Près de cinq millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire dans le Soudan du sud où la situation sécuritaire demeure extrêmement fragile, près d'une année après la proclamation officielle de l'indépendance de ce jeune Etat. Le nombre des sud-soudanais en proie à la faim ne cessent d'augmenter en ce début d'année 2012, a alerté l'Agence de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'Agriculture (FAO) dans un rapport conjoint avec le Programme alimentaire mondial (PAM), publié hier à Rome, en Italie. Selon ce rapport, le nombre de personnes souffrant d'insécurité alimentaire est passé de 3,3 millions en 2011 à 4,7 millions en ce début d'année 2012, soit environ 1,4 millions de personnes supplémentaires qui se voient confrontés au risque de famine alors que les pays voisins de la Corne de l'Afrique (Ethiopie, Kenya, Somalie, Djibouti et Ouganda) n'arrivent toujours pas à faire face au même problème qui a été causé par la sécheresse, aggravée par l'instabilité politique et sécuritaire. En outre, environ un million de personnes sont en situation de grave insécurité alimentaire, contre 900 000 en 2011, s'est inquiétée la FAO. Ce rapport est le fruit d'une mission d'évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire menée à la demande du ministère de l'Agriculture et des forêts du Soudan du Sud. La poursuite des conflits armés, notamment au nord frontalier avec le Soudan où subsistent encore de nombreux groupes rebelles, n'arrange pas la situation. La mission humanitaire de nombreuses organisations non gouvernementales est devenue quasiment impossible dans de nombreux endroits.Ainsi, en cas de poursuite de ces conflits et de hausse des prix des aliments, le nombre de personnes en situation de grave insécurité alimentaire serait susceptible de doubler, a indiqué le rapport. «Il s'agit là d'une crise imminente que le monde ne peut se permettre de négliger», a estimé Chris Nikoi, directeur du PAM au Soudan du Sud, cité par le communiqué. «La situation est dramatique, et nous faisons tout notre possible pour être prêts à l'affronter, mais le temps presse», a-t-il mis en garde. «Il faut briser le cercle vicieux de la faim et de la pauvreté croissantes. C'est possible en aidant les gens à reprendre l'agriculture, l'élevage et autres activités de subsistance», a souligné de son côté George Okeh, chef du bureau de la FAO au Soudan du Sud. Le déficit céréalier pour 2012 est estimé à plus de 470 000 tonnes, soit près de la moitié des besoins annuels totaux de consommation du pays. Selon le rapport, la production céréalière nationale en 2011 a été inférieure de 19% à celle de l'année précédente et de 25% à la moyenne des cinq dernières années. Une mauvaise récolte en grande partie imputable au déficit pluviométrique en début de campagne, tandis que les conflits en cours n'ont fait qu'aggraver la situation en perturbant les activités agricoles. En 2012, dans le cadre de ses opérations d'urgence, le PAM devrait acheminer 150 000 tonnes de nourriture à quelque 2,7 millions de personnes vulnérables. Face à cette situation, la FAO sollicite l'appui des bailleurs de fonds à hauteur de 23 millions de dollars. Il y a quelques semaines, l'ONU a lancé un appel d'urgence pour apporter l'aide alimentaire et médicale à des centaines de milliers de personnes dans le Soudan du sud. Un pont aérien a d'ailleurs été ouvert pour l'acheminement rapide de cette aide, mais il semble que la situation est beaucoup plus grave que l'on pense. R. I.