Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon; iI me conduit ainsi, loin du regard de Dieu, Et jette dans mes yeux pleins de confusion des vêtements souillés, des blessures ouvertes, Et l'appareil sanglant de la Destruction!- (Charles. Baudelaire) -Introduire des cultures de substitution par le biais de Programmes de développement Local , chose qui a été expérimentée maintes fois et dont les résultats ont été en deçà des attentes, en tout cas pas assez suffisants pour abolir définitivement ce type d'activité qui permet de générer sept à huit fois plus que la culture de l'orge , mieux encore si on a recours à une relative irrigation à même d'optimaliser les bénéfices au-delà de toutes espérances: à superficie égale, une culture de cannabis irrigué peut rapporter douze à seize fois plus que l'orge(4) -Faire du « sur place » par des politiques de statu quo tacites et qui finissent par arranger tout le monde , d'abord une région enclavée et irrémédiablement vulnérable sur un plan économique exacerbé avec le temps par une démographie en crescendo, ensuite des millions de consommateurs européens toujours plus aliénés à ce produit, et enfin toute une faune de parasites qui ne seront jamais disposés à tourner le dos à des entrées en devises colossales , surtout en ces temps de récession mondiale. Ce qui relevait naguère d'un ordre sociologique circonscrit à une aire géographique bien définie est devenu aujourd'hui un problème beaucoup plus complexe , un autre paramètre non moins négligeable vient de s'y greffer : celui des sollicitations alléchantes en provenance du marché européen ( presque 80 % du hachisch fumé en Europe provient du royaume chérifien. ). Il est évident que le problème de la demande constitue une raison supplémentaire financièrement très motivante pour maintenir l'exploitation de ce genre de cultures à l'état initiale . En définitive ,que ce soit en Afrique, au Moyen Orient ou en Asie , la versatilité des modes de réémergence de ce fléau est un véritable casse tête. Mr Antonio Da Costa , chef de la lutte antidrogue de l'ONU , en abordant la question du trafic de cocaïne en Afrique ainsi que la misère indescriptible qui en découle , a déclaré "Tant qu'il y aura une demande de drogue , les pays faibles seront toujours la cible des trafiquants. Si l'Europe veut réellement aider l'Afrique , elle devrait réduire son appétit pour la cocaïne."(5) Ce qui nous amène à conclure que ce qui est valable pour la Cocaïne l'est aussi pour le cannabis, mais comment faire justement pour réguler ou inhiber cette hyper satiété à l'égard des stupéfiants dont l'Europe ou le reste du monde n'arrive pas à s'en défaire. Ce haut responsable pense trouver la solution en influant sur le processus de l'offre et de la demande "Plus on saisit d'opium dans les pays voisins de l'Afghanistan, moins il y aura d'héroïne dans les rues d'Europe. Inversement, moins on consommera d'héroïne à l'Ouest , plus il y aura de stabilité en Asie Occidentale."(6) Hélas, cet effet papillon en va-et-vient que Mr Da Costa essaye de mettre en exergue semble s'auto régénérer quel que soit le bout qu'on essaye de sectionner. Cette fatalité risque de ressurgir chaque fois sous des formes différentes .Il est difficile d'appliquer des schémas économiques sur d'insondables pulsions humaines. Toutefois, faisons preuve d'optimisme et espérons que la méthodologie préconisée par ce haut responsable n'est pas qu'un palliatif supplémentaire Si le besoin crée l'organe ,et si la nature a horreur du vide , alors dans un futur indéterminé , combien même réussira-t-on à éradiquer par tous les moyens imaginables la culture du pavot , de la coca et celle du cannabis et par la même occasion éviter tous les autres drames corrélatifs, l'humanité s'arrangera toujours pour concocter de nouvelles mixtures en réponse à ses pulsions. Les Drogues de synthèse avec d'autres amuse-gueules addictogènes menacent déjà nos postérités , ce