Au départ, c'était une promesse électorale. Abdelaziz Bouteflika, candidat pour un deuxième mandat à l'élection présidentielle en avril 2004, s'est engagé à faire réaliser 100 locaux à usage professionnel et artisanal par commune. Ce projet devait générer quelque 300 000 emplois au minimum. Le coup d'envoi a été donné au cours de la même année. L'enveloppe financière nécessaire a été inscrite dans la loi de finances complémentaire 2005 et loi de finances 2006 et le décret exécutif fixant les modalités de la mise à disposition des locaux a été signé en octobre de l'année2007. Les moyens financiers et le cadre juridique existent, mais il semble que cela est insuffisant. En janvier 2010, les 154 000 locaux programmés sont à 70% réalisés, en guise d'explication, on avait évoqué un «léger retard». Parallèlement, les responsables du projet soulèvent une autre préoccupation. D'après eux, il ne suffit pas de construire les locaux, mais il faut encore résoudre la problématique de l'affectation. Tout le monde parle de «locaux commerciaux», ce qui est faux. Résultats : les jeunes promoteurs postulent pour des projets de vente des fruits et légumes au moment où les locaux sont exclusivement réservés aux activités créatrices de richesses et d'emplois. Autre idée reçue : les «kiosques de la honte» iront aux chômeurs. L'affirmation n'est vraie que dans un sens. Pour en bénéficier, il faut être, non seulement sans travail, mais aussi avoir une qualification (diplôme) et surtout présenter un projet sérieux auprès d'organismes de promotion de l'emploi, à l'exemple de l'ANSEJ. Trouver des personnes éligibles n'est finalement pas chose facile. C'est pour cette raison que sur les 30 200 locaux réalisés, selon le dernier bilan disponible, seuls 3% ont été attribués. Plusieurs acteurs s'accordent à dire qu'il faut faire un effort pour mieux informer les personnes concernées de la véritable nature du projet. Plusieurs wilayas s'avouent incapables d'achever le projet avant la fin de l'année en cours. Selon les statistiques officielles, ce dernier était à 70% de sa réalisation vers la fin de janvier 2010. De plus, plusieurs walis ont promis de livrer tous les locaux au plus tard avant la fin du premier trimestre 2008 (mars). La wilaya de Tiaret l'a fait savoir depuis le début de l'année en cours : 3623 locaux seront réceptionnés vers la fin 2010. La situation est plus critique à Tiaret. La réalisation du programme avance à un rythme très faible et des retards dans les délais d'exécution sont à craindre, des mauvais choix de terrains, des « défaillances » et un « manque de qualification » des entreprises chargées de la réalisation des locaux. Parallèlement, les APC ont initié des actions de sensibilisation afin d'expliquer les modalités de distribution de ces locaux. Dans cette wilaya, on prend toutes les précautions pour éviter de vivre les émeutes qui avaient éclaté, en 2006, suite à une attribution de locaux qui n'a pas touché de « simples chômeurs ». Le cas de Tiaret Tiaret fait face à de gros problèmes concernant la localisation de son programme dont la livraison est différée d'année en année. Le choix des terrains pour l'implantation du programme des 100 locaux a provoqué la colère des riverains .Les foyers de tensions étaient multiples, Volani, Bouhenni, cité universitaire…. A chaque fois, les autorités sont accusées d'ignorer la réglementation en passant outre les enquêtes Commodo et Incommodo, et de piétiner sur les parties communes en occupant notamment des espaces verts, voire même les enceintes des institutions étatique, comme celle longeant le mur du CFPA de Vollani, une véritable catastrophe urbanistique. La réaction des citoyens est légitime. De l'autre côté, les autorités locales (APC et wilaya) évoquent la rareté du foncier pour justifier des «coups de force». Il faut ajouter à tout ceci, les exhortations du wali quant à l'achèvement du plan. «Le programme des 100 locaux par commune doit être concrétisé en urgence d'autant plus que l'argent existe», Pour la wilaya de Tiaret , il s'agit de réaliser 5 700 locaux qui sont censés générer 11 400 emplois au minimum. Comment faire ? La question posée est un vrai casse-tête en ce qui concerne certaines communes à fortes taux de population. A l'APC de Sougueur, c'est le flou total. « Depuis quelque temps, rien ne nous est parvenu de la wilaya», avance un fonctionnaire. Selon lui, les propositions faites à la daïra concernant l'aménagement des locaux dans des bâtisses, ont été refusées au motif, dit-il, que ces immeubles relèvent de la propriété privée. Dans plusieurs communes de la ville, il n'est plus possible de trouver un terrain «constructible» et la seule solution qui se présente, c'est bien la réhabilitation des immeubles. Par ailleurs, les quelques kiosques construits sont en état d'abondant total au vu et au su de tous les responsables concernés par cette opération, il suffit de faire un tour du coté de Volani d'où une centaine de kiosques sont devenus un véritable coupe gorge pour les habitants de ce quartier, est dire que Tiaret demeure une ville qui illustre parfaitement l'incompétence des pouvoirs publics à tenir des engagements faits par le premier magistrat du pays.