Lors de son passage au Ghana en 2009 le Président Obama a dénoncé les présidents africains qui, selon lui « modifient la constitution pour rester au pouvoir ». Je voudrais demander à M. Obama qui lui a dit que ces Présidents agissent ainsi dans le but essentiel de rester au pouvoir et d'ailleurs même s'il en était ainsi, en quoi serait-il concerné ? Lorsqu'un chef d'Etat se permet de critiquer ouvertement la gestion d'un autre chef d'Etat, cela s'appelle une ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat souverain. M. Obama poursuit son discours en disant : «ce qu'il faut à l'Afrique, ce ne sont pas des hommes forts mais des institutions fortes », propos que certains perroquets africains répètent comme parole d'Evangile malgré leur fausseté évidente : Louis XVI est né sur un trône et mort à l'échafaud. Inversement quelle que soit l'autorité d'un homme il ne pourra pas agir s'il est bloqué par ses propres institutions. La politique africaine de M. Obama, sur laquelle il a fait mystère durant toute sa campagne électorale, est maintenant bien claire : Obama ne veut pas d'homme populaire en Afrique. Il constitue un obstacle à l'hégémonie américaine. C'est pourquoi il veut imposer à l'Afrique le modèle démocratique américain. Cela s'appelle de l'impérialisme. Obama a été élu pour jouer le rôle de gendarme de l'Afrique Noire. Etant considéré aux Etats-Unis comme un Noir, il ne sera pas traité de raciste en Afrique. Pourquoi Obama ne parle t-il pas de démocratie en Arabie Saoudite? A cause du pétrole. Obama, comme tous les impérialistes, est ridicule et stupide. Aujourd'hui l'impérialisme se présente sous trois formes distinctes : l'impérialisme économique qui consiste à piller les ressources économiques des pays faibles, l'impérialisme culturel qui cherche à imposer sa culture, en particulier son modèle démocratique au monde entier et l'impérialisme politique qui veut imposer par la force sa vision politique du monde. Mais l'impérialisme est un tout. Il a décidé que dans tout pays d'Afrique Noire il faut qu'il trouve son intérêt. S'il n'y a pas de matières premières à piller il faut qu'il impose sa culture. Le premier Ministre Italien S. Berlusconi a dit tout haut ce que les impérialistes pensent tout bas : « la civilisation occidentale est supérieure à la civilisation arabo-musulmane et le monde entier finira par s'occidentaliser». Une forme aiguë de l'impérialisme est le néocolonialisme. Les anciennes puissances coloniales ne se sont jamais consolées de la perte de leurs colonies. Toutefois leur regard est différent suivant qu'il s'agisse de colonies libérées par une guerre nationale ou de colonies ayant bénéficié d'une indépendance octroyée. Pour les premières, l'indépendance est totale et la puissance leur garde une rancune à peine dissimulée. Pour les deuxièmes, la puissance les considère toujours comme faisant partie de ses possessions territoriales, d'où un malentendu dont l'illustration la plus brillante est le cas du Niger. Le problème de l'Afrique n'est pas la démocratie mais le développement. Un pays ne peut pas être indépendant s'il n'est pas capable d'assumer ses dépenses de souveraineté. Il n'ya qu'à voir la manière dont la dignité du Niger est bafouée. La priorité des priorités en Afrique est le développement ; ensuite les droits de l'homme, compris dans le cadre de la culture africaine; en dernier lieu la démocratie. Il est important de noter que pour les impérialistes et les néocolonialistes c'est exactement l'ordre inverse qui doit prévaloir. Au sommet France – Afrique de la Baule en 1990, le Président français F. Mitterrand a lancé le slogan mensonger selon lequel « il n'ya pas de développement sans démocratie », slogan qui a aussi fait recette en Afrique Noire, alors même qu'il a été poliment rejeté sur place par l'Afrique du Nord ! Un personnage aussi sinistre que celui-ci, qui a dit en 1994 à propos du Rwanda « qu'un massacre dans cette région de l'Afrique, ce n'est pas important », peut-il être un ami de l'Afrique ? Si les impérialistes tiennent autant à imposer leur modèle démocratique c'est pour fragiliser les régimes africains, les détourner de leur vrai problème, celui du développement, afin de mieux les dominer et exploiter leurs ressources naturelles. Depuis la chute du mur de Berlin, la guerre froide entre l'Est et l'Ouest a fait place à une confrontation économique dont l'enjeu est la maîtrise du potentiel minier et énergétique de l'Afrique. En témoignent les sommets France – Afrique, Chine-Afrique, Turquie – Afrique, etc. … L'Europe, qui a colonisé l'Afrique, entend maintenir sa présence sur le continent. La nouvelle politique des impérialistes est d'instrumentaliser les Africains contre les Africains. Ce n'est pas par hasard si Obama applique avec un zèle aveugle la politique des impérialistes yankees en Afrique. D'ailleurs il a reçu récemment le Président de la commission de l'Union Africaine. Quant aux néocolonialistes européens, ils ont noyauté les organisations régionales et panafricaines et agissent par leurs valets et chiens couchants interposés. Les colonialistes français qui sont les plus insolents et les plus arrogants d'entre tous, utilisent tous les média pour diviser