Le patron de Sonelgaz, Nourredine Bouterfa, a tout déballé. Manque de ressources propres, des créances en hausse, pertes sèches en raison des branchements illicites, indisponibilité du foncier pour l'implantation des ouvrages, projets en souffrance, coupures itératives d'électricité, les nuages s'amoncellent sous le ciel de Sonelgaz. Tout est noir chez Sonelgaz? Seule la hausse des tarifs de l'électricité est à même de ramener l'éclaircie, selon Bouterfa.Le PDG de Sonelgaz ne rate aucune occasion de remettre sur le tapis la question des tarifs d'électricité. Son projet fétiche. Et cette fois-ci, de manière offensive et provocante. « Le pouvoir d'achat des Algériens, ce n'est pas mon problème. C'est un problème de l'Etat. Nous avons une entreprise à faire vivre, si on veut qu'elle soit pérenne, il faut qu'elle ait des revenus stables», a soutenu M. Bouterfa lors d'une conférence de presse animé, jeudi 26 août, au siège de son groupe à Alger. Il a laissé entendre que si gouvernement persistait à ignorer la question des tarifs, c'est l'avenir de la société qui serait compromis. «Nous consommons beaucoup et nous ne payons pas beaucoup. Si demain, le pétrole baisse à 8-10 dollars le baril, l'Etat n'aura pas de ressources et ne pourra pas aider l'entreprise. A ce moment, il restera la question des tarifs. Et si les prix ne bougent pas, l'entreprise n'aura pas les capacités d'assurer son développement. Et si la demande augmente, avec des équipements qui veilleront, Sonelgaz sera incapable de la satisfaire la demande», a tenu à prévenir l'orateur, en citant le cas le cas du Sénégal, en délestage permanent. La hausse de la facture sera inévitable. Selon lui, plus l'Etat paye à la place du citoyen, plus le gaspillage de cette énergie montera crescendo. M. Bouterfa est allé plus loin en contestant la décision prise par le gouvernement relative au soutien de l'électricité dans le sud Algérien. « Dans ces régions, les gens disposent de deux compteurs pour profiter de cette mesure de soutien. Chaque fois qu'il y a pas de vérité sur les prix, doublé d'un soutien de l'Etat, il y a un détournement de l'action noble du gouvernement », affirme-t-il. Ce n'est pas la première fois que le PDG de la Sonelgaz remet sur le tapis sa revendication de la hausse des prix de l'électricité. Pour le moment, le gouvernement qui oppose un niet catégorique préfère tirer sur la bride. L'exécutif avait décidé en 2009 de geler le découvert bancaire de Sonelgaz de 200 milliards de DA, tout en s'engageant à assurer des financements d'investissement sur une période de 20 ans. Rares sont les responsables d'entreprise publiques à s'aventurer à émettre des avis critiques sur gouvernement. Et il faut croire le patron de Sonelgaz en fait partie. «L'Etat nous a rien donné, dit-il. L'exécutif essaie d'assurer le financement des investissements que nous devons rembourser. Le financement n'est pas un don. Nous avons signé une convention avec la BNA de l'ordre de 140 milliards de dinars. Elle couvre toute juste quelques projets de 2010. Mais, elle ne couvre pas pour autant le années à venir. Ce n'est pas une solution. Rien n'est réglé. Pour le moment, l'assainissement n'a pas eu lieu» Il ajoute. «On s'est remis à zéro! Les investissements courent avec un différé de 10 ans. En 2020, on commencera à rembourser toutes les dettes accumulées. Sauf que nous ne serons pas en mesure de le faire. Sauf si l'Etat décide d'augmenter les tarifs», précise-t-il. C'est que son entreprise ne dispose d'aucune capacité d'auto-financement, plaide-t-il. Coupures d'électricités : l'Aveu d'échec Interpellé sur les coupures fréquentes d'électricité qui ont affectées bon nombre de wilayas cet été, le PDG de la Sonelgaz reconnaît la désuétude du réseau de distribution de l'électricité en Algérie. «Le réseau d'électrification algérien a été conçu dans le but d'apporter la lumière et de faire fonctionner au moins le frigidaire et la télévision. Avec l'avènement des ordinateurs et climatisations, nous ne pouvons pas assurer une qualité de service parce que les ouvrages mis en place n'ont pas été pas conçus pour ça. Le zéro coupure n'existe pas! Il faut du temps pour que tout rentre dans l'ordre », réplique-t-il. Bouterfa souligne que le niveau de la consommation a bondi de prés de 6 % les deux dernières années. Sur les 6 millions abonnées de la Sonelgaz , le nombre de clients coupés est entre 1000 et 3 000 durant la période de pointe, avec une moyenne inférieur d'une heure par jour, à en croire M. Bouterfa. Beaucoup moins, en temps ordinaires, soit 200 abonnés coupés quotidiennement. Le montant des créances détenues sur les clients des sociétés de distribution a atteint 43 milliards de dinars fin juin 2010. Fait étrange, environ 50 % des créanciers sont des démembrements de l'Etat, particulièrement toutes les communes de l'Algérie et des institutions de la République. Sur cette question, M. Bouterfa se montre offusqué. «C'est énorme ça. Ces créances génèrent jusqu'à 2,5 milliards / an de crédits» dira-t-il. La Soneglaz continue toujours de réclamer 7 milliards de dinars, montant de la TVA, que l'administration des impôts devait lui restituer. De fait, Bouterfa revendique un statut fiscal propre à Sonelgaz. Le groupe public souffre également de pertes de l'ordre de 10 milliards de dinars/ an, pertes occasionnées, semble-t-il, par les branchements illicites et les tripatouillages des compteurs.Il semble que le manque flagrant de foncier et les oppositions des citoyens contrarient les plans d'investissements de l'entreprise publique. «Les plans et les financements sont prêts. Mais leur concrétisation pose des problèmes», affirme Bouterfa .