seront des enjeux futurs qui reconfigureront la planète avec les mêmes disparités meurtrières , à moins que… Le spleen et l'envie de s'encanailler , le chaos politique et l'appas du gain rapide, seront les ingrédients pour le lancement de ces laboratoires postmodernes d'un plaisir revu et corrigé. Soyons vigilants aux humeurs du peuple , nous éviterons l'émergence et la dissémination de ces matrices à malheur. Pour ce qui est de ces semences de la discorde que le Rif essaime, Il est certain que même si le Maroc n'a guère ménagé ses efforts dans la lutte antidrogue, l'enchevêtrement des causes et des enjeux a grandement amenuisé ses chances de pouvoir éradiquer à court terme ce fléau à sa source.(7) En dépit de toutes les tentatives de Développement Humain initiées par Le Royaume chérifien ainsi que les différentes conventions ratifiées dans le cadre de la lutte contre la drogue ,selon certaines sources et jusqu'à un passé récent ,l'économie du cannabis constituait la principale source de revenus au Rif ,susceptible de constituer même l'une des premières sources de devises du Maroc et de contribuer de façon massive à l'économie du pays. (8) Dans la lutte contre la drogue, Le Maroc est actuellement membre du centre de coordination pour la lutte anti-drogue en Méditerranée (CeCLAD-M) , participe également en qualité d'observateur avec Le Maritime Analysis and Operations Center for Narcotics (MAOC-N) –Centre opérationnel d'analyse du renseignement maritime pour les stupéfiants. Le gouvernement marocain se targue d'avoir accompli des progrès considérables en matière de lutte contre la drogue, en réduisant de manière importante la culture du cannabis. Le département d'Etat US et l'ONDUC semblent relativement satisfaits de cette bonne volonté du royaume chérifien. Mais à voir autour de nous un monde qui continue à se disloquer sous l'effet du Cannabis, quel crédit peut-on aveuglément accorder à ces quitus ? Le pavot des provinces afghanes contre les plus grandes puissances du monde. Le cas de l'Afghanistan est encore plus édifiant. Certaines similitudes avec le Maroc mais une situation sociale et politique truffée de tant de paradoxes à vous refiler des névroses. Des milliers de tonnes d'opium sont ponctuellement produites chaque année (entre 6 330 et 9308tonnes) en 2009 , soit plus de 90% de la production mondiale). La culture du pavot, dont le rapport est, en fonction des conjonctures , dix fois supérieur à celui du blé. Cette manne représente parfois plus de la moitié du produit national brut. La drogue est en Afghanistan un vecteur de développement et de reconstruction tant au niveau du secteur rural qui regroupe 70% de la population qu'à celui de l'économie globale. Néanmoins les ravages qu'elle sème à travers l'Asie et l'Union européenne sont incalculables. Ce ne sont pas les misérables cultivateurs de pavot qui en tirent les plus gros bénéfices mais une autre maffia composée de génies du crime. Selon Viktor Ivanov, directeur du Service fédéral russe de contrôle des stupéfiants (FSKN). "L'année dernière, l'héroïne afghane a tué plus de 100.000 personnes dans le monde, ce qui dépasse le nombre des victimes de la bombe atomique larguée sur Hiroshima" Toutes les tentatives de la communauté internationale ( aides financières – Programmes de cultures alternatives, interventions militaires) pour mettre fin à la culture du Pavot restent infructueuses. Interrompre brutalement ce cycle vital de la narco économie afghane sans aucune transition économique viable à moyen terme, aurait des répercussions désastreuses sur l'économie rurale, le processus de reconstruction et le développement du pays, et cela bien que tout le monde soit conscient que cette prodigieuse manne financière repousse à jamais l'échéance de mettre en place une véritable politique de développement économique saine et durable. Ces narcodollars constituent également pour toutes les partis belligérantes du pays