Si la légende dit que ce chef d'œuvre a été réalisé pour la célèbre princesse « Bent El ray» sous la direction d'architectes-paysagistes réputés de l'époque, il n'en demeure pas moins que ce jardin, jadis fortement visité par les familles, est devenu un véritable repère de délinquants, ivrognes, amoureux du dimanche et autres pickpockets prêts à vous trancher la gorge ou vous détrousser pour une dizaine de dinars ou un vulgaire téléphone portable. Et puis, il y a cette heureuse nouvelle qui se concrétise ces jours-ci, puisque nous apprenons, de source officielle, que le président de l'APC a donné des directives pour une rénovation totale du jardin public « Emir Abdelkader». Rencontré sur les lieux, le chef de service chargé de l'aménagement des espaces verts, affirme que dans l'attente d'une étude imminente sur l'éventuel réaménagement en maçonnerie paysagère de cet édifice, des travaux sont entamés pour l'élagage des arbres, la plantation d'arbustes à fleurs, de mise en valeur des espaces verts par un semi de gazon naturel. Des bancs en fonte seront mis à la disposition des familles qui visiteront les éternels Ficus Macrophylax et Rétusa, qui trônent depuis des lustres sur les lieux. Une cafétéria et plusieurs vespasiennes seront conçues pour soulager les visiteurs. Des candélabres éclaireront les accès sombres et des corbeilles à ordures métalliques, fixées sur des supports, joncheront les allées fleuries. L'initiative est très intéressante et le geste est noble pour l'unique « poumon de la ville de sidi Saïd »,mais faut-il que d'autre alternatives soient étudiées comme celle d'affecter une équipe de surveillance et de sécurité , de fixer les horaires de visite et surtout la construction d'un mur d'enceinte pour le vider des visiteurs nocturnes et des pillards d'un genre nouveau, qui se faufilent la nuit venue pour chaparder les plantes exotiques et les revendre aux propriétaires des villas. Le jardin est un monument historique à classer, à préserver, à entretenir, à faire visiter. Il résulte de la gestion du rythme rapide des apparitions et des disparitions végétales et tend vers le climax, niveau optimal de la végétation. Ces tentations rappellent toute l'épaisseur esthétique, la complexité de la nature, le caractère irréductible de la réalité du jardin. Avoir le mérite de vouloir, redonner vie à un jardin ne se résout pas à devenir un simple mirage dans le désert. Le jardin entend demeurer une oasis pour l'imaginaire et un pourvoyeur d'oxygène naturel pour la biodiversité.