Le président du Conseil national de l'ordre des médecins, Mohamed Bekkat Berkani a émis à Alger des réserves sur l'avant-projet de la loi sanitaire se "félicitant que ce texte soit gelé". "Il faut réfléchir ensemble à trouver des solutions consensuelles de manière à ne pas refaire l'erreur de l'avant-projet de la loi sanitaire. C'est un mauvais texte qui a été heureusement gelé par les autorités", a relevé M.Bekkat-Berkani qui intervenait sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale. Il a estimé que ce texte "doit être amélioré en procédant à une deuxième lecture", appelant à "ne pas faire l'erreur de reprendre ce texte, rédigé par deux ou trois personnes n'ayant aucun contact ni avec la réalité du terrain ni avec les possibilités de l'évolution de la médecine", a encore commenté M. Bekkat-Berkani. Pour lui, l'Algérie est arrivée à une situation "presque de blocage", relevant que "le système de santé publique n'est plus en mesure de fournir des prestations à la hauteur des exigences des populations". Mettant l'accent sur la "nécessité de trouver des solutions rapides de façon consensuelle aux problèmes de la santé", il a affirmé que le Conseil qu'il préside est "un partenaire et un conseiller des Pouvoirs publics". "Nous avons déjà rencontré le nouveau ministre de la Santé et nous lui avons fait part de nos doléances, d'autant plus qu'il est un hospitalo-universitaire", a fait savoir M.Bekkat-Berkani, suggérant d'agir "rapidement car la situation de la santé est plus que critique du fait notamment de la déconsidération et du manque de sécurité du personnel médical et paramédical dans les espaces publics". Evoquant le volet formation dans le secteur, il a noté que "la formation des médecins n'est pas satisfaisante et n'est pas assurée de façon moderne", regrettant en outre que "le médecin souffre du manque de moyens d'investigation, ce qui est indépendant de sa volonté". Au sujet des médecins algériens formés en Algérie et qui exercent à l'étranger, M. Bekkat-Berkani a relevé qu'il s'agit d'une "grande hémorragie" pour le pays, expliquant le départ des médecins par "le manque de conditions sociales à même de les motiver à rester en Algérie". Selon les chiffres qu'il a avancé, il y a près de 5 000 médecins algériens inscrits au Conseil de l'Ordre des médecins français, sans compter, a-t-il dit, les 10 à 20 000 autres médecins qui font des petits boulots dans des services d'urgence en France, ce qui est "dommageable à notre système de santé et à l'avenir du médecin algérien sans parler du désastre pour l'économie de l'Algérie qui forme des médecins pour d'autres pays".