une source de financement à leur interminable guerre, alimentent la corruption et empêchent la pacification du pays. Un véritable labyrinthe, tout le monde tourne en rond, impliqué dans cet immense bourbier de la drogue : seigneurs de guerre, talibans, milices pro-occidentales. Tout le monde utilise tout le monde et tout le monde utilise la drogue, qui pour financer sa guérilla, qui pour sa fortune personnelle ou sa carrière politique, ou tout simplement comme moyen de subsistance. Partout dans le monde, faiblesses des pouvoirs locaux, corruption, dissidences internes, et l'absence de clairvoyance dans les choix stratégiques dont a fait preuve jusqu'à maintenant la communauté internationale en tentant de neutraliser ces crises par la manipulation des uns et des autres n'a fait qu'accentuer d'avantage les divisions et alimenter les inimitiés. En dressant des unités ethniques ou politiques les unes contre les autres dans l'espoir de résoudre d'éventuels conflits ou pérenniser une chasse gardée, on a réussi à instaurer que des trêves éphémères. Ces méthodes ont à chaque fois prouvée leur inefficience, pire encore, c'est l'état de pourrissement qui s'y est développé à l'issue de ces expériences de pacification ou de vassalisation qui a entretenu les dictatures, les gouvernances chaotiques, l'extrême corruption des pouvoirs et un inéluctable sous-développement. Pouvait-on imaginer un jour que l'un des intégrismes les plus irréductibles de la planète se résigne à inclure une dose de pragmatisme dans sa dogmatique pétrifiée. Même les Talibans qui par le passé manifestaient une intransigeance impitoyable à l'égard de la drogue ont consenti à légaliser exceptionnellement la culture du pavot. Cette compromission stratégique visait à transformer en véritables jacqueries ces provinces afghanes dépendantes du commerce de l'Opium. Les Talibans y gagneraient de la sorte gagnée de précieux alliés dans leur guerre contre les forces occidentales. Mais une fois l'interdit consommé, pourquoi ne pas aller jusqu'au bout : Les subsides conséquents prélevés sur cette narco économie du diable allait permettre de financer la guerre sainte. Drôle d'époque ! Nécessité fait Loi «Likouli –Dharourati- Ahkam » Asuivre Notes: (4) Rappor Mondial sur les Drogues.UNODC(2003) (5) Rapport Mondial sur les Drogues.UNODC(2009) (6) Rapport Mondial sur les Drogues.UNODC(2009) (7) En matière de développement humain : Déjà en 1961 un premier projet, fut lancé sous l'égide de l'ONU et de la FAO – Le Projet de Développement Economique et Rural du Rif Occidental (DERRO)- ce projet à objectifs multiples comme tous ceux qui lui succédèrent eurent des résultats mitigés. De nombreux projets de développement alternatifs ont été menés toujours dans le Rif . En 1980 , par le FNULAD (prédécesseur de l'UNODC) et le PNUD . En 1994 , par l'UE. La fatalité s'acharnant toujours sur les mêmes à la suite du séisme qui toucha Al-Hoceima , le Monarque actuel promet d'intégrer dans le tissu économique national la Région du Nord en faisant d'elle un pôle de développement urbain et rural. En 2005 , dans l'espoir de réaliser les objectifs du Millénaire pour Le développement selon les vœux des Nations Unies , le Roi lance l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Une énième tentative pour éradiquer ces disparités économiques et sociales entre régions . En matière de législation : Il faut citer les conventions des Nations unies sur les stupéfiants et les substances psychotropes ( 1961,1971,1988) ainsi que celle contre la Criminalité Transnationale organisée(2000). -Le Rapport International sur la Stratégie de Contrôle des Stupéfiants au Maroc en 2008-Département US fait état de l'engagement du Maroc dans sa lutte contre la Drogue et ses corolaires (8) Labrousse et Romero « Maroc : La production de cannabis dans le Rif» (2002) Drogues , trafic international ,Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT)N°13 Février 2002