Il est monté sur scène une dernière fois le 29 juillet dernier. Au public qui l'acclamait, il faisait ses adieux ainsi : «Je ne sais quoi dire, c'est peut-être là mon dernier spectacle. J'ai chanté ce soir pour mon public, celui qui m'aide à vivre et à affronter les dures réalités de la vie.» C'était donc son dernier spectacle. Le chanteur du raï, Djilali Amarna, 48 ans, de son vrai nom Djilali Rezkallah, est décédé samedi 6 novembre d'un cancer. Djilali était la voix du groupe Raïna Raï, la voix du fameux tube Ya Zina. Atteint d'un cancer de l'estomac depuis 2007, Djilali est mort presque dans un dénuement total. Sans ressources, l'artiste a dû faire appel à la générosité des citoyens. Lors du Festival de la chanson raï tenu l'été 2010 à Sidi Bel Abbès, le chanteur père e quatre enfants confessait sa solitude dans son combat contre le cancer: «Franchement, depuis décembre 2008, je me bats contre la maladie tout seul. Sans aucun soutien moral ni psychologique des responsables et élus à l'échelle de Sidi Bel Abbès. Je subis des séances de chimiothérapie. Et, pourtant tout le monde sait que j'ai sacrifié ma jeunesse pour le développement de la chanson raï, l'enchantement des jeunes et pour honorer la ville de Sidi Bel Abbès. Je me suis efforcé d'être un bon représentant de ma ville à l'échelle nationale et de mon pays à l'étranger. Mais maintenant, je suis abandonné.» En octobre dernier, il avait lancé deux appels lors du journal de 20 h de l'ENTV (la télévision nationale) ainsi que sur les ondes d'une radio locale, pour venir en aide à sa famille. Djilali avait été récemment opéré au CHU de Sidi Bel Abbès. Bel homme, facétieux, jovial, une voix de crooner, Djilali a fait les heures de gloire du groupe de musique raï Raïna Raï au début des années 1980 aux côtés du guitariste Lotfi Attar et du batteur Hachemi. Djilali est entré dans la postérité avec la chanson Ya Zina, l'un des plus gros tubes du raï des trois dernières décennies.