Les créances détenues par l'ADE de Mostaganem auprès des communes s'élèvent à plus d'une centaine de millions de dinars et sont en nette augmentation jour après jour. C'est ce que nous a révélé, récemment, le premier responsable de cette unité. Face à ce fait qui « menace son équilibre financier et met en péril son existence », l'ADE semble avoir les mains et les pieds liés. « Impossible » de prononcer une quelconque mesure à même de forcer les communes lourdement endettées à s'acquitter de leurs dettes dans les meilleurs délais. Couper l'eau à ces communes serait ainsi tout sauf une solution envisageable. De toute évidence, personne n'est assez téméraire pour opter pour cette solution ultime et se mettre à dos toute une population, avec toutes les conséquences que cela suppose. De leur part, les communes endettées ne donnent pas l'air d'être non plus dans une meilleure posture par rapport à l'ADE. En grande partie, les dettes qu'elles accumulent ont pour origine, apprend-on, la consommation des citoyens des 380 localités non encore dotées de compteurs individuels. Ces derniers, révèle-t-on, ne sont pas des clients directs de l'ADE. Ils consomment sur le compte de leurs communes, les véritables clients de l'ADE, et rechignent, pour beaucoup, selon nos interlocuteurs au niveau de certaines communes, à payer périodiquement à la commune le montant forfaitaire de leur consommation en eau. En plus, ce montant forfaitaire serait dérisoire et ne reflèterait pas la facture réelle de consommation comptabilisée par l'ADE. Pareillement, les communes en question sont, à leur tour, en situation de paralysie face à cette problématique, dépourvues qu'elles sont de tout moyen de rétorsion pour amener les citoyens « mauvais payeurs » à passer à la caisse. Pas question également de recourir à la coupure d'eau. Auquel cas, ce serait la couper à tous les citoyens de la localité et pénaliser ainsi tout le monde. Soit une solution hors de propos pour les mêmes raisons évoquées plus haut. Tout le monde interrogé pense que les seules solutions envisageables restent, d'une part, de réfléchir à d'autres moyens pour faire payer « les citoyens mauvais payeurs » et d'autre part, à délivrer au fur et à mesure les communes du poids de la distribution de l'eau de l'ADE, en dotant les citoyens des 380 localités de compteurs individuels. Pas aussi simple, rétorquent certains interlocuteurs. Pour eux, pour les localités en attente de passage aux compteurs individuels, des difficultés sérieuses se dressent sur le chemin. A ce propos, nous apprenons que pour certaines localités, « il faudrait attendre d'abord l'installation du réseau d'assainissement ». Pour d'autres, « il faudrait la réhabilitation des réseaux d'AEP et d'assainissement existants ». Il faut signaler que les réseaux d'assainissement vétustes inquiètent au niveau de l'ADE. En toute légitimité, ses responsables s'avèrent être intraitables sur la question de la qualité de l'eau fournie aux citoyens. Il s'agit pour eux de veiller à écarter toute éventualité de contamination du réseau d'AEP par les eaux usées. Enfin, selon les mêmes responsables, l'ADE pompe aujourd'hui quelque 200 000 mètres cubes d'eau par jour pour toute la wilaya. Les 90% proviennent de la station de dessalement de Sonaghter. Le reste est fourni en appoint par le MAO. C'est cet appoint qui serait à l'origine de l'arrière-goût particulier signalé de temps à autre par les consommateurs. L'eau de l'ADE reste tout de même potable et de bonne qualité selon son premier responsable. « Je suis moi-même un consommateur de cette eau », a-t- il tenu à préciser avec une rare insistance.