Un régime alimentaire riche en aliments ultra-transformés a un score inflammatoire élevé. Cause probable : la perte de diversité du microbiote. Le régime alimentaire est un déterminant important de l'inflammation chronique. Or on retrouve une inflammation chronique dans un grand nombre de maladies ou troubles dits « de civilisation » comme le diabète, l'obésité et le surpoids, le syndrome métabolique, les maladies cardiovasculaires, les maladies neurodégénératives. De plus, l'inflammation chronique favorise une réponse inflammatoire excessive lors d'une infection par un virus par exemple. Par ailleurs, les preuves s'accumulent pour suggérer qu'en mangeant plus de produits ultra-transformés on augmente aussi le risque de développer des maladies chroniques non transmissibles. Une étude brésilienne récente rapporte un lien direct entre le degré de transformation des aliments et leur pouvoir pro-inflammatoire, sur la base de la consommation calorique quotidienne : les femmes qui consommaient le plus d'aliments ultra-transformés avaient aussi le score alimentaire pro-inflammatoire le plus élevé. Inversement, les régimes alimentaires qui comportent une part importante d'aliments non transformés ou peu transformés sont peu inflammatoires. Les aliments ultra-transformés sont pauvres en micronutriments et constituants naturels anti-inflammatoires comme les aromates, les polyphénols, les caroténoïdes ; ils ont aussi une densité énergétique élevée, un index glycémique élevé et sont riches en sucre, qui sont tous des attributs d'un régime pro-inflammatoire. Ils sont aussi riches en additifs et ACE, qui peuvent modifier la composition et la diversité de la flore intestinale en favorisant des bactéries pro-inflammatoires. " Le microbiote des personnes en bonne santé a un niveau élevé de diversité et beaucoup de ces bactéries ont tendance à disparaître avec des régimes alimentaires hautement transformés ", explique Andrew Gewirtz (Université de Georgie). Les glucides raffinés pourraient nourrir et faire proliférer les bactéries nocives.Lorsqu'on analyse le microbiote intestinal de souris nourries avec un régime pauvre en fibres, qui mime un régime occidental ultra-transformé, on observe une réduction marquée du nombre total de bactéries et de leur diversité par rapport aux souris suivant un régime riche en fibres. Les fibres fermentescibles sont métabolisées ou fermentées par des bactéries intestinales. Ce processus produit des acides gras à chaîne courte, qui sont d'importantes sources de nourriture pour nos bactéries intestinales. Ces acides gras ont des propriétés anti-inflammatoires. Les résultats chez la souris font écho aux études conduites chez l'homme. Les échantillons de selles des chasseurs-cueilleurs révèlent un microbiote intestinal plus diversifié que celui des Occidentaux. De même, lorsque des chercheurs ont séquencé l'ADN de la plaque dentaire des de nos ancêtres du néolithique, ils ont découvert que la colonie bactérienne était beaucoup plus diversifiée que chez les humains modernes. En pratique. Selon Anthony Fardet, auteur de Halte aux aliments transformés ! MANGEONS VRAI, « une transformation excessive des aliments altère non seulement la composition en micronutriments des aliments, mais avant tout leur effet « matrice », comme dans les aliments ultra-transformés où cette dernière peut être totalement déconstruite puis artificiellement reconstruite à grand renfort d'ingrédients et/ou additifs cosmétiques. Or, la matrice des aliments complets peu transformés joue un rôle sur leur potentiel santé, en fournissant des fibres structurées à la microflore colique stimulant sa biodiversité et apportant des antioxydants qui leur sont liés, plus de mastication et donc plus de satiété, et une synergie d'action des composés protecteurs. »