Les cours du pétrole effaçaient, mardi 14 mars, leurs gains dans les échanges nord-américains, enregistrant un nouveau bas de quatre mois après des rapports ayant montré que l'Arabie saoudite a relevé la production à plus de 10 millions de barils par jour en février. Le contrat sur le brut US pour livraison en avril chutait à un niveau record de 47,66 dollars le baril, un niveau jamais enregistré depuis le 30 novembre dernier. Le Brent pour livraison en mai à la Bourse ICE à Londres perdait 50 cents à 50,85 dollars le baril. Dans ses perspectives mensuelles du marché pétrolier publiées plus tôt, l'Organisation des pays producteurs (Opep) a indiqué que ses membres ont pompé 31,95 millions de barils par jour en février, en baisse de 139.500 barils par jour par rapport à janvier. Cependant, l'Arabie saoudite a augmenté sa production de 263.300 barils par jour à 10,011 millions. Les investisseurs attendent désormais les données hebdomadaires des stocks de produits bruts et raffinés des Etats-Unis. Les chiffres de la semaine dernière ont montré que la production des Etats-Unis a touché des niveaux records, alimentant les inquiétudes sur une surabondance mondiale. L'OPEP ‘'poignardée'' dans le dos L'OPEP bien que représentant les plus grandes réserves mondiales, n'ayant plus le même impact que dans les années 1974, avant sa réduction de 1,2 millions barils jour représentait seulement 33% de la production commercialisée mondiale, 67% se faisant hors OPEP. Si le baril arrive à 60 dollars et en cas d'un accroissement de l'offre, fonction de la croissance de l'économie mondiale, qui serait compensé par les pays non OPEP dont les USA, l'OPEP ne risque-t-elle pas de perdre des parts de marché ? L'Arabe Saoudite représente pus de 33% de la part du quota OPEP et avec les pays du Golfe 60%. Pour les pays hors OPEP les plus important sont la Russie qui avant les accords avait atteint plus de 11 millions de barils jour, fourchette du mois de décembre 2016 et non le niveau de janvier février 2016 qui était d'environ 10 millions de barils jour, donc n'ayant pas été pénalisé. Il faudrait à présent faire une analyse en termes d'avantages qui ont permis un baril fluctuant entre 54/56 dollars, s'il était resté plafonné à 40/45 dollars par rapport à cette réduction. Or selon l'OPEP la différence entre 102 dollars et 45 dollars depuis juin 2014 a occasionné une perte de 1.000 milliards de dollars en termes de revenus et 1.000 milliards de dollars en termes de pertes d'investissement. A un cours de 55 dollars la réduction occasionne une perte de 3780 millions de barils/an et environ 219 milliards de dollars pour les pays de l'OPEP, montant inférieur au gain occasionné malgré la baisse physique. Mais depuis la hausse du prix au dessus il y a une entrée massive du pétrole gaz de schiste américain dont les couts de production ont baisé depuis trois années 40/50% grâce aux nouvelles technologies étant rentables pour les grands gisements à 30 dollars, pour les gisements moyens à 40 dollars et pour les gisements marginaux entre 50/60 dollars. Une étude de l'OPEP montre en moyenne que la rentabilité pour bon nombre pays OPEP pour équilibrer leur budget, le prix qui couvre les frais et une marge de profit raisonnable, doit se situer à 60 dollars pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables par rapport au vecteur prix international. Pour l'Algérie la rentabilité des gisements marginaux se situe à un prix supérieur à 60 dollars, les gisements moyens entre 40/50 dollars et les grands gisements entre 30/40 dollars le baril. Mais bon nombre d'experts s'interrogent sur la tentation pour les producteurs de «maquiller» des déclins naturels, liés à l'épuisement de certains gisements et déjà intégrés aux prévisions, afin de les faire passer pour des réductions volontaires. Chef de file du cartel, l'Arabie Saoudite avait longtemps soutenu une politique de prix bas, espérant évincer les concurrents de l'OPEP, notamment les producteurs de pétrole de schiste américains. Mais la chute des cours avait fini par affecter son économie, l'incitant à changer de stratégie rendrait. Mais comme je viens de le souligner dans deux interviews aux TV algériennes(1) en plus des stocks américains qui ont atteint un niveau record en février 2017, d'une croissance de l'économie mondiale molle, notamment de la Chine , qui tire la demande, un prix supérieur à 60 dollars rendrait les gisements marginaux américains rentables , accroissant l'offre pouvant dès alors aboutir à un prix inférieur à 50 dollars en raison de la surabondance de l'offre. D'où cette proposition de l'Arabie Saoudite d'avoir un prix d'équilibre qui tourne autour de 55/60 dollars le baril devant concilier les intérêts des producteurs et des consommateurs et surtout afin de faire face à la concurrence américaine. En effet, selon l'agence Bloomberg en date de février 2017, les producteurs de pétrole non conventionnel ont réalisé d'énormes efforts pour réduire leurs seuils de rentabilité, gagnant de l'argent avec un baril autour entre 40/ 50 dollars, alors qu'il fallait au moins 70 à 80 dollars il y a encore deux ans et à 30 dollars dans certains comtés du Texas où les investissements devraient ainsi augmenter de 30 % dans le secteur en 2017.