Il fut un temps où le prestigieux hôpital ‘'Ernesto Che Guevara'' avait une si bonne réputation, en recevant et en soignant des milliers de malades venant de Mascara, de Saida, de Relizane et de tous les coins de la wilaya de Mostaganem. Aujourd'hui, cet établissement public hospitalier a fini par perdre cette gloire, il ne semble point parvenir à s'entretenir et à redorer son image d'antan. Sa chaudière ne chauffe plus ses malades en cet hiver glacial, son incinérateur ne brule plus ses déchets hospitaliers, et son tout dernier service d'oncologie pédiatrique, récemment inauguré, a été bien obligé de fermer sa porte. Fondé en 1834 à l'époque coloniale, en servant d'abord comme garnison militaire, l'hôpital de Mostaganem a été utilisé par la suite, pour la prise en charge des malades civils et militaires. Après l'indépendance, il fut baptisé en 1965 au nom du révolutionnaire argentin, Ernesto Che Guevara, dans le cadre de la coopération médicale algéro-cubaine qui a pris fin en 1984 et a fini par gagner une popularité sans égal à travers la région ‘'ouest'' du pays. Malheureusement, au fil des ans, il ne vit que d'un déclin à un autre et semble déjà ne plus parvenir même pas à entretenir ses équipements et contenir le flux des malades à hospitaliser. Des malades livrés au froid glacial Suite aux multiples doléances de citoyens et de malades, se plaignant de l'état des lieux de cet hôpital, qui se dégrade d'une année à l'autre, ‘'Réflexion'' s'est rendu à cet établissement public hospitalier pour en savoir davantage et tenter d'en connaitre les mesures décidées par la direction, afin d'améliorer son état si lamentable. Sur les lieux, personne n'a voulu nous recevoir et nous informer, le directeur de l'hôpital était en congé. Partant à la recherche d'une personne pouvant nous orienter, un parent d'un malade nous apprend que les malades grelotent de froid. Dans l'un des services hospitaliers, l'information se vérifie d'un simple regard, l'absence des radiateurs le confirme. Dans un autre service, les radiateurs sont là, mais si glacés, ils ne fonctionnent plus. Demandant le motif de cette défaillance, un infirmier nous apprend, en fin de compte, que la chaudière est a l'arrêt depuis si longtemps a cause de la défectuosité de ses canalisations si usées. Des déchets hospitaliers non incinérés Se déplaçant vers le service de pédiatrie, un autre proche d'un enfant malade, fumant sa cigarette en dehors du pavillon, nous interpelle et nous indique un lieu des gros sachets et des sceaux hermétiques de couleur jaunes s'entassent les uns sur les autres. Questionnant une femme de ménage sur la présence de ces restes si nuisibles, exposés à l'air libre et en pleine nature. La bonne dame nous appris encore que l'incinérateur ne fonctionne plus et que ces derniers ne sont brulés. Malheureusement, ces abandons appelés les DASRI (déchets d'activités de soins à risque infectieux) restent énormément produits en milieu hospitalier par les activités de soins et présentent un risque infectieux et de contamination pour l'homme et l'environnement. Ils nécessitent de ce fait un traitement particulier, d'où leur incinération qui ne doit pas attendre, alors que dire que cet amoncellement de déchets qui ne parait inquiéter personne ! L'oncologie pédiatrique, une simple ‘'poudre aux yeux'' Quant au fameux service d'oncologie pédiatrique, qui a englouti de fortes sommes d'argent pour son aménagement au sein du pavillon de la pédiatrie, sa porte est désormais fermée et le panneau qui indiquait sa présence a fini à son tour par disparaitre. Pour rappel, ce service tant attendu pour les enfants cancéreux de la wilaya, a nécessité une forte mobilisation de la société civile locale et un fort soutien de l'ex-wali de Mostaganem, M.Abdelwahid Temmar qui l'a inauguré, voilà des mois. Depuis, son fonctionnement semble avoir buté sur tant d'obstacles. Certains médecins ont déclaré que ce service ne répond nullement aux normes requises de ses activités, d'autres soutiennent qu'il ne dispose pas de l'équipement nécessaire. Pour le moment, aucun enfant cancéreux n'a pu séjourner a travers ses magnifiques chambres, désormais désertes. Le pénible calvaire de ces malheureux petits cancéreux, se poursuit toujours de déplacement en déplacement à la quête d'une séance de chimiothérapie ou radiothérapie, qu'ils n'ont pu recevoir en ce lieu, qui n'a pu être que ‘' de la poudre aux yeux ‘' . Des ascenseurs fonctionnant juste le jour ! L'unique point positif qui semble avoir été réglé en cet hôpital, c'est la remise en marche de ces ascenseurs qui étaient en panne. Par malheur, selon l'information d'une autre femme de charge, ces derniers ne fonctionnent que le jour ! Une note de service est placardée et annonce que l'ascenseur doit être utilisé uniquement par le malade et son accompagnateur qui le déplace d'un étage à l'autre. Il parait encore que ces moyens sont gérés par un personnel qui dispose d'une clé pour les faire fonctionner pendant le jour. Au cours de la nuit, ils sont à l'arrêt et tout malade souffrant et nécessitant son déplacement vers un autre lieu de l'hôpital, doit patienter en attendant le prochain matin ! Des patients dans l'attente de lits ‘'vides'' ! En quittant les lieux de cet hôpital, qui a perdu de sa réputation d'un temps, et en absence de tout interlocuteur pouvant répondre a tant de questions sur son triste sort, un autre parent d'un malade qui attend en voiture, son admission au sein des services hospitaliers, nous informe de ses navettes presque quotidiennes à la recherche d'une ‘'place'' pour son souffrant. Se rendant encore au service indiqué, l'infirmier nous confirme les dires du sieur .Désormais, tous les lits sont occupés, il n'y a pas de place libre pour le prendre en charge. Interrogeant un surveillant médical, ce dernier nous souligne que l'hôpital souffre d'une forte surcharge de malades, contraints de se relayer sur les lits disponibles. Selon ce dernier, seul, le nouvel hôpital, toujours en voie de réalisation, finira par mettre fin à la pression subie. De l'hôpital d'un temps au mouroir d'aujourd'hui ! Aujourd'hui, l'hôpital ‘'Che Guevara'' ne semble plus répondre a son statut, il ne parvient plus a prendre convenablement en charge ses pauvres malades. A ce jour, il n'a pu leur offrir le chauffage nécessaire en cet hiver qui s'annonce si glacial, il les expose davantage au risque infectieux, de par ses déchets hospitaliers qui cernent son incinérateur et qu'il n'est point parvenu à bruler. Face a ces insuffisances, ainsi que d'autres, l'établissement public hospitalier de Mostaganem, tend à ne plus être un hôpital et s'achemine à n'être qu'un mouroir pour ses malades, selon la déclaration de l'un de ces derniers.