Le tribunal criminel d'Oran a eu à traiter en cette fin de semaine l'affaire très attendue de la dangereuse bande de malfaiteurs qui sévissait dans la zone forestière qui s'étend entre Aïn Franine et Marsat El-Hadjadj. Aux box des accusés ont comparu deux membres de ce groupe qui a semé la terreur l'année dernière pour répondre de leurs actes relevant de l'association de malfaiteurs, vol qualifié par usage de violence et rapt, alors que quatre autres acolytes sont toujours en fuite et activement recherchés par les services de sécurité. Au terme des délibérations, Z.A et G.E ont écopé de 10 ans de réclusion criminelle. Dans ce procès émouvant, le témoignage accablant des victimes envers leurs bourreaux ne laissait aucune place à la présomption d'innocence. Parmi les victimes à l'audience venus témoigner : Abdelkader encore traumatisé par l'agression dont il a failli laisser la vie, ne cessera pas de dévisager les accusés, et ce n'est qu'après un moment d'hésitation qu'il se remémorera les visages des deux agresseurs présents au box. Le juge demandera à Abdelkader s'il reconnaissait en ces deux hommes ses agresseurs. Le témoin, visage passible mettra du temps, barguigne, avant de répliquer : «Oui, monsieur le juge, ce sont eux...j'en suis certain ». En ce qui concerne la deuxième victime, le président d'audience demandera à ce celui-ci s'il reconnaissait ses agresseurs. : Ali, en proie à un cas de conscience, rétorquera : «Votre honneur, j'ai une très forte présomption que ce sont bien eux, mais je suis encore sous le choc et j'ai beaucoup de mal à me remémorer les faits et les visages » «Donc, tu n'es pas sûr que se soient eux?» Saïd, une autre victime, quant à lui, est catégorique en déclarant : « Oui monsieur le juge ce sont bien les deux qui m'ont agressé», précisant à ce sujet : C'est le 8 janvier, dira t'il aux environs de 18h, arrivé au lieu-dit Aïn El-Hamia, à l'orée de la forêt d'Aïn Franine, où je voulais m'approvisionner en eau douce pour les besoins ménagers, c'est alors qu'une Peugeot 406 se gare à ma hauteur et deux hommes encagoulés surgissent comme des ninjas et m'attaquèrent». «L'un d'eux, ajoute-t-il en pointant le doigt vers Z.A pour l'identifier, m'a ligoté les pieds avec ma propre ceinture tandis que l'autre, m'a menacé de m'égorger avec une hache, au moyen de laquelle il m'a ensuite asséné un coup sur le crâne ou j'ai perdu connaissance. Ce n'est qu'en me réveillant par la suite que je compris que j'ai été dépossédé de mes biens personnels et de ma voiture, une 405 qui appartient à mon frère». «Tu dis qu'ils portaient des cagoules, comment tu les as reconnus alors ?», demandera le magistrat. «En fait, ce n'était pas une cagoule mais un bonnet enfoncé sur sa tête, donc son visage n'était qu'à moitié couvert, c'est pour cela que j'ai pu voir son visage, et il n'ya aucun doute, c'est bien lui. Quant au deuxième qui était entrain de m'attacher, il s'est démasqué par inadvertance un moment le visage, ce qui m'a permis de le reconnaitre et sa figure est restée gravée dans ma mémoire». L'affaire prendra une toute autre tournure après le témoignage de la compagne d'Ali qui a été capitale quant à l'identification indubitable des agresseurs. Après avoir ligoté et assommé Ali, les deux malfaiteurs l'ont kidnappée et emmenée à bord du véhicule volé, prenant la direction de Mostaganem. Ils ont, par la suite, pour des raisons inconnues, libéré leur otage au niveau d'un faubourg, à l'entrée de cette ville. La femme enlevée donnera le signalement exact de ses kidnappeurs, qui sont, selon elle, Z.A et G.E. Deux autres victimes, viendront à la barre pour identifier les agresseurs. Selon les témoignages recueillis, cette bande attaquait exclusivement les couples, dans les bosquets des zones côtières d'Aïn Franine et Marsat El-Hadjadj. Dans cette affaire l'arrestation des mis en cause est survenue grâce à la victime Ali qui depuis son agression n'a pas hésité un instant avec l'aide de ses amis à les rechercher. Cet acharnement enfin de compte a porté ses fruits puisque, quelques jours plus tard, il s'est retrouvé nez à nez et par coïncidence presque au même endroit. Celui-ci n'hésitera pas un instant à appeler les gendarmes qui se sont déplacés séance tenante et procédé à leur arrestation, alors que Z.A et G.F, à bord d'un véhicule Peugeot 406 faisait le guet. Après fouille du véhicule et corporelle, les gendarmes trouvèrent sur eux une hache. Lors de l'audience les deux individus se sont justifiés en déclarant qu'ils étaient dans le foret de Franine, pour ramener une botte de bûchettes. Non convaincu de cette histoire scabreuse, le juge leur a riposté que cette version de bûcherons est facilement réfutable du fait que les gendarmes ont trouvé la hache mais pas un seul morceau de bois ni dans le coffre, ni prés du véhicule. Dans son réquisitoire, le procureur général a requis 15 ans de réclusion criminelle contre les deux accusés. Quant aux quatre autres complices, ils demeurent en fuite.