L'OPEP, regroupant 12 pays membres, l'Algérie, l'Angola, l'Arabie Saoudite, l'Equateur, l'Iran, l'Irak, le Koweït, la Libye, le Nigéria, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Venezuela, se réunira à Vienne le 04 décembre 2015. Les pays de l'OPEP maintiendront-ils le quota théorique fixé à 30 millions de barils/jour, mais en réalité dépassant les 32 millions de barils/jour ? L'Arabie Saoudite appuyé par les pays du Golfe maintiendra-elle sa stratégie de ne pas réduire sa production afin de maintenir sa part de marché ? Les propositions algériennes et vénézuéliennes entre des pays de l'OPEP et hors-OPEP, dans le but de tenter d'alléger le fardeau des coupes qui reposerait sur le cartel seul, ont-elles des chances d'aboutir ? Les facteurs géostratégiques n'influent –ils pas sur les fondamentaux économiques ? 1.-L'OPEP marginalisée reconduira ses quotas le 04 décembre 2015 Le prix du baril a baissé de plus de moitié en 18 mois, passant de 115 dollars US à environ 45 dollars US. Le relèvement des taux d'intérêt américains, attendu par les marchés pour la mi-décembre, pourrait accentuer la baisse, qui s'explique principalement par la surabondance de l'offre face à une demande notamment le faible taux de croissance de la Chine et bon nombre de pays émergents. L'offre devrait s'accentuer en cas de stabilisation politique car des pays comme l'Iran, l'Irak et la Libye (ces deux dernières devant être reconstruits), ayant besoin de financement devront produire plus à l'avenir ne respecteront pas leurs quotas. Selon des experts, la production des pays hors OPEP devrait baisser en 2016 pour la première fois en près de 10 ans en raison de coupes dans les investissements et l'offre devrait augmenter notamment de la Russie soumise à une crise de financement mais ayant d'importantes réserves suppléant l'augmentation de la quantité à la baisse des prix ,de l'Irak, qui en est membre, qui augmente ses livraisons et l'Iran qui s'apprête à en faire autant après la levée des sanctions internationales au 01 janvier 2016.Les Américains ont produit en 2014 11,644 millions de barils par jour de pétrole (brut et liquides de gaz naturel) alors que le royaume wahhabite n'en a produit que 11,505 millions. La production d'hydrocarbures non conventionnels aux USA a révolutionné la carte énergétique mondiale, expliquant pour le cas Algérie une baisse des échanges commerciaux largement dominées par les hydrocarbures de près de 45%. Qu'en sera-t-il entre 2015/2016 ? Les Etats-Unis ont pour 2014 creusé l'écart avec la Russie, troisième producteur mondial, qui a extrait 10,838 millions de barils l'an dernier, bien que la production pétrolière russe est à son plus haut niveau depuis la fin de l'Union soviétique, en 1991 selon les informations données par le ministère russe de l'Energie. Ainsi, le cours du WIT le 02 décembre 2015 tourne entre 40/41 dollars et celui du Brent entre 44/45 dollars avec un cours très bas l'euro se cotant 1,06 dollar. Les membres du cartel qui assuraient 55% de la commercialisation mondiale en 1970, 42,1% en 2013 assurent actuellement moins de 33%, plus de 67% se faisant hors OPEP. Je ne parlerai pas du gaz traditionnel où la Russie, l'Iran et le Qatar totalisent plus de 50% des réserves mondiales à un coût largement inférieur à celui de l'Algérie et les nouvelles découvertes à travers le monde avec la prédominance des canalisations rendant impossible une OPEP GAZ, sans oublier les mutations énergétiques dans les énergies renouvelables dont le coût de production a été divisé par deux. .Les pays membres de l'OPEP sont ainsi divisés face aux mesures qu'ils comptent prendre pour contrer la chute des cours du brut. Car les effets d'une réduction seraient minimes sans une concertation avec les non OPEP qui prendraient des parts de marché face à la crise d'endettement. Tous les pays producteurs connaissent une baisse de leurs revenus provenant de cette rente, mais certains s'en sortent mieux que les autres. Or en moyenne annuelle une baisse d'un dollar par baril occasionne une perte de 600/700 millions de dollars. Selon les Echos.fr en date du 16/11/2014, une baisse de 35 dollars du cours du pétrole entraîne un transfert de 3 milliards de dollars par jour entre producteurs et consommateurs. C'est que le ralentissement économique mondial, qui pèse sur la demande d'or noir, le boom du pétrole de schiste américain et la forte hausse du dollar poussent le prix du brut à la baisse. Bien que certaines hypothèses aient évoqué le fait que le coût élevé de la production non conventionnelle de pétrole puisse déterminer un nouvel équilibre pour les cours du Brent , les équilibres entre l'offre et la demande indiquent que la dégringolade des cours n'est pas arrivée à son terme, selon l'AIE qui rappelle que les énergies fossiles sont lourdement subventionnées ,4700 milliards de dollars en 2014 alors que les investissements dans les énergies renouvelables n'ont été que de 310 milliards de dollars dont 150 pour le solaire. Si la production du cartel pétrolier, qui pompe environ un tiers du brut mondial, s'est relâchée, elle est demeurée au-dessus de son objectif de production fixé à 30 mbj, ayant dépassé les 32 millions de barils jour. Ainsi selon les experts en énergie, l'Opep dont l'influence est déclinante depuis des années, ne réduira pas sa production lors de sa prochaine réunion. Pour sa part, le Fonds monétaire international (FMI) estime que la chute des prix pourrait être de longue durée. Mais l'AIE met en garde contre un effet boomerang: à plus long terme, du fait de la faiblesse des investissements sauf en cas d'une nouvelle mutation énergétique reposant sur un Mix énergétique. Pour le moyen terme, bon nombre d'experts estiment que le coût marginal de production saoudien (c'est-à-dire le coût du puits le plus cher à exploiter) est compris entre 20 et 30 dollars contre 70-80 dollars du côté du pétrole de schiste pour les gisements marginaux mais à 50/60 dollars pour les grands gisements qui demeurent rentables, les nouvelles technologies réduisant fortement les coûts. Aux USA, selon bon nombre d'experts, le nombre de forages est devenu un indicateur obsolète pour suivre la production : les puits de meilleure qualité (des puits moins nombreux mais beaucoup plus productifs), le recours au forage horizontal et les progrès technologiques sont des éléments qui ne sont pas reflétés par le nombre d'appareils de forage. De plus, de nombreux puits « inachevés » (qui doivent encore être fracturés ou abandonnés) brouillent la perception de la production américaine. Ils seraient au nombre de 2 500 aujourd'hui. Sur la base d'une production attendue de 400 barils par jour sur chaque puits, leur production totale pourrait atteindre un pic de 1 mbj. Près de 60% des coûts ont déjà été réalisés sur ces puits inachevés et leur mise en production semble donc inévitable. Cette mise en production viendra ainsi contrebalancer la baisse rapide du taux d'extraction des puits précédemment exploités. Mais la réalité est plus complexe et rentre la géostratégie. Une entente entre les USA , l'Arabie Saoudite ( les pays du Golfe suivront) entre les plus grandes firmes pour un prix en dessous de 70 dollars pendant quatre années, qui avec ce prix verront une grande restructuration afin de profiter des économies d'échelle comme cela a été le cas pour le système financier lors de la crise d'octobre 2008, afin de réduire leurs coûts, mettra en difficulté la Russie et l'Iran , le Venezuela afin de négocier en rapport de forces, et par voie de conséquence, l'Algérie ces pays étant les maillons faibles de l'OPEP . C'est que la Russie a besoin d'un baril à 110 dollars pour boucler son budget, le Venezuela de 120, l'Iran de 140 et l'Algérie pour les lois de finances ( le cours plancher de 37 dollars étant un artifice comptable irréaliste de peu de signification) 2014/2015 à 110/120 dollars selon le FMI. 2.- Le cours du pétrole étant bas encore pour longtemps, éviter pour l'Algérie le scénario dramatique des impacts de la crise de 1986 L'Algérie a adhéré à l'OPEP en 1969, qui fut créée en 1960 et a produit 1,2 million de barils par jour depuis le 1er janvier 2009, contre 1,4 mbj auparavant, soit moins de 200.000 bj suite à la décision de l'OPEP de réduire son plafond de production pour soutenir les cours du brut. La chute des hydrocarbures a eu lieu en 1986, mais les impacts ne se font sentir qu'en 1989/1990. L'Algérie après plus de 50 années d'indépendance politique reste toujours une économie rentière 95% d'exportation relevant des hydrocarbures et ajoutant les dérivées 97/98%, le prix de cession du gaz étant actuellement déconnecté de celui du pétrole, donc à un niveau de prix bas alors que l'investissement est hautement capitalistique. Pour l'Algérie le seuil de rentabilité doit être au minimum 10 dollars le MBU pour les canalisations et plus de 15 dollars pour le GNL. On peut découvrir des centaines de gisements mais non rentables, les réserves étant fonction du taux de récupération, du vecteur prix international, des différentes sources d'énergie concurrentes et des coûts. Cette baisse des cours accroîtra les tensions budgétaires de bon nombre de pays pétroliers et risque d'éponger une grande fraction de leurs réserves de change horizon 2020. Ces pays ne peuvent continuer à dépenser sans compter. L'Algérie produit peu et importe presque tout, le secteur industriel représentant moins de 5% du PIB et sur ces 5%plus de 95% étant des PMI/PME à organisations familiales, peu concurrentielles, la superficie économique étant constituée à 83% de petits commerce/services. Le taux d'intégration des unités privées et publiques ne dépasse pas 15%, et uniquement les importations de matières premières pour 2014 ont dépassé 17 milliards de dollars. Plus précisément les recettes de Sonatrach ont été de 73 milliards de dollars entre 2010/2011, 63 milliards de dollars en 2013 59 milliards de dollars en 2014 avec un cours moyen de 85/90 dollars. Selon la LFC2015 à un cours de 60 dollars en moyenne annuelle il était prévu une recette de Sonatrach de 34 milliards de dollars, montant auquel il faudra soustraire 20% de coût de Sonatrach. Or il semble bien que le cours pour 2015 et certainement pour 2016 soit largement inférieur à 60 dollars, la baisse d'un dollar en moyenne annuelle occasionnant un manque à gagner pour Sonatrach d'environ 600 millions de dollars. Or, entre les subventions et les transferts sociaux, le gouvernement algérien a consacré pour 2014, 60 milliards de dollars par an, soit plus de 26% de son produit intérieur brut du fait de la forte consommation intérieure. Pour le gaz traditionnel, du fait du faible prix, la consommation intérieure pourrait dépasser les exportations actuelles qui peinent à dépasser les 55 milliards de mètres cubes gazeux. Aussi, le défi est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires de dynamiser le tissu productif, entreprises publiques et privées locales et internationales créatrices de valeur ajoutée interne , devant se fonder sur l'entreprise créatrice de richesses et l'économie de la connaissance. Comme je l'ai annoncé depuis près de trois années ( voir www.google.fr) et devant le premier ministre algérien récemment lors de la conférence organisée par le Ministère de l'Industrie à Alger( 05 novembre 2014) , les ajustements économiques et sociaux à venir seront douloureux, impliquant un comité de crise indépendant, un discours de vérité, une moralité sans faille de ceux qui dirigent la Cité et tenant compte de toutes les sensibilités un large front national de toutes les algériennes et les algériens. Devant éviter les slogans qui n'ont plus de sens, personne n'ayant le monopole du nationalisme, l'objectif stratégique contribuer à la croissance du pays, condition de la création d'emplois productifs et d'atténuation des tensions sociales, donc les solutions utopiques, devant être pragmatiques, l'Algérie doit donc profiter de sa relative aisance financière, dette extérieure très faible, moins de 4 milliards de dollars et bien utiliser ses réserves de change qui étaient de 192 milliards de dollars janvier 2014 et qui clôtureront entre 140/145 milliards de dollars fin 2015. Il s'agit de transformer cette richesse virtuelle en richesses réelles, de libérer toutes les énergies créatrices, et donc de réaliser la transition difficile vers une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, afin d'atténuer et les chocs sociaux. Les mesures contenues dans la loi de finances 2016 ne sont que des mesures conjoncturelles, impliquant une vision stratégique de moyen et long terme si l'Algérie veut éviter l'épuisement du fonds de régulation des recettes courant 2017 et les réserves de change horizon 2018/2019. Le retour au FMI impliquera forcément une très forte dévaluation du dinar de plus de 200 dinars un dollar. La tendance actuelle du dérapage du dinar est un signe du fait que la valeur du dinar autant que le pouvoir d'achat des algériens est corrélé à pus de 70% à la rente des hydrocarbures.