La vie en société est souvent source de conflits en raison des intérêts divergents, des besoins et des valeurs qui ne sont pas toujours les mêmes. La violence est-elle un vécu quotidien ou est-ce simplement un phénomène de société qui permet aux gens de s'exprimer ou d'exprimer un malaise? La société et la violence sous ses différentes formes ont été les principaux sujets débattus mercredi dernier lors d'un séminaire organisé par l'office des établissements de jeunes au centre de loisirs scientifiques de Guelma. De nombreux sociologues d'universités, des psychiatres et des membres de la cellule d'écoute et de prévention ont participé aux travaux de cette rencontre qui a permis un large échange de points de vue et d'information sur ce thème d'actualité. L'événement a suscité un intérêt certain de la part du public. Les interventions de représentants du service de médecine légale, de la cellule d'écoute et de la société civile ainsi que les conférences données par les experts invités ont permis d'aborder le problème de la violence dans la société selon des points de vue différents et des analyses variées. La rencontre a permis de dresser un état des lieux, d'analyser les causes du phénomène et de proposer des solutions. La violence et les abus à l'endroit des enfants, des femmes et des personnes âgées prennent depuis les dernières décennies des propensions inquiétantes. Cette violence est le produit de la socialisation sexuée des sociétés patriarcales. Dans la vaste majorité des cas, la violence familiale est perpétrée à l'encontre des femmes. Au moins une femme sur trois dans le monde a été battue, Elle traduit les inégalités entre les sexes et poursuit des objectifs de terreur, de pouvoir et de contrôle des hommes sur les femmes. Le nombre de femmes qui subissent des violences conjugales dans la wilaya de Guelma ne cesse d'augmenter, 130 cas ont été enregistrés le premier semestre de l'année en cours contre 65 pour la même période de l'année 2008. Ces chiffres ne reflètent pas la douloureuse réalité car, souvent, les femmes battues ne sont pas conscientes qu'elles soient victimes. Souvent, elles sauvent les apparences pour cacher aux autres le drame qu'elles vivent. Dans la plupart des cas, l'agresseur n'est autre que le mari, suivi du frère, du fiancé et du fils envers sa mère. Ces derniers justifient leur actes par le désire de dominer son épouse, sa sœur ou sa fille et d'exercer sa position d'autorité. Il s'agit de l'opprimer et de la maintenir dans une situation d'insécurité. Elle doit avoir peur de lui et d'exercer son rôle d'épouse de façon conforme à ses attentes. L'administration des coups, les mariages précoces, les mariages forcés, et d'autre forme d'exploitation. En grandissant, les enfants exposés à la violence familiale risquent d'être confrontés à toute une série de conséquences, notamment des problèmes à l'école, des problèmes de sociabilité, de dépression, d'anxiété et autres problèmes psychologiques. Ils risquent également de tomber dans la délinquance et les adolescentes de devenir enceintes. De nombreuses études montrent que les enfants issus de foyers violents avaient des comportements plus agressifs que les autres et risquaient trois fois plus de se battre. Les conséquences sont par la suite très lourdes. 37% de ces gosses ratent leur scolarité et 67% sont atteints de troubles mentaux. Par ailleurs, les personnes âgées n'échappent pas non plus à cette violence familiale. Ils sont sujets à différentes formes d'agressions. Il n'existe pas de statistiques précises qui permettent de cerner l'ampleur du phénomène. Cela relève toujours du tabou et la plupart ne veulent même pas en parler. Mais elles subissent toutes sortes d'agressions physiques ou psychologiques. Les propos des conférenciers ont été illustrés par de nombreux supports audio et visuels. La salle de conférence a notamment accueilli une exposition de la cellule d'écoute et de prévention rendant hommage aux victimes de la violence faite aux femmes. Loin de se résumer à des discussions théoriques, le séminaire a également donné la parole à des victimes de la violence dont les témoignages ont provoqué l'émotion et l'attention du public. Le séminaire a ainsi fait entrer le thème des violences contre les femmes dans le débat national.