À Mostaganem comme ailleurs, le prix de la pomme de terre s'enflamme et a frôlé les 100 dinars le kilogramme au cours des deux derniers jours de l'Aïd El Adha. En dépit d'une forte production avoisinant les 2,5 tonnes récoltée lors de l'arrière saison (de Mai à Juin), la spéculation semble battre son plein et prive les ménages de ce tubercule si prisé et largement consommé en été. Avec une superficie cultivée de 12.600 hectares à travers la wilaya de Mostaganem et une récolte estimée à 2,5 millions de tonnes pour la dernière arrière-saison, selon la direction de l'agriculture, la pomme de terre se fait tant désirer par les ménages mostaganemois contraints de la payer à 100 dinars le kilogramme durant ces deux derniers jours de l'Aïd El Adha. Alors que certains fellahs questionnés sur cette drôle de pénurie, l'ensemble des chambres froides, implantées dans les zones à fort potentiel de pomme de terre dont Mostaganem, regorgent de ce tubercule suite à une très forte production enregistrée à la fin de la période de récolte de juin dernier, le prix du tubercule affiché sur les étals à travers les magasins de fruits et légumes et autres marchés publics ne reflète pas cette abondance. Selon un cadre de la direction du commerce, contacté par le journal, « le prix du kilogramme de la pomme de terre, compte tenu de la forte production, ne devrait pas dépasser les 60 dinars sur toute la frange du nord du pays mais de là à être affiché à 100 dinars, voire plus, cela veut dire que le marché de la pomme de terre est sous le diktat de spéculateurs sans scrupule ». Un ex-président de la chambre de l'agriculture affirme à son tour que depuis quelques jours, les marchés de gros du pays réceptionnent des petites quantités, rendant l'offre très en deçà des capacités réelles de réception des mandataires ». Il a ajouté que « le marché de la pomme de la terre est détenu par une mafia » qui vise à maximiser son gain au détriment du citoyen, en manipulant l'offre émise sur le marché. Selon M.D.H, un ingénieur en agronomie, aujourd'hui en retraite, explique cette pénurie ‘'montée de toutes pièces'' et fortement manipulée par les barons du commerce des fruits et des légumes que des centaines de tonnes de pommes de terre sont à présent gardées dans des frigos et ne sont distribuées qu'au compte-goutte, juste pour faire pression sur l'offre et fixer les prix de vente en gros ». En soulignant également : « Avec un prix de gros élevé, qui a son tour, a forcément une répercussion sur le prix au détail ». C'est tout à fait vrai , puisque depuis ces trois derniers jours, les prix n'ont cessé de grimper et plus particulièrement au sein des wilayas productrices dont Mostaganem, réputée pour la qualité de son tubercule et son salon de la pomme. Si lésés par cette anarchie dominant le circuit de distribution de la pomme de terre, les citoyens rencontrés au marché interpellent les pouvoirs publics pour intervenir en instaurant un prix plafond du détail et débarrasser le marché de tous les parasites qui continuent d'imposer leur diktat, en régulant à leur guise le commerce de la pomme de terre. Le fameux système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac), lancé en 2008, semble finalement incapable de mettre un terme à l'anarchie régnante depuis toujours et ne point parvenir à produire la régulation tant attendue d'un marché, livré corps et âme aux opportunistes qui font désormais la loi.