Deux jeunes algériens ont été arrêtés, par la police italienne à Palerme. Ils sont soupçonnés avec trois autres personnes – deux Libyens et un Tunisien – d'avoir été des passeurs dans le bateau surchargé qui a fait naufrage mercredi, faisant plus de 200 morts. Il s'agit de cinq personnes, âgées de 21 à 24 ans. Leurs identités n'ont pas été révélées. Ils sont accusés d'homicides multiples et de trafic d'êtres humains. C'est la police italienne qui a fait cette annonce, après une enquête menée auprès des survivants de ce nouveau drame en mer. La police italienne a, en effet, annoncé avoir arrêté cinq personnes après le naufrage mercredi d'une embarcation qui pourrait avoir fait plus de 200 morts. Il s'agit de deux ressortissants libyens, un Tunisien et de deux Algériens. Ils sont soupçonnés d'homicides et de trafic d'êtres humains. Le navire, qui transportait environ 600 migrants illégaux pour la plupart venus de Syrie, a chaviré en Méditerranée au large des côtes libyennes. Les cinq passeurs présumés ont été arrêtés à Palerme, où les survivants du naufrage, environ 370 personnes, ont été conduits. Selon des témoignages recueillis par les enquêteurs auprès des quelque 360 autres survivants arrivés jeudi à Palerme (Sicile), l'un était le pilote du bateau disparu, deux autres l'assistaient, tandis que les derniers étaient chargés d'empêcher les passagers de bouger. Ils ont en particulier fait usage de couteaux et de bâtons pendant le voyage pour empêcher les passagers de la soute, essentiellement d'origine africaine, de gagner le pont. Selon les témoignages recueillis par la police, les cinq hommes avaient embarqué quelque 650 personnes ayant payé chacune entre 1 200 et 1 800 dollars (1 100 à 1 650 euros) pour aller en Europe. Pour un gilet de sauvetage, il fallait verser un supplément de 35 à 70 dinars libyens (de 23 à 46 euros). Sur les bateaux de migrants surchargés, les tensions sont fréquentes entre les passagers du pont et ceux de la soute, qui cherchent toujours à aller sur le pont pour glaner un peu d'air, échapper aux émanations de carburant et à l'eau qui s'infiltre, alors qu'un tel mouvement peut faire chavirer l'embarcation. Dans le cas de ce bateau, la soute a commencé à prendre l'eau à peine trois heures après le départ, au point de rapidement noyer le moteur. Selon des témoignages recueillis par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), "les passeurs ont alors appelé leurs collègues en Libye pour leur demander s'ils pouvaient faire machine arrière. Mais on leur a répondu de continuer leur route vers l'Italie". Les migrants ont alors appelé à l'aide, mais lorsqu'un navire irlandais est arrivé à leur secours plusieurs heures plus tard, un mouvement de foule a fait chavirer le bateau, qui a coulé avant que la plupart des passagers de la soute ne puissent en sortir. Une opération de secours massive impliquant 7 bateaux a permis de sauver près 400 personnes, mais aussi de repêcher 26 corps. Quelque 200 autres migrants, dont de nombreux enfants, sont portés disparus. Les cinq passeurs présumés risquent des poursuites pour homicides avec circonstances aggravantes et aide à l'immigration clandestine. Dans le même temps, la marine italienne a annoncé vendredi qu'elle poursuivait ses opérations pour récupérer les corps des victimes du naufrage ayant provoqué la mort de quelque 800 migrants en avril. Entamées fin juin, conformément à la promesse du chef du gouvernement Matteo Renzi de donner une sépulture décente aux victimes, ces opérations ont permis jusqu'à présent de récupérer 58 corps autour de l'épave gisant à 380 mètres de profondeur.