitrage auprès de la Cour internationale d'arbitrage qui a rendu, le 31 mars 2014, une sentence condamnant Air Algérie. En conséquence, la compagnie aérienne nationale a engagé, le 7 mai 2014, un recours en annulation contre cette sentence. En dépit de la procédure légale engagée par Air Algérie, la société K'AIR BV a fait procéder par la justice belge à la retenue de l'appareil assurant le vol AH 2063, explique la société Air Algérie. Ramtane Lamamra parle ‘'d'ingérence'' Alger n'a guère apprécié que des représentants de l'Union européenne aient rencontré, il y a trois semaines, l'opposition algérienne. Pour le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra qui a accusé ouvertement l'Union européenne d'ingérence, est une provocation. En effet, le 19 novembre dernier, une délégation est venue de Bruxelles pour rencontrer les leaders de la CNLTD, le groupe de partis politiques qui s'étaient opposés au 4e mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Une réunion prévue depuis longtemps, mais qui a lieu juste au moment où l'opposition appelait à des élections anticipées. Le même jour, la délégation a rendez-vous avec le leader du FLN. Amar Saadani, qui est alors contesté au sein de son parti, reproche aux Européens d'avoir établi une liste de contacts et de rendez-vous avec des partis et des associations qui ne sont pas reconnus officiellement. Selon lui, il s'agit d'une ingérence dans les affaires de l'Etat. Trois jours après cette rencontre, le ministre du Travail relance la polémique et dénonce à son tour une atteinte à la souveraineté nationale. L'ambassadeur de l'Union européenne en Algérie se défend et déclare à la presse : « Nous sommes venus écouter. » Ça n'a visiblement pas suffit puisque le ministre des Affaires étrangères s'en est pris à Bruxelles lui aussi. Il accuse certains responsables de l'Union européenne de se comporter en « autocrates ». Et il lance : « Nous n'acceptons pas l'ingérence des Etats dans les affaires algériennes ».