les Africains, en particulier RFI, une radio de désinformation et d'intoxication coloniales dont les 80% des émissions sont destinées à l'Afrique. Certains africains croient justifier les prétentions des impérialistes par l'aide que ces derniers apportent à l'Afrique. Argument naïf et ridicule. L'Afrique n'a ni oublié ni pardonné les crimes perpétrés par les Européens sur le continent. D'abord l'esclavage : il a existé partout dans le monde à une époque ou à une autre, mais l'esclavage racial, pratiqué à une échelle industrielle est un phénomène unique dans l'histoire de l'humanité. Comment imaginer que, trois siècles durant, des millions de Noirs aient été arrachés à leur terre natale et transportés jusqu'à l'autre rive de l'océan par des blancs venus d'un autre continent. Ce qui s'est passé entre le XVIe et le XIXe siècle a laissé des traces que même dix milles ans d'histoire ne pourront pas effacer, alors que si ces noirs étaient restés en Afrique nul ne pourrait aujourd'hui certifier que tel descend d'un esclave et tel autre n'en descend pas. L'Afrique n'a pas non plus oublié ni pardonné les crimes barbares et abominables commis lors de la conquête coloniale. Même Satan ne saurait obliger une femme à piler son bébé dans un mortier exactement comme elle pilerait le mil. Pourtant la mission Voulet – Chanoine l'a fait dans le Songhaï et à Konni. Chaque année le gouvernement allemand verse à Israël des réparations pour les massacres des juifs commis par l'Allemagne nazie. Pourtant ce gouvernement ne songera jamais à imposer quoi que ce soit à l'Etat juif. La prétendue aide des impérialistes n'est qu'un moyen de chantage et de pression pour perpétuer leur domination sur l'Afrique. Un européen a dit à un ami africain : « vous devez haïr les blancs si vous voulez réussir ». J'ai honte de constater que c'est un blanc qui tient ces propos à un noir. En lieu et place des excuses qu'ils doivent au Niger, les colonialistes français n'ont pas trouvé mieux que de faire subir au pays des examens oraux à Bruxelles sous surveillance de l'organisation fantoche de la CEDEAO, examens dont les résultats n'ont d'ailleurs été que des ajournements successifs. La junte militaire a pris sa part d'humiliation. Nous (patriotes africains) adjurons tous les gouvernements africains de renoncer à cette aide accablante et indigne, de construire leurs budgets en ne comptant que sur leurs propres ressources. Ils apprendront ainsi à mieux gérer leurs finances. Leurs peuples auront à souffrir peut–être pendant quelques années, mais nous en sommes persuadés, le succès et le bonheur seront au bout de l'effort. Aucun peuple n'a réussi sans sacrifices, et aucun peuple ne peut réussir s'il ne prend pas en main sa propre destinée. L'Afrique est le plus riche continent du monde. Elle a tout pour réussir sauf la volonté politique. Le cas récent du Niger est naturellement celui qui inspire toutes ces réflexions. Les débats juridiques, comme les discussions philosophiques, n'ont pas de conclusion, on le sait: Le droit ne peut pas résoudre toutes les questions politiques. La vérité a son lieu, son temps, son intérêt. Pour les jugements guidés par la sensibilité de l'âme la vérité a même son sexe et son âge. Cependant, lorsqu'il s'agit de démocratie il ya une vérité et une seule, celle du peuple. Le peuple est au-dessus des politiciens, au-dessus des juristes, au-dessus des militaires. Le peuple est au-dessus de la Constitution. Ce n'est pas parce que le peuple nigérien est analphabète à 80% qu'il doit être considéré comme un simple bétail électoral. Il a appris à voter pour sanctionner une politique. En fait de maturité, il a une nette longueur d'avance sur les politiciens. Certains professionnels de la politique alliés à des apprentis juristes l'ont tourné en dérision et regardé comme secondaire par rapport au droit et aux organisations internationales. Je voudrais simplement leur demander au nom de qui ont-ils occupé de hautes fonctions de l'Etat et au nom de qui aspirent-ils à y revenir ? Eux qui n'ont jamais rien été que des fils de roturiers. Dans toutes les démocraties du monde la souveraineté du peuple est une disposition constitutionnelle. Nous rejetons cependant la démocratie à l'occidentale, une démocratie hypocrite où cette souveraineté est pratiquement confisquée au profit des politiciens et des juristes. Le peuple nigérien n'acceptera jamais d'être l'otage des politiciens et des juristes, encore moins des militaires alors même qu'il est bel et bien leur seul et unique souverain, c'est-à-dire leur maître après Dieu. Le 4 Août 2009 ce peuple a dit oui à la sixième république. Pour les patriotes nigériens tout débat était désormais clos. Toute polémique subséquente ne pouvait être que de la ‘'politicaillerie'' de mauvais aloi. Ignorer le choix du peuple nigérien était la plus grave insulte qui pouvait être faite à la nation. Que la CEDEAO soit saisie de la question et infligé des sanctions au pays était un acte de guerre envers le peuple nigérien. Car le problème n'était plus alors une crise opposant un Président et les adversaires de la sixième république, mais une guerre ouverte entre un peuple souverain et ses ennemis extérieurs. A suivre