L'insécurité alimentaire se distingue par des conditions marquées par une incapacité persistante à combler les besoins minimums de consommation d'aliments en termes de qualité et de quantité. Elle représente un plus grand défi en période de conflit civil et de sécheresse. Selon le Comité de la sécurité alimentaire mondiale, le concept de sécurité alimentaire est apparu dans les années 1970, dans un contexte de flambée des prix des céréales sur les marchés internationaux liée à une succession de mauvaises récoltes, de diminution des stocks et de hausse des prix du pétrole. À l'époque, de nombreuses régions du monde souffraient d'insuffisance de production alimentaire pour nourrir leur population et étaient particulièrement vulnérables aux accidents climatiques (sécheresses, inondations) ou aux attaques de prédateurs (sauterelles par exemple). Dans la lignée des analyses de Thomas Malthus, les projections de production agricole et de population laissaient craindre un écart croissant qu'il serait difficile à combler sans un effort important. La définition adoptée par la Conférence mondiale de l'alimentation en 1974 reflète ce contexte : « Disposer à chaque instant, d'un niveau adéquat de produits de base pour satisfaire la progression de la consommation et atténuer les fluctuations de la production et des prix. »Les bonnes récoltes agricoles obtenues dans certaines régions du monde ont permis de maintenir les stocks alimentaires mondiaux, selon le dernier rapport de l'Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) sur les Perspectives de récolte et la situation alimentaire, soulignant que les crises prolongées et les troubles ont contribué à gonfler les rangs des personnes déplacées et souffrant de la faim ailleurs. Toujours d'après le rapport, "quelques 37 pays, dont 26 en Afrique, ont besoin d'aide alimentaire externe." Le rapport indique également que "les conflits civils sont toujours le principal facteur conduisant à une situation d'insécurité alimentaire grave, comme cela est le cas au Soudan du Sud où sévit la famine, ainsi qu'au Yémen et dans le Nord du Nigéria où il existe un risque élevé de famine localisée." "Les mauvaises conditions météorologiques tendent à aggraver le risque de famine en Somalie", a-t-on noté. Les réfugiés ayant fui les troubles civils dans des pays tels que l'Irak, la Syrie et la République centrafricaine exercent une pression supplémentaire sur les stocks alimentaires des communautés hôtes, souligne le rapport du FAO. Selon les estimations, près de 5,5 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire grave au Soudan du Sud, où les prix du maïs et du sorgho sont quatre fois plus élevés qu'en avril 2016. En Somalie, près de 3,2 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire et agricole d'urgence, tandis qu'ils sont 17 millions à en avoir besoin au Yémen. Dans le Nord du Nigéria, 7,1 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire grave, en raison des perturbations provoquées par les conflits, et sans doute davantage seront amenés à connaître une situation moins désastreuse mais feront face à des conditions stressantes. Selon le rapport établi, les 37 pays les plus touchés et ayant actuellement besoin d'une aide alimentaire extérieure sont les suivants : l'Afghanistan, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la République centrafricaine, le Tchad, le Congo, la République populaire démocratique de Corée, la République démocratique du Congo, Djibouti, l'Erythrée, l'Ethiopie, la Guinée, Haïti, l'Irak, le Kenya, le Lesotho, le Libéria, la Libye, Madagascar, le Malawi, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, la Birmanie, le Niger, le Nigéria, le Pakistan, la Sierra Leone, la Somalie, le Soudan du Sud, le Soudan, le Swaziland, la Syrie, l'Ouganda, le Yémen et le Zimbabwe . À l'ordre du jour du Comité pour la sécurité alimentaire mondiale de 2012 figurait une proposition d'évolution de la définition de la sécurité alimentaire pour intégrer la notion de sécurité nutritionnelle1. Une telle proposition avait pour but de prendre en compte les acquis des sciences de la nutrition qui montrent depuis des décennies que la malnutrition, notamment infantile, principale manifestation de l'insécurité alimentaire aujourd'hui, ne résulte pas seulement d'une insuffisante qualité voire quantité de nourriture, mais aussi et souvent d'un état de santé (diarrhées, paludisme, etc.) et de soins insuffisants (par méconnaissance ou incapacité). La proposition de parler désormais de « sécurité alimentaire et nutritionnelle », même si elle est déjà adoptée par divers pays, n'a pas encore fait l'objet d'un consensus international. Enfin, divers travaux sont en cours pour intégrer, dans la définition de la sécurité alimentaire, des préoccupations de durabilité environnementale et sociale des systèmes alimentaires et relatives aux nouvelles pathologies nutritionnelles dites « de pléthore » (obésité et diabète associé, maladies cardiovasculaires, certains cancers, etc.) qui touchent désormais tous les pays du monde. Est ainsi proposée la notion de « sécurité alimentaire et nutritionnelle